Un confinement s’il vous plait #5: solitude, questionnements & lâcher prise

Photo : Encore des photos prises à Dieppe avant le confinement

Bien le bonjour !

Un mois quasiment jour pour jour après mon dernier article, nous nous retrouvons enfin pour un nouvel article. Je pensais que le confinement me donnerait d’autant plus envie d’écrire, d’explorer et de me découvrir. La réalité est que je me sens d’abord en attente et ensuite en digestion. Les émotions me traversent avec force à cause (ou grâce à, ça dépend des jours) de mon hypersensibilité et rien de tout cela n’est clair dans ma tête. C’est comme si j’étais en permanence dans un brouillard qui oscille entre « ça va » et « ça ne va pas ». D’où la difficulté d’écrire puisque mettre des mots sur ces sensations permet de les délimiter, les ranger, les analyser.

Juste avant de commencer les différents points de l’article, je voulais remercier Eva qui a posté sur mon dernier article une recommandation de chaîne Youtube. Pile dans le mille ! J’aimerai bien que mes recommandations Youtube sur la page d’accueil soient aussi pertinentes 😅

De la solitude

J’ai décidé de rester là où j’étais pour passer le confinement, c’est-à-dire dans l’appartement que j’avais sous-loué pour le mois de mars initialement. Je ne me voyais ni passer le confinement dans mon appartement à Paris puisque j’y vis avec mon frère, ni le passer dans l’appartement de mon copain où il n’y a même pas la place d’avoir un vrai lit…

Le « hasard » de la vie (le destin, le chaos, je vous laisse choisir le terme qui vous parle) a fait la chose suivante : fin février j’étais épuisée. Je n’avais pu dormir une nuit complète depuis des mois à cause de problèmes dans mon immeuble. Par dessus ça, le besoin impérieux d’être seule que j’ai déjà évoqué dans un autre article: lorsque vous aimez le silence, la tranquillité et qu’en plus vous êtes de nature assez solitaire, n’avoir jamais vécu seul sur une longue période est un poids. L’adaptation permanente aux règles des autres.

Honnêtement, lorsque je dis que fin février j’étais épuisée, je ne suis pas sûre que le mot soit assez fort. Malgré ma conviction que j’allais retirer quelque chose de cette période grâce aux semi-hallucinations dû à la fatigue que j’avais durant la nuit et que je pouvais décortiquer avec ma psychologue comme des trésors précédemment inaccessibles, rétrospectivement, ça n’allait pas bien. Point. Il faut que j’accepte de le dire.

Je n’irais pas dans le détail, mais je peux vous dire une chose : cette période me confirme un adage que je pense avoir déjà évoqué mais qui continue à se prouver encore et encore. L’adage est le suivant : s’il y a des situations qui ne vous conviennent pas dans la vie, attendre de voir si les choses s’améliorent d’elles mêmes est vain. Cela va juste vous bouffer chaque jour un peu plus. Il faut prendre des décisions. (dixit la fille qui n’a pas encore pris de décision, haha)

Si vous êtes comme moi, vous avez tendance à ne prendre des décisions coupantes & radicales uniquement lorsque vous atteignez vos derniers retranchements. J’essaye de travailler ce côté là de ma personnalité mais pour l’instant, c’est un comportement que je continue d’avoir, mais j’ai bon espoir qu’un jour cela change, petit à petit. 🙂 Je persévère et je suis accompagnée.

Je le vois bien : démissionner, aller voir une psy, décider d’être freelance et décider à un certain moment d’arrêter de regarder les annonces de CDI, décider que je voulais travailler avec des clients à distance uniquement… Tout ça étaient des prises de décisions fortes qui m’ont permis d’avoir une vision claire du chemin que je souhaitais prendre.

Tout ça pour dire : cet appartement s’était présenté à moi comme dans un rêve. Certains diraient qu’il s’est manifesté. J’ai demandé, il est apparu. Incroyable. Les dates ? OK. L’endroit ? OK. Tout était parfait.

Alors au moment de choisir, j’ai préféré opter pour la solitude. Cela ne faisait que 2 semaines que j’étais arrivée et je commençais tout juste à retrouver un rythme normal de sommeil. Grâce au couple à qui est l’appartement, j’ai eu la possibilité de rester pendant la période de confinement. J’ai douté mais je me suis dit que si tout ça s’était si bien goupillé, que si je me retrouvais par le truchement de l’inadvertance dans ce cocon isolé, ce n’était pas pour rien.

Je suis seule, parfois ça me pèse, mais je pense que cette descente est pour moi, à titre personnel, une épreuve mais sûrement aussi une possibilité de mettre à plat ce que je veux pour demain.

De nouvelles habitudes

Je vous le disais dans l’article précédent: je me suis découvert une passion pour les vlogs et je commençais à réintégrer une routine cosmétique.

Les vlogs continuent de rythmer ma semaine, heureuse de voir comment le confinement se passe pour des personnes à l’autre bout de la terre.

Ma peau a atteint la semaine dernière une étape de non acné jamais atteinte depuis probablement… avant mon adolescence. Certes depuis, m’étant fait plaisir en achetant une pizza et des chips les boutons sont de retour, mais j’ai des vidéos qui me rappelleront qu’en cette période de confinement, en prenant soin de ma peau, doucement et juste pour moi, elle était… bien.

Je sais que cette partie de l’article est d’une futilité sans nom, mais la vie est remplie de futilité qui nous rendent heureux ou malheureux.

Il y a une petite chose qui a changé depuis le début du confinement. J’ai regardé mes ongles et j’ai dit : « J’arrête de les ronger ». Pourtant, enfant anxieuse je me les suis rongé très tôt. Rien ne m’énerve plus que lorsque quelqu’un me dit d’arrêter alors que c’est un comportement mécanique en provenance direct de mon anxiété.

Et là, comme ça. Comme beaucoup de fois dans ma vie, la chose était conclue.

Une phrase, une décision.

Bon, ok. Là je partais dans une joie théâtrale et maintenant que je vérifie la date de ma prise de décision, j’ai commencé le 2 avril… Donc étant le 18 avril, cela n’est pas incroyable pour le commun des mortels, haha. Je vous jure que je n’ai pas eu les ongles longs aussi longtemps depuis l’enfance. Il n’y a pas de petites victoires, n’est-ce-pas ?

Ce qu’il se passe en parallèle, est une envie de croissante d’assumer mes envies vestimentaires. Pourtant, ce n’est pas ici que je vais pouvoir le faire puisque je ne vis qu’avec les quelques vêtements (d’hiver) que j’avais pris dans ma valise cabine. On rejoint la sensation de digestion que j’évoquais plus haut. J’ai l’impression qu’il se passe des choses mais je ne sais pas encore si elles vont se matérialiser lorsqu’une vie à peu près normale aura repris son cours. Est-ce que mon rythme de travail reprendra et je serais si anxieuse que mes ongles longs ne seront qu’un vague souvenir de cette période d’entre deux ? On verra bien.

Des questionnements

Ce moment particulier me met forcément face à cette question : « Alors, c’est ça la vie que tu veux ? ». Je vois bien l’importance d’avoir un extérieur, l’importance d’avoir un lieu à soi où on se sent à la maison (vous vous souvenez de mon article sur « c’est où chez moi ? » la réponse est encore en suspend)…

J’ai découvert lors des premières semaines (et où je n’avais honnêtement aucune prise sur mon anxiété) à quel point les choses matérielles avaient un aspect rassurant pour moi dans ces moments. Je ne parle pas d’avoir une avalanche d’objets bien sûr, mais d’avoir des choses à soi, choisi par soi, dans son endroit.

J’ai noté sur un carnet toutes les choses que j’avais envie d’avoir après le confinement, ou que j’avais envie de faire. Cette frivolité et naïveté de vie légère me rassurait. Car c’est sûrement ça qui se cachait dessous mon matérialisme primaire : le retour à un moment sans gravité. Sans pandémie qui ravage. Sans entendre chaque jour les chiffres qui s’accumulent et les dégâts dans l’économie mondiale.

Je ne vais pas vous cacher que j’ai même craqué parfois en achetant des choses sur internet (enfin sur le moment je n’avais pas compris qu’ils continuaient les livraisons, je pensais qu’elles seraient traitées après le confinement 🤦‍♀️ Ma naïveté…).

Que voulez-vous.

Nous sommes dans un sas.

Il y a un avant et un après donc on ne sait pas grand chose.

Ce n’est pas maintenant que je joue les héros. Comme beaucoup d’entre vous je me mets une pression énorme à être une citoyenne exemplaire pendant ce confinement mais je reste humaine. Comme nous tous. C’est déjà suffisamment compliqué de ne sentir le soleil et le vent sur sa tête qu’une seule fois par semaine pour faire ses courses.

Le matin j’ouvre une fenêtre pour entendre les oiseaux pendant mon petit déjeuner. Elle donne sur les parties communes de l’immeuble avec au centre un jardin. J’hume l’air. Parfois l’air sent l’été. Parfois l’air sent l’orage. Parfois l’air sent la rosée. Souvent, l’air sent les vacances. (Par contre, j’ai eu la joie de découvrir que très vite les rues sentent la m*rde car visiblement là où je suis, les gens n’ont pas compris qu’il faut ramasser les crottes de chien)

Du lâcher prise

Ces temps jouent sur mes humeurs. Je suis très irritable et parfois je ne me reconnais pas. Un conseil non réclamé et je fulmine (et diantre que les gens ont envie de me donner des conseils, c’est terrible).

J’ai lâché prise sur certains sujets comme vous avez pu le remarquer, je pense que le plus important est que j’accepte mes émotions négatives et je n’en ai pas honte. Je ne souhaite plus les mettre sous le tapis: je vous garantie que ça revient toujours, comme un boomerang.

C’est pour cela que j’aborde régulièrement sur Instagram le sujet de la culpabilité lors de ce confinement. Il est très facile de se sentir comme une m*rde parce que « Mais pourquoi je me sens si mal alors que je suis si privilégiée » (on vit une PANDEMIE. C’est normal que certaines personnes le vivent mal, surtout enfermé) ou encore « Ai-je le droit de me sentir si bien alors que la situation est si grave ? » (OUI ! Profites en au maximum ! Kiffe chaque heure, chaque jour !). Chaque expérience est valide.

Je refuse que quelqu’un soit là à me dire comment je dois me sentir. On peut se trouver n’importe où sur le spectre. C’est OK.

(A noter: depuis de nombreuses années j’ai refoulé ma colère et elle commence de plus en plus à faire surface. Elle a des choses à me dire. Je vois à quel point elle souligne mes valeurs et me montre les sujets où je dois accepter de m’exprimer. Je fais cette parenthèse car je vois bien ma colère sous-jacente derrière ce dernier thème)

Professionnellement j’ai bien été obligée d’accepter que je n’avais pas la main sur tout.

Je suis impuissante face à certaines choses et je n’ai d’autres choix que de me laisser bercer par les aléas.

C’est incroyablement inconfortable. Je déteste cette sensation et en même temps, ça ne sert à rien de s’agiter sur des sujets où je n’ai aucune prise. Je suis contente d’avoir été auparavant une obsédée du « Je dois me constituer une trésorerie », « Je dois proposer différents services ». Certes ce n’est pas parfait du tout mais je m’en remercie. Petite tape dans le dos de l’ancienne Sibylle : tu peux te faire confiance !

C’est ici que je vais arrêter cet article.

J’espère qu’il y aura des éléments qui résonneront en vous malgré le fait qu’il est auto-centré sur ma propre expérience.

Je vous souhaite une bonne journée et la santé ❤

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Ne pas avoir de collègues, un problème ?

Cela fait maintenant 5 mois que j’ai quitté mon dernier job en tant que salarié. Avant de partir, plusieurs personnes m’avaient prédit un grand désarroi: j’allais perdre le goût de vivre car la solitude allait vite me peser, sans parler de l’estime de soi qui allait chuter, chuter… Il me faudrait une grande force mentale pour ne pas me sentir sombrer. Je ne pense pas avoir une force mentale hors norme, mais ce qui est sûr c’est que j’ai un amour profond pour la solitude.

Au début, je cherchais un poste en tant que salarié. J’ai eu la chance d’avoir régulièrement des réponses, de passer des entretiens et de finir plusieurs fois finaliste. Même si je n’étais pas choisie, j’étais déçue bien sûr mais pas triste. Je ne remettais pas en question toute ma valeur à cause du refus. Ils avaient rencontré quelqu’un qui avait un profil qui correspondait plus à ce qu’ils cherchaient et tant mieux pour eux. Cela ne voulait pas dire qu’ils ne me rappelleraient pas un jour, et cela ne voulait pas dire non plus que j’étais nulle, simplement qu’à l’instant, je n’étais pas celle qu’ils cherchaient.

Le temps passant, ce qui m’a le plus étonné est surtout ma relation à l’isolement: j’adore être seule. 

Pourtant, je pensais vraiment que ce serait difficile. J’adore le travail d’équipe et dans mes anciens postes j’avais la chance de travailler main dans la main avec plusieurs personnes que je considère maintenant comme des amis. Je m’attendais à regretter les pauses cafés, à tourner en rond dans l’appartement tel un lion en cage, à envoyer des messages toute la journée à mes amis pour me sentir moins seule. J’aime me sentir entourée, savoir que je peux poser des questions à quelqu’un, avoir une personne avec qui partager mes déboires ou mes blagues. Cependant, rien de tout cela n’est arrivé. Je suis étonnée par la facilité que j’ai à passer du temps avec moi-même.

Jusqu’ici, je n’ai jamais ressenti le besoin ou même l’envie d’être dans un bureau rempli de collègues.

Les avantages éclipsent le besoin

Je savais d’expérience que je n’ai aucun soucis à avancer sur mes projets toute seule de mon côté mais je ne me rendais pas compte à quel point il est agréable de n’avoir personne autour. Si vous souhaitez travailler en silence: vous pouvez. Si vous voulez travailler avec un bruit de fond: vous pouvez. Personne n’est là pour juger si j’ai l’air professionnelle, personne n’est là pour jaser car j’ai décidé de faire mes courses au milieu de l’après-midi pour éviter la foule. Si j’ai besoin de prendre du recul, je vais me poser au parc près de chez moi et je reste le temps que je souhaite. Je sais que mon cerveau continue de travailler en arrière plan. Se soustraire du regard direct d’autrui est une chose vraiment agréable car au fond c’est une question de responsabilisation. Je sais que j’avance sur mes projets, je n’ai pas besoin d’avoir quelqu’un qui m’approuve parce que je reste longtemps à mon bureau sans prendre de pause.

Cette liberté est si grisante qu’elle me fait oublier le besoin de collègue.

Je reste une introvertie

Il faut savoir que je fais partie de ces gens pour qui être entourés de plusieurs personnes toute la journée épuise toutes les forces au fur et à mesure de la journée. Je finis la journée lessivée par le travail et par le stimuli social incessant. Cela explique pourquoi je n’allais que rarement prendre des pots après le travail. J’avais besoin d’être seule, dans le calme, loin du brouhaha ambiant.

Cela n’a rien à voir avec l’amour que je porte pour mes amis, c’est simplement un fonctionnement différent. Le fait de ne plus être entourée pendant la journée m’a permis de gérer entièrement ma vie sociale. C’est un luxe et cela m’a enlevé un énorme poids dont je n’avais pas conscience.

Pour conclure, même si je savais que me retrouver toute seule n’allait pas être un réel problème, je n’imaginais pas à quel point on peut se sentir bien tout seul. Je pense que c’est un état que beaucoup de personnes craignent mais qui, je pense, peut être très bénéfique. Vous découvrez que seul… vous ne manquez de rien. Il est beaucoup plus facile d’entendre sa voix intérieur/instinct lorsque nous n’avons plus de discussion parasite qui viennent par dessus. On retrouve sa boussole interne, qui pourtant était là depuis le début.

Et vous, vous êtes plutôt de quelle nature ?

À bientôt,

Sibylle