Ca m’apporte quoi d’avoir un blog ?

Ce petit blog a été ouvert en juillet dernier si mes souvenirs sont bons et depuis j’ai la sensation d’être spectatrice d’un moment particulier où une page se tourne dans ma vie. C’est une transformation longue, inconfortable et déroutante sous bien des aspects mais la création de cet espace qu’est À la Roze est un point que nous pouvons qualifier de positif sous tous les rapports.

Pour cet article, j’avais envie de revenir sur toutes les choses que m’ont apporté ce blog depuis sa création. Même à une petite échelle, je découvre que parler, transmettre, s’exprimer me permet de découvrir de nouvelles choses en moi et en les autres. Si quelqu’un d’extérieur regardait les chiffres il se dirait probablement que ce blog n’a pas grand intérêt mais pourtant bien des choses se passent grâce à lui.

Faisons un petit peu le tour ensemble !

Des rencontres

C’est le premier point et c’est celui qui m’épate le plus. Tenir un blog c’est partager un bout de soi, c’est provoquer des réactions. Depuis juillet j’ai pu discuter, interroger voire rencontrer des personnes qui me semblent si intéressantes et avec qui je n’aurai peut-être pas eu l’occasion de parler autrement. Parler, c’est partager son point de vue avec l’Autre. En faisant cet acte j’ai pu connecter avec des personnes qui n’auraient jamais entendu parler de moi autrement. Ce blog c’est aussi ces discussions si longues et enrichissantes sur Instagram, ce sont ces mails échangés, ces commentaires interposés ! Je vous découvre autant que vous me découvrez et j’en ai les yeux pleins d’étoiles.

C’est peut-être aussi pour cela que ces derniers mois je n’ai pas continué avec autant d’assiduité ma stratégie sur Pinterest. Je me sens déjà entendue et reçue avec bienveillance par ce tout petit public. J’y trouve mon compte et j’espère que vous aussi. Vos oreilles m’écoutent et les miennes n’attendent que votre voix !

Il y a aussi le cas des personnes faisant déjà partie de votre vie et qui refont surface. Quel plaisir. Déstabilisant au début mais on s’y habitue.

Faire face à la peur du jugement

J’ai décidé de ne pas cacher ce blog aux personnes de « ma vraie vie », or pour ce faire il faut dépasser toutes ses couches de timidité pour livrer devant eux toute ma vulnérabilité. Je parle de ce qui me touche ici, alors le cerveau aurait tendance à catégoriser cela comme un risque de montrer au grand jour que… je ne suis qu’une humaine pétrie d’émotions avec un cargo d’anxiété à gérer. Sauf que la réalité, de ce que j’ai pu en voir, c’est que nous sommes tant à n’être que des humains pétris d’émotions ! Nous nous battons chaque jour pour marcher, pour trouver notre chemin. Alors j’ai décidé de baisser légèrement ces barrières, de réussir à vous montrer « Voilà ce que je vis, voilà ce que je pense, voilà qui je suis ».

Ouvrir un blog est autant déstabilisant que gratifiant. Au cours d’une discussion vos connaissances rebondissent sur un sujet que vous avez abordé dans un article, les personnes que vous venez de rencontrer trouvent ça super que vous ayez le « courage » d’en faire un…

Concernant  mon expérience, c’est changer d’état mental qui a le plus d’impact. L’état initial étant de se cacher, un état où tout le monde extérieur n’était que crainte et jugement tombant comme un couperet et le deuxième état étant une mise en lumière et acceptation de soi.

J’ai la chance de ne pas avoir eu d’expérience de moqueries qui auraient pu me déstabiliser, le pire qu’il se soit passé c’est tout simplement de n’avoir aucune réaction ! Ce n’est pas très grave.

Avoir un projet à soi

Avoir un projet qui n’est qu’à soi, c’est avoir la liberté de l’emmener où on le souhaite (ou l’abandonner dans un coin s’il le faut). C’est se créer une bulle de respiration où l’on a l’occasion de faire le point sur un sujet qui nous importe. Se rendre visible aux autres, qui est une de mes problématiques en général, n’a pu se faire qu’à travers ce projet où j’ai ressenti qu’il était « vraiment à moi« .

Comme vous avez pu le comprendre au fur et à mesure, ce que j’apprécie particulièrement dans ce projet-ci est l’aspect relationnel qui s’est développé. Rencontrer, échanger, discuter, c’est ce qui me rend aussi heureuse d’avoir ce blog. Je ne trouverais pas cela dans n’importe quel projet. Je ne suis pas étonnée si en décembre les mots qui m’est venu lorsque je réfléchissais aux décisions que je devais prendre pour 2019 aient été « Je veux transmettre ».

Que ce soit d’un point de vue professionnel avec mes séances de conseil en identité visuelle ou à propos du développement personnel (ou appelez-le comme vous le souhaitez !) sur ce blog, je découvre ce besoin d’échanger. C’est la même flamme qui s’éveille parfois lorsque je discute avec une amie et que je me dis « comme j’aimerai pouvoir lui transmettre le yoga… ».

Transmettre, transmettre, transmettre !

Se rendre compte qu’on a des choses à dire

Je réfléchis beaucoup. Bon. Ce n’est pas une mauvaise chose en soi, et je pense que vous réfléchissez vous-mêmes beaucoup. Mon petit soucis c’est que j’ai beaucoup de mal à verbaliser le fil de ma pensée à l’oral. Si j’ai été informée ou préparée en amont, cela se passe relativement bien mais lors d’une conversation normale, il m’arrive souvent de ne pas réussir à expliquer mon point de vue. Cette frustration récurrente m’a amené à ce mécanisme: je note mentalement l’intérêt du sujet, je n’exprime que quelques mots dessus qui n’ont pas de risques particuliers et je machouillerais toute seule ce sujet plus tard. Par contre, ce mécanisme ne m’évite pas de dire des conneries, c’est bien dommage, haha.

A force, j’ai pris l’habitude de garder beaucoup de réflexions pour moi, par peur d’être incomprise. Je ne sais pas comment mais j’en étais venue à me dire qu’au fond je n’avais peut-être pas grand chose à dire. Pourtant, regardez tous ces mots qui s’alignent naturellement les uns après les autres !

Alors s’exprimer, même si c’est par écris, et que cela me procure plus de confort, je sais que cela finalement m’apaise. J’ai des choses à dire, je vous en parle, certains d’entre vous se reconnaissent alors j’ai envie de partager encore un peu plus ma vision du monde

Prendre confiance en soi

C’est le point final logique pour tout ce que j’ai évoqué au dessus, n’est-ce pas ? S’exprimer, apaiser sa peur du jugement, rencontrer des personnes avec des mentalités similaires, se sentir validée par d’autres, tout cela ce permet de mettre une pierre à ce grand édifice à construire qu’est la confiance en soi.

Tout ce que m’a permis de mettre en place ce blog, toutes les étapes que j’ai passé à le construire, l’écrire, l’animer, que sais-je, tout cela m’amène à être plus solide que ce que je l’étais avant de l’ouvrir. Parfois, je suis fière d’avoir créé ce blog. Je ressens de la fierté d’avoir osé le faire, osé en parler autour de moi, osé faire des pubs, osé apprendre de nouvelles techniques, osé me montrer, osé.

Je ne change pas la planète, car c’est clairement moi-même que je transforme mais malgré tout, même c’est un but de guérison personnelle, je suis heureuse d’avoir lancé cette aventure. C’est beau de prendre tout ce temps pour me comprendre, m’interroger, me tester. Finalement, ce blog c’est un partie très égoïste qui était nécessaire à mon bon développement. Un endroit où je me sens en sécurité pour tomber, marcher, trébucher, courir, et tomber encore.

Cet article au fond parle surtout d’une chose: la relation avec les autres. Alors même si il y a des aspects négatifs qui peuvent être mis au jour et soulignés, ce n’est pas le but de ces lignes. Je crois qu’au fond, j’avais simplement envie de dire que créer ce blog m’a permis de m’aimer un peu plus, et c’est fou, et surtout de m’ouvrir aux autres.

Pour l’instant, A la Roze, c’est de l’amour. Pour vous. Pour moi.

Aimez-vous, et si ce n’est pas le cas, je vous envoie cette immense sensation de gratitude que je ressens en écrivant ces mots.

Merci pour tout, merci à vous.

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De l’importance de verbaliser sa tristesse

Comme je vous en parlais, dans mon expérience changer la manière dont je me parlais fut un tournant primordial. Prêter attention au langage que j’employais à mon égard m’a permis de réaliser à quel point j’avais été mon propre bourreau.

Je pense aussi que la manière de parler en général doit être observée. Il y a beaucoup de choses qui nous provoquent des réactions épidermiques, qui nous énervent et nous encouragent à déverser notre bile.

La bile, je la vois partout sur internet. Elle me pèse, elle me confronte, elle me donne l’impression d’être attaquée personnellement. Le plus dur, c’est de m’en défaire.

J’essaye d’assainir mon langage, dans ma tête d’abord puis dans ma communication mais c’est dur. J’ai envie de partager avec le monde tout ce qui m’énerve mais la grande majorité n’en vaut vraiment pas la peine.

Il y a ces deux extrêmes présents partout: cette bile mais aussi le déni. L’aspect parfait que nous pointons souvent du doigt sur Instagram. Le déni de la difficulté, le déni de la douleur, des échecs, de l’effort non récompensé, de la tristesse.

Alors il m’est important de contrôler mon énervement, ma rage, voire ma violence car elle n’est souvent pas la meilleure des conseillères mais ma tristesse, elle, vaut la peine que je la verbalise sinon j’aurai la sensation qu’elle prend racine.

Quand je parle de verbalisation, je ne pense pas à noircir des pages de carnet en disant à quel point « machin est débile, et à quel point je suis incomprise par ce monde trop aveugle pour voir mon potentiel » (blablabla… Souvenez-vous de vos journaux intimes d’adolescence, normalement vous comprendrez ce à quoi je fais référence, haha).

Ce à quoi je pense, c’est plutôt prendre le temps de me questionner sur l’émotion que je ressens pour essayer de comprendre d’où elle vient. C’est mettre des mots sur un mal qui parfois prend une forme aux contours flous. Réussir à sortir de moi même des sensations qui m’inconfortent. Il y a beaucoup de sujets que je n’arrive pas à aborder à l’écris. La peur de laisser des traces. Aucune raison valable.

Admettre que nous ne sommes pas des êtres parfaits et insubmersibles comme nous souhaiterons nous le faire croire à nous même, c’est important. C’est en parlant, en discutant, en mettant à la lumière ces sensations désagréables (mais sans bile) que nous arriverons à la laisser partir. Sinon, elle reste là voire on s’y accroche. Vite, vite, la bile arrive et nous commençons à nous nourrir de cette tristesse devenue sentiment d’injustice. « Gnnn, on m’a poussé. Gnnn, on a pris ma place. Gnnn, les gens sont tous nuls. Gnnn, ils ont piqué ce qui m’appartenait [en parlant de quelque chose qui ne peut pas être possédé] »

Je ne suis pas psychologue, ni quoi que ce soit, seulement une personne qui a eu tendance à s’accrocher à cet énervement. Peut-être que je ne relie pas les bonnes notions ensemble mais les experts le feront à ma place. Est-ce que vous voyez là où je veux en venir ?

Réussir à mettre des mots sur cette vague d’émotions que j’ai ressenti récemment m’a aidé à me sentir épaulé. Des petits mots, même courts, me faisaient comprendre que je n’étais pas seule et surtout que ce n’est jamais un état permanent. La tristesse se transforme et éventuellement s’en va comme elle est venue.

Comment j’apprivoise mes pensées

En mars, cela fera un an que j’ai commencé à cheminer. Il y a eu plusieurs périodes différentes entre temps (celle où je pensais continuer dans la monde du salariat, celle où j’ai lancé mon blog, celle où j’ai commencé à me demander ce que je voulais faire avec mon activité de freelance, etc).

Il m’est très difficile de rendre compte de cette année car en fonction des jours je la vois sous un angle différent. Il me faudra sûrement un peu de recul pour comprendre la narration qui en découle.

Pendant cette année, j’ai la sensation d’avoir évolué sur une multitude de sujets et un des points qui m’a été le plus important est celui dont je vais parler aujourd’hui: gérer ses pensées.

Qu’est-ce que j’entends par là ?

Mon flux de pensées est incessant et je n’arrive même pas à avoir conscience de sa totalité. Suis-je la seule à qui il est déjà arrivé de surprendre une pensée absurde, comme si elle n’était pas mienne et me dire « What ? Qu’est-ce que tu fous là toi ? » ? Ce flux de pensées est gigantesque, et difficilement domptable. Or, à force d’y prêter une attention accrue, je me suis rendue compte qu’une grande partie de ce discours permanent était négatif et répétitif.

Sous les pensées que j’appellerai « immédiates » (par exemple me dire que je vais aller me brosser les dents, que ce café est trop chaud, que mon pull me gratte…) il y avait tout un magma de pensées qui avaient élues domiciles dans mon quotidien et parlaient inlassablement des mêmes choses.

J’étais tellement habituée à les entendre que je ne les distinguais même plus les unes des autres.

Or, ce sont ces pensées négatives et habituelles qui m’empêchaient de prendre mon courage à deux mains pour avancer dans ma vie.

C’est pour cela que j’ai décidé que j’allais devoir agir.

Comment je m’y suis prise ?

Rien de magique.

D’abord, j’ai pris conscience de l’ampleur de ces pensées dans ma vie. J’ai décidé d’être moins intransigeante avec moi même et d’y aller mollo sur les insultes. Pour ce faire, j’ai donc essayé à chaque fois que je me mettais à me dire des sales choses disproportionnées pour la situation, d’attraper ces pensées au vol et de tout simplement me dire « Non ! Hey ! T’as juste fait tomber une cuillère au sol, te parles pas comme ça, ça n’a pas de sens ».

Lorsqu’une situation me mettait dans l’inconfort parce que j’avais peur de ne pas être à la hauteur, j’attrapais les pensées parasites telles que « Je vais pas y arriver », « Je suis pas assez douée », « Je suis pas assez intelligente » et consorts pour plutôt me demander « Y-a-t-il des moyens à ma disposition pour y arriver ? ».

Disons que j’ai essayé d’enlever un peu de pouvoir à cette partie de moi tyrannique pour me la réapproprier.

Au fur et à mesure, je me suis sentie de plus en plus libre de faire des choses qui m’auraient normalement provoqué un shitstorm de violence mentale. Je prouvais petit à petit à toutes ces pensées bien ancrées (= moi même) qu’elles n’étaient pas justifiées.

Et la méditation là dedans ?

Je me doute bien que beaucoup d’entre vous s’attendaient à un article où je parle finalement de yoga ou de méditation. Dans mon cas, ces deux outils m’ont permis d’être une porte d’entrée pour prendre du recul sur mes pensées et me placer entant qu’observateur. Je ne sais pas si j’aurai réussi à « attraper au vol » toutes ces pensées limitantes si je n’avais pas eu cette pratique parallèle.

Pourtant, je crois que l’élément qui m’a vraiment chamboulé fut les séances chez la psychologie où je me rendais compte à quel point j’avais des idées arrêtées et dégradantes à propos de moi. Elles étaient tapies dans l’ombre entrain de faire leur petit travail incognito.

En définitif, je ne vous recommande rien en particulier car cela dépendra de votre cheminement personnel. De mon côté, j’ai « simplement » pris la décision d’être plus attentive à ce qu’il se passait dans ma tête. Observer les phrases qui se répétaient, écrire noir sur blanc toutes les affirmations négatives qui me pourrissaient la vie (ça fait mal), observer mes réactions au quotidien, essayer de ne pas me laisser embarquer par une émotion en prenant ce rôle d’observateur et me demander « mais pourquoi as-tu une réaction aussi forte » ?

C’est dur, et ce n’est pas une fin en soit. Ce n’est pas un travail avec un début et une fin définies.

En conclusion…

J’avance, je me sens de plus en plus légère et c’est tout ce que je peux dire.

Les pensées négatives ne se sont pas envolées, non. Elles sont là mais je les traite différemment.

J’essaye juste d’améliorer mon quotidien avec les outils à ma disposition et étant quelqu’un de volontaire, j’utilise cette force dans cette avancée. Sans volonté, il m’aurait été plus simple de me laisser aller et de ne pas me remettre en question.

Un jour, j’ai décidé que je souhaitais aller mieux et que je devais mettre en place des actions dans ce but. Je me suis engagée auprès de moi même. J’ai décidé d’être mon meilleur allié.

Pourquoi je fais des choses « qui ne me ressemblent pas » (et que vous devriez faire de même)

Depuis que j’habite dans mon appartement donc depuis 3 ans à peu près, je suis fascinée par le café en bas de chez moi. Il ne paye pas de mine mais c’est un des seuls lieux qu’il m’ait été donné de voir avec une véritable mixité sociale. On y retrouve autant de propriétaires d’appartements d’une centaine de mètres carrés (dans Paris !) que d’ouvriers finissant leur journée. Il m’aura fallu 3 ans pour finalement m’installer en terrasse pour profiter du soleil. Pourquoi cela m’a-t-il pris autant de temps ? Je ne sais pas exactement. Je me disais constamment que c’était mieux de faire des économies en faisant mon chocolat chaud ou ma citronnade à la maison. Sauf qu’aujourd’hui, c’est l’endroit où j’écris ces lignes. Enfin ! Une boucle est bouclée. C’est insignifiant et pourtant si symbolique car vraiment, cela faisait longtemps que je souhaitais y aller.

Faire des choses qui ne nous ressemblent pas

Mon intention pour l’année 2019 est le mot « libération ». J’ai besoin de me délester de mes préjugés envers moi même. Je décide de moins me limiter, d’essayer, tester et apprendre. Je compte explorer différentes facettes de ma personnalité qui m’intéressent mais qui soit me font peur soit n’ont jamais eu la possibilité de s’exprimer.

Pour vous donner un exemple concret, j’ai toujours pensé que « j’étais nulle » en présentation orale. Or, même si je ne vais clairement pas monter un spectacle de one man show demain, je réalise que la grande majorité de mes présentations se sont bien passées. Je ne suis donc pas « nulle », c’est simplement que je n’apprécie pas cet exercice. Finalement ce sont 2 choses très différentes ne pas aimer et « être nul ». Il m’aura fallu, quoi… 9 ans pour enfin comprendre la différence. Purée.

Finalement, si j’utilise les grands mots, nous pourrions dire que j’ai donc commencé mon processus de « réalisation et d’acceptation ».

Voici mon avancée à l’heure qu’il est. Si cela vous dit, j’ai envie de partager avec vous mes changements, plus ou moins grands. Tant pis, allons dans le côté « carnet de bord ».

Je me suis inscrite à des événements de networking…?

Je peux vous assurer que cela semble à l’opposé de ma personnalité, plutôt loup solitaire comme penchant. J’ai toujours pensé que c’était l’équivalent de l’enfer sur terre pour une personne hypersensible comme moi, or, je découvre qu’après tant d’années à travailler sur ce point, les résultats sont (enfin) là.

Je suis allée au premier rendez-vous… sereine. On aurait dit un poisson certes hésitant au début mais nageant sans difficulté. Je découvre une facilité de connexion aux gens. Je suis la première étonnée (pourtant je n’aime toujours pas aller en soirée).

J’ai acheté un livre à propos… de la vente ?

Et j’ai choisi un livre bien, mais alors bien kitsch sur le sujet. Ce livre est l’épitome d’un livre de coaching à l’américaine, qui à priori à l’opposé de mes intérêts ou de mon caractère. Il est tellement éloigné que j’ai naturellement envie de justifier son achat auprès de mes amis. « Non mais, je compte pas rouler les gens dans la farine, hein ! ».

Wait a minute…

Parce que vendre quelque chose, parler de manière à ce que ce soit clair et désirable est l’équivalent de « rouler dans la farine » quelqu’un dans ta tête Sibylle ? On tombe sur un point intéressant ! Une pensée à déconstruire. Et hop, on retombe sur ce grand classique « Quelle est ma valeur ? Suis-je légitime ? »

J’ai envie de comprendre, de découvrir un domaine qui me semble être dans une stratosphère différente de la mienne. J’essaye de me détacher de mes anciens labels sans en rajouter d’autres à la place ou peut-être celui de « curieuse », tout simplement.

Un cours d’essai de Krav Maga… ?!

En parallèle de mon obsession pour le café en bas de chez moi, je souhaite depuis plusieurs années découvrir cette discipline. Ne plus avoir l’impression d’être une cible sur pattes dans l’espace public, là est mon but. Ne plus avoir peur de mon ombre. Ne plus avoir peur des regards trop insistants qui ne présagent rien de bon. Ne plus avoir peur quand un homme se dirige vers moi l’air déterminé quand je suis seule et que mon cerveau se met à calculer « Où est la sortie ? Est-ce qu’il est trop fort pour moi ? Où est mon téléphone ? »… Laisser ma peur au placard. Comprendre mes ressources. On s’entend, ce n’est pas en un cours que quoi que ce soit se fera, mais c’est un étape sur mon chemin.

Initialement, j’avais écris une très longue tirade qui venait du coeur sur ce que j’appelle « l’agglomérat de violence liée au sexe. Tous ces événements que nous ne distinguons même plus les uns des autres dans nos souvenirs tellement nous en avons vécu. » Je le garde peut-être pour plus tard. Je vous propose donc de sauter directement à la conclusion de cet article quelque peu décousu.

Alors vous voyez, je change. Je me cherche. Je me découvre aussi, beaucoup. Je vois que j’ai des forces inexploitées ou tues depuis longtemps. C’est un travail très intéressant à faire. Chaque petit pas compte dans cette histoire. On peut se sentir devenir plus fort et moins hésitant à chaque victoire. Chaque petite montagne me rapproche un peu plus d’une Sibylle « complète » qui n’a pas peur de son identité.

Il y a tant de choses qu’on a envie de faire mais que l’on a étouffé et mis très loin de côté pour de multiples raisons qui nous sont propres. Peur de déplaire, peur de se faire humilier, peur d’une réaction violente, peur de l’échec, …

S’il y a des choses qui reviennent régulièrement dans votre tête et qui vous feraient plaisir mais que vous trouvez toujours un moyen de ne pas la concrétiser, essayez de faire un tout petit pas vers ces envies. Allez voir si elles ne pourraient pas vous montrer que finalement vous êtes beaucoup plus fort que ce que vous pensez être.

J’espère que vous allez bien,

Je vous souhaite pleins de bonnes choses,

Vous êtes suffisants. (On me dit dans l’oreillette que « Vous vous suffisez à vous-même » est plus approprié)

Sibylle

Interview Créa #5: Anouk Corolleur, prof de yoga et coach

J’ai découvert Anouk grâce à la magie d’instagram. Parfois, vous ne pouvez pas expliquer pourquoi mais vous accrochez complètement au contenu. Vous scrollez, lisez, likez. Vous vous dites « Damn, j’aimerai connaître cette personne dans la vraie vie ». C’est ce que je me suis dit avec le compte d’Anouk. J’ai tout de suite ressenti une vague de bonnes ondes.

Qu’est-ce que j’y apprécie ? Sa multiplicité. Coach, professeur de yoga, fille de la montagne, surfeuse, baroudeuse, française mais expatriée pendant de longues années,… Une vie riche en sensation et en dépaysement.

Son compte instagram, au lieu de me miner le moral en m’offrant un moyen de comparaison m’encourage à m’accepter entièrement et en douceur. Comme dirait Marie Kondo, it sparks joy.

Anouk a eu la gentillesse de répondre à mon interview créa, et je pense que vous comprendrez rapidement pourquoi cette interview me tient à coeur: on y retrouve des thématiques récurrentes dont je vous parle à travers les articles de ce blog.

Bonne lecture, et merci Anouk !

Pour commencer, peux-tu te présenter ?

Je m’appelle Anouk, j’habite à Bordeaux et j’aide ceux qui veulent sortir de leurs émotions paralysantes pour vivre la vie dont ils rêvent à travers du coaching de vie, du yoga et de la méditation. Je suis une aventurière dans l’âme et depuis petite je suis à la recherche des sensations de glisse. J’ai grandi à Chamonix avec des parents passionnés de ski et de snowboard, puis à 17 ans je suis partie en Australie pour surfer. Cette culture de la glisse et de l’aventure m’a inspirée un mode de vie qui respecte l’environnement, qui me demande de prendre soin ma santé physique, mentale et émotionnelle.

T’es-tu toujours considérée comme une personne créative ?

UN GRAND NON. J’ai une grande sœur extrêmement « créative » au sens traditionnel du terme (bonne en peinture, dessin, art plastique…) du coup je crois que petite je me suis dit que je n’étais pas la créative de la famille. Si j’avais été un Schtroumpf j’aurai été Costaud, celui qui aime le sport. J’étais très bonne en danse, et c’est plus tard, que j’ai compris plus tard que ma créativité s’exprimait à travers le mouvement. Ça a été une grande réalisation car reconnecter avec mon pouvoir créatif voulait en fait dire: arrêter de me juger. Pour moi c’est arrivé lorsque j’avais 21 ans. 

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[…] je crois que petite je me suis dit que je n’étais pas la créative de la famille.
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Dans tes activités professionnelles, comment la créativité trouve-t-elle sa place ?

Dans la façon dont j’écris mon blog, mon site internet, mes posts instagrams, mes offres de services. Je n’essaie pas de rentrer dans le moule de développement personnel ou du yoga, mais au contraire d’incarner ces messages c’est à dire d’être moi-même. 

Comment vis-tu ta créativité ?

Pour que je créer un projet, il faut que je l’ai dans le corps, que sa possibilité me fasse trépigner des pieds et que l’idée tourne presque à l’obsession. Après je crois au principe de co-création. Je m’explique: Ce n’est ni toi, ni moi qui avons créé les océans, les arbres etc… Un fœtus grandi naturellement dans le ventre de sa mère. La mère n’a pas besoin de regarder son ventre chaque jour pour lui dire: POUSSE. Si la mère apporte de l’eau, de la nourriture et reste détendu, alors le reste se fera de manière naturelle et bientôt un beau bébé naîtra au monde. Il y a donc une force puissante de création dans l’univers qui permet à un enfant de devenir un adulte, à une graine de devenir un arbre etc… Lorsque nous voulons créer un projet, nous pouvons utiliser la même force de création. C’est à dire lui apporter ce dont il a besoin pour prendre forme mais sans stress, juste par amour de ce que nous voulons mettre au monde puis laisser la magie opérer. 

La créativité me semble être une notion cousine à la Liberté car c’est grâce à ce besoin que nous affirmons des choix qui peuvent sembler étranges car en dehors du schéma. Qu’en penses-tu ?

Oui complètement ! Créer sa propre réalité basé non pas sur « ce qui a toujours été fait » mais sur le champ infini des possibles. J’adore écouter des histoires insolites de gens qui ont créé de nouvelles voies, de nouvelles façons de vivre. C’est pour ça que voyager, voir, apprendre enrichi notre vocabulaire pour pouvoir créer de nouvelles réalité encore pas explorée. 

Parmi tes clients, as-tu remarqué un blocage au niveau de leur créativité ?

Oui je vois beaucoup de blocage, j’entends beaucoup de gens qui me disent: « Oh mais moi je suis pas créatif ». Je t’avoue que ça a presque tendance à m’énerver tellement c’est une croyance qui limite l’individu ! L’Homme est créatif par nature. Après au niveau des idées il y en a certaines qui vous animeront plus que d’autres. Ce sont celles qui vous font frétiller intérieurement qu’il faut choisir de développer. Les « mauvaises idées » ce sont celles qu’on fait par peur et pour combler son manque d’amour. Par exemple: Pour faire de l’argent ou pour avoir de la reconnaissance… Pour pouvoir trouver des idées qui nous font frétiller il faut prendre soin de notre santé émotionnelle car si on est stressé ou nerveux il sera difficile de sentir l’excitation d’une idée. D’où la méditation, les ballades en natures, le yoga etc… 

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« Oh mais moi je suis pas créatif » […] c’est une croyance qui limite l’individu ! L’Homme est créatif par nature.
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Ressens-tu l’impact du mental sur ta créativité ? Si oui, comment réagis-tu dans les moments où il te freine ?

Oui comme je viens de l’écrire, nos pensées et nos émotions sont extrêmement liées et peut bloquer notre créativité. Pour prendre soin de mon monde intérieur: je médite 10mn le matin et 10mn le soir, je mange sainement, je bois beaucoup d’eau, je fais du sport tous les jours (yoga ou cardio) et je me couche tôt. ça me permet d’avoir une base saine. Je ne crée jamais rien si je ne me sens pas centrée et inspirée, si je bloque je quitte mon ordi et je pars faire un tour dans la nature, je vois des amis, bref je me ressource.

As-tu des ressources qui t’ont aidé à trouver ta voie ou qui te motivent ?

  1. Comme par Magie de Elisabeth Gilbert – Pour mieux comprendre le voyage créatif. 
  2. Daily Love, growing into grace de Mastin Kipp – Pour une dose d’inspiration, de courage, de confiance en soi. 
  3. marieforleo.com – Pour m’aider avec mon business.
  4. Le stage « Trouver votre excellence en action » de Joel Guillon à Paris 

T’arrives-t-il de douter de tes capacités ? Comment arrives-tu à surpasser ce doute ?

OUI ! Le doute fait parti du processus normal de notre expérience humaine et surtout lorsqu’on se lance dans des gros projets! Hier j’ai regardé un documentaire qui s’appelle « The Dawn Wall » (grosse recommandation d’ailleurs). ça parle du grimpeur Tommy Caldwell et de son rêve d’escalader une paroie dans le parc de Yosemite qui avait été décrite comme impossible à escalader. On l’a critiqué, jugé, traité de fou… Mais il ne se laisse pas impressionner et travaille pendant 6 ans pour pouvoir faire naître son projet. Au cours de son aventure bien sûr il doute: « Est ce que c’est vraiment possible de faire ça? », mais il ne lâche rien et sa foi et sa détermination finissent par payer ! 

Quand je me fais prendre par le doute: déjà j’en prends conscience « Ah tiens c’est toi le doute » mais je ne rentre pas dans ses histoires en remettant toute ma vie en question. La joie que mon projet me procure me donne la certitude que je suis sur le bon chemin et il me permet de me sentir chaque jour épanouie et vivante! 

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Le doute fait parti du processus normal de notre expérience humaine et surtout lorsqu’on se lance dans des gros projets !
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En règle générale, penses-tu que le bonheur se choisit ? Si oui, comment cela se traduit-il dans ta vie quotidienne ?

Oui le bonheur se choisi, mais il faut prendre le risque d’être heureux… Car comme dirait le dicton anglais: « Misery likes company » (la misère aime la compagnie). Pour moi une pratique régulière de la méditation me parait primordial, ça me permet de faire des meilleurs choix dans ma vie quotidienne au lieu d’être prisonnière de schémas d’auto sabotage etc… 

Pour conclure, quel message souhaites-tu transmettre au gens sur leur créativité ?

Commencez à émettre la possibilité que vous êtes créatif et laissez vous surprendre.

Retrouvez Anouk:
⤅ sur son site http://anoukcorolleur.com
⤅ sur Instagram @anoukcorolleur

Yoga: 4 raisons de ne pas rater un cours

Hier, alors que nous discutions de tout et de rien avec mon copain, il me dit que mon corps est devenu plus athlétique qu’avant et qu’il trouve ça bien que je dédie plus de temps à ma pratique du yoga. Il est vrai que j’ai toujours apprécié en faire mais parfois le quotidien reprend son cours et emporte lui avec lui les choses qui me font du bien. Ces derniers mois, je n’ai pas laissé cela arriver.

Régulièrement, des personnes m’interrogent sur ma pratique, il m’a semblé intéressant de faire un petit bilan sur ce que le yoga m’apporte. Peut-être que cela répondra à une de vos interrogations.

Faire un reboot pendant la semaine

Quand je vais à mes cours de yoga, je sais qu’en repartant je me sentirais comme un sou neuf même si j’ai transpiré comme un boeuf ou même si j’ai choisi un cours axé sur la relaxation. J’y fais peau neuve. Pendant la durée du cours, je fais le choix de laisser mes soucis à l’entrée. Quand les pensées parasites viennent, je me dis « je n’en ai pas besoin maintenant » et je me concentre soit sur la voix du professeur, soit sur ma respiration, soit sur mes sensations.

Une séance me permet de remettre les compteurs à zéro et d’avoir un oeil neuf sur ma journée voire sur ma semaine.

Être injoignable

La semaine dernière, j’avais un simple cours d’une heure. À ma sortie, je désactive le mode avion et je tombe sur plusieurs appels manqués, des textos, des notifications messengers… Je me suis sentie submergée par ces sollicitations. Comme elles sont d’habitude diluées dans le temps, nous ne nous rendons pas forcément compte du nombre que nous recevons par jour. Je commence même à envisager des journées sans téléphone ou des heures fixes où j’irai voir « si j’ai du courrier ».

Mon cours de yoga me donne cette opportunité d’être injoignable et de pouvoir me consacrer entièrement à mon bien-être pendant un temps donné.

Prendre de bonnes habitudes

Une fois que l’on commence à s’occuper de son corps, on commence aussi à se rendre compte de ce que nous lui infligeons au quotidien. On essaye de se tenir plus droit, on s’exerce à moins se recroqueviller sur soi (#heartopening), on perçoit lorsque nous avons le souffle court… Bref, on devient petit à petit conscient de sa présence physique.

En parallèle, j’ai pu constater une meilleure réaction aux événements. Il y a quelques jours, une phrase qui m’a fait paniquer. Je commençais à hyperventiler, l’anxiété envahissait chaque parcelle de mon être en quelques secondes. Les tambours de la crise se font entendre. J’ai stoppé net. J’ai dit à haute voix « Sibylle. Respire. Ne panique pas. Prends ton temps pour res-pi-rer » et j’ai commencé à allonger mon inspiration, mon expiration. Quelques minutes plus tard, je reprenais pieds dans la réalité. Ma vision s’est éclaircie, la crise n’avait pas eu le temps de s’installer.

Travailler sur le mental

À la vue de certaines postures ou enchaînements vous vous direz « Nope. Nope ! Nope ! Nope ! » alors que si, si, si. C’est possible. Peut-être pas maintenant avec vos peurs, avec votre corps qui n’est pas prêt mais un jour peut-être que vous y arriverez. Vous y serez. Vous vous demanderez pourquoi vous avez autant résisté au début. Vous prendrez confiance en votre capacité d’apprentissage et d’évolution.

De mon côté, je travaille un peu tous les jours (à peu près, je ne suis pas une héroine non plus) sur 2 postures qui m’embêtent. Je ne souhaitais même pas les essayer avant. Ce n’est pas miraculeux, je ne les maîtrise pas encore alors que pour l’une d’elle cela fait plusieurs mois que je travaille dessus. Pourtant, le fait de ne pas avoir « vaincu » ne me dérange pas. La patience me faisant défaut, cela me permet de l’entraîner. J’évite de tomber dans l’obsession du résultat. Ca viendra en son temps. En attendant, je progresse petit à petit.

Et vous, vous avez trouvé une activité qui vous permet de vous retrouver, de vous sentir comme un sou neuf ? J’imagine que l’on ressent après la course à pied par exemple ?

Prenez soin de vous,

Sibylle

Soudain, surgit le trauma

Bon. Aujourd’hui ce ne sera pas un billet doux et optimiste. Si c’est ce dont vous avez besoin au moment où vous lisez cet article, je vous recommande de remettre à plus tard votre lecture. Ce ne sera pas triste non plus, un simple témoignage de mon parcours.

Il y a du décalage dans la publication des articles pour me permettre d’avoir une activité régulière mais une des conséquences positive de cette organisation est la possibilité de se détacher du contenu grâce au temps.

Il y a quelques jours j’ai vécu un épisode que ne m’était encore jamais arrivé. Je me doutais que j’y passerais un jour ou l’autre mais j’imaginais que ce serait dans l’enceinte du cabinet de ma psychologue.

Nous sommes avec * et nous entamons une discussion sur un sujet de discorde. C’est toujours le même sujet qui revient, inlassablement. Les questions restent les mêmes, les réponses aussi. Pas de solution, frustration. Toujours la même histoire, les mêmes problèmes, la même conclusion.

Cette fois, une phrase est formulée différemment, je tique dessus car je ne suis pas d’accord. Je commence à expliquer ma vision des choses. Ma gestuelle est parlante: je plis mes genoux, j’enlace mes jambes. Je commence à me gratter les jambes compulsivement. Chose qui ne m’était pas arrivée depuis longtemps. Mes mots ont du mal à sortir. Je bredouille des bouts de phrases, je cherche à garder le fil de ma pensée malgré mon esprit qui souhaite s’arrêter là.

Je suis en lutte, comme chez la psy. Je continue, je m’acharne.

Soudain, le gouffre s’ouvre. Je ne suis plus dans le monde réel. Je me retrouve en une fraction de seconde au fond de l’abysse. Lors d’une séance chez le psychologue vous descendez en vous par étape, votre cerveau profite de quelques minutes d’adaptation avant de se plonger dans l’introspection. Là, aucune préparation. C’est un raz de marée.

Je me trouve au fond de l’océan, là où la lumière ne passe pas. La nuit y est épaisse et permanente. On n’y distingue à peine les silhouettes, on sent des présences autour de nous. Elles nous frôlent mais il est impossible de complètement les voir. C’est un autre monde. Toutes les choses que votre cerveau a cherché à chasser s’y trouvent.

Tout craque. La brèche s’ouvre, tout explose. Les larmes qui ont tant de mal à couler librement normalement sont des torrents qui dévalent mes joues avec violence. Je me roule sur le côté, je ne peux pas lutter, je gémis de douleur, de tristesse.

Ai-je déjà vécu ce moment ? Peut-être à l’annonce de l’accident de * et *… Pourtant, j’avais gardé un pied dans la réalité à cette fois-ci. Là, je ne suis plus nul part.

Le traumatisme que je cherchais est là. Je le piste depuis janvier. En octobre, il se montre mais je n’y comprends rien. Pas de flashback, pas de réminiscence mais la douleur insoutenable, témoin, résidu du passé. Je ne suis même pas sûre de vouloir savoir. J’ai peur de la découverte autant que j’ai peur que l’on me mette des faux souvenirs dans la tête.

La question persiste: que s’est-il passé ? C’est une enquête policière. J’ai un dossier complet débordant de preuves mais aucun suspect, aucun mobile pour le crime.

C’est terrifiant à vivre mais je suis soulagée de voir que j’avance.

Note: au cas où, je préfère préciser que ce n’est que l’image de l’article représente une douleur/un trauma mais ce n’est qu’une métaphore.

Ne pas avoir de collègues, un problème ?

Cela fait maintenant 5 mois que j’ai quitté mon dernier job en tant que salarié. Avant de partir, plusieurs personnes m’avaient prédit un grand désarroi: j’allais perdre le goût de vivre car la solitude allait vite me peser, sans parler de l’estime de soi qui allait chuter, chuter… Il me faudrait une grande force mentale pour ne pas me sentir sombrer. Je ne pense pas avoir une force mentale hors norme, mais ce qui est sûr c’est que j’ai un amour profond pour la solitude.

Au début, je cherchais un poste en tant que salarié. J’ai eu la chance d’avoir régulièrement des réponses, de passer des entretiens et de finir plusieurs fois finaliste. Même si je n’étais pas choisie, j’étais déçue bien sûr mais pas triste. Je ne remettais pas en question toute ma valeur à cause du refus. Ils avaient rencontré quelqu’un qui avait un profil qui correspondait plus à ce qu’ils cherchaient et tant mieux pour eux. Cela ne voulait pas dire qu’ils ne me rappelleraient pas un jour, et cela ne voulait pas dire non plus que j’étais nulle, simplement qu’à l’instant, je n’étais pas celle qu’ils cherchaient.

Le temps passant, ce qui m’a le plus étonné est surtout ma relation à l’isolement: j’adore être seule. 

Pourtant, je pensais vraiment que ce serait difficile. J’adore le travail d’équipe et dans mes anciens postes j’avais la chance de travailler main dans la main avec plusieurs personnes que je considère maintenant comme des amis. Je m’attendais à regretter les pauses cafés, à tourner en rond dans l’appartement tel un lion en cage, à envoyer des messages toute la journée à mes amis pour me sentir moins seule. J’aime me sentir entourée, savoir que je peux poser des questions à quelqu’un, avoir une personne avec qui partager mes déboires ou mes blagues. Cependant, rien de tout cela n’est arrivé. Je suis étonnée par la facilité que j’ai à passer du temps avec moi-même.

Jusqu’ici, je n’ai jamais ressenti le besoin ou même l’envie d’être dans un bureau rempli de collègues.

Les avantages éclipsent le besoin

Je savais d’expérience que je n’ai aucun soucis à avancer sur mes projets toute seule de mon côté mais je ne me rendais pas compte à quel point il est agréable de n’avoir personne autour. Si vous souhaitez travailler en silence: vous pouvez. Si vous voulez travailler avec un bruit de fond: vous pouvez. Personne n’est là pour juger si j’ai l’air professionnelle, personne n’est là pour jaser car j’ai décidé de faire mes courses au milieu de l’après-midi pour éviter la foule. Si j’ai besoin de prendre du recul, je vais me poser au parc près de chez moi et je reste le temps que je souhaite. Je sais que mon cerveau continue de travailler en arrière plan. Se soustraire du regard direct d’autrui est une chose vraiment agréable car au fond c’est une question de responsabilisation. Je sais que j’avance sur mes projets, je n’ai pas besoin d’avoir quelqu’un qui m’approuve parce que je reste longtemps à mon bureau sans prendre de pause.

Cette liberté est si grisante qu’elle me fait oublier le besoin de collègue.

Je reste une introvertie

Il faut savoir que je fais partie de ces gens pour qui être entourés de plusieurs personnes toute la journée épuise toutes les forces au fur et à mesure de la journée. Je finis la journée lessivée par le travail et par le stimuli social incessant. Cela explique pourquoi je n’allais que rarement prendre des pots après le travail. J’avais besoin d’être seule, dans le calme, loin du brouhaha ambiant.

Cela n’a rien à voir avec l’amour que je porte pour mes amis, c’est simplement un fonctionnement différent. Le fait de ne plus être entourée pendant la journée m’a permis de gérer entièrement ma vie sociale. C’est un luxe et cela m’a enlevé un énorme poids dont je n’avais pas conscience.

Pour conclure, même si je savais que me retrouver toute seule n’allait pas être un réel problème, je n’imaginais pas à quel point on peut se sentir bien tout seul. Je pense que c’est un état que beaucoup de personnes craignent mais qui, je pense, peut être très bénéfique. Vous découvrez que seul… vous ne manquez de rien. Il est beaucoup plus facile d’entendre sa voix intérieur/instinct lorsque nous n’avons plus de discussion parasite qui viennent par dessus. On retrouve sa boussole interne, qui pourtant était là depuis le début.

Et vous, vous êtes plutôt de quelle nature ?

À bientôt,

Sibylle

De Timide Maladive à Réservée: mon évolution

La timidité est un poids que nous sommes énormément à porter depuis l’enfance. Le sujet me semble assez vaste pour pouvoir faire l’objet d’une suite d’articles, qu’en pensez-vous ? Dans celui-ci, je pensais commencer en faisant le point sur ma propre évolution vis-à-vis de la timidité. Certaines personnes arrivent à s’en départir, à évoluer autour de cette peur pendant que d’autres n’arrivent pas à lui faire face et ce handicap continue de les tyranniser années après années.

Cet article est finalement très lié à celui où je parle de mon envie d’être invisible présente depuis l’enfance. Être invisible c’est empêcher l’interaction avec l’Autre avant même que l’opportunité se présente, c’est éviter ce malaise profond que provoque la timidité autour de certaines personnes ou situations.

*

Enfance – Période dite « Timidité maladive »

Comme je vous le disais dans l’article que je mentionne plus haut, lorsque j’étais enfant la solitude ne me posait pas de problème. Elle m’offrait le confort de la tranquillité, de l’absence de surprise et surtout de conflits. Je me suis toujours bien entendu avec ma personne et même dans les moments les plus bas, je n’ai jamais eu peur d’être face à moi-même. C’est une situation qui m’apaise plus qu’elle ne me pèse.

Les souvenirs d’enfance sont sélectifs, je n’ai que des bribes par-ci, par là mais ma famille est d’accord sur un point: j’ai toujours été extrêmement timide.

Je me souviens d’un épisode en CP où l’institutrice me demande de lire à voix haute quelque chose qui se trouve au tableau. Le peur m’envahit, me paralyse et je me met à pleurer sans pouvoir prononcer un mot. En réponse, l’institutrice me reprend un de mes bons points durement acquis. Je me revois ouvrir ma boîte à points, et marcher dans l’allée pour lui donner ce point qui m’était dû. (note à moi-même: est-ce que ma méfiance vis-à-vis de l’autorité me viendrait de cet épisode ?)

Cette expérience est à l’image du reste. Que ce soit des réunions de famille, des colonies de vacances ou des activités extra-scolaires, tout me donnait envie de me mettre en boule et d’attendre que le temps passe. En discutant de ma relation avec mes grands-parents avec mon frère, il m’a fait cette réflexion: « Comment créer un lien avec un enfant qui refuse de parler ? ». En bref, j’étais un petit hérisson. S’il est à l’aise, il se détend et vadrouille mais dès qu’un danger lui semble proche, il se recroqueville sur lui-même.

Parallèlement, on vous explique que votre comportement n’est pas celui attendu, qu’il est mal vu et qu’il faudrait changer. J’en garde un goût amer, une sensation d’être incomprise et parfois de trop.

*

Adolescence & études supérieures – Soudain, l’envie de plaire

Je passerais vite sur l’adolescence car mes souvenirs sont tellement à vifs et bordéliques que je n’arrive pas à prendre de recul sur cette période malgré les années qui passent. Vivant de multiples vies parallèles ne se chevauchant que rarement à ce moment là, j’ai une image globale très floue de toutes ces années.

J’ai fait connaissance avec une bonne partie de mes amis de l’époque via Internet et que je les rencontrais seulement plus tard, même s’ils habitaient qu’à quelques rues de chez moi. Une fois que vous avez parlé pendant des dizaines et des dizaines d’heures avec quelqu’un, il est beaucoup plus facile d’avoir une conversation IRL avec lui. Ah, internet. Merci d’avoir été mon vecteur de sociabilité. Le pays rêvé où la timidité n’existe presque plus.

Le point intéressant se situe plus tard: lorsque vous vous êtes senti autant vulnérable et inadapté dans votre enfance, il reste des traces de ces pensées dans votre manière de réfléchir ou d’anticiper les évènements.

Après le lycée, le moment crucial du supérieur arrive. Recommencer à zéro et toutes les angoisses qui vont avec. Serais-je à la hauteur des obstacles qui m’attendent ? Je n’en savais rien et j’en étais terrifiée. Et soudain, me tombe dessus la question: et si je ne me faisais pas d’amis ? et si je n’avais personne avec qui déjeuner le premier jour ?

Bien sûr, 8 ans plus tard, je m’amuse de repenser à quel point j’ai pu vivre intensément ces doutes qui peuvent sembler ridicules mais à 18 ans à l’aube d’une nouvelle vie, ces tourments sont bien compréhensibles.

Là est donc rentré en compte quelque chose qui ne m’avait jamais vraiment importé: je voulais plaire. Voyez à quel point nous entrons dans une problématique à l’opposé de mon enfance !

Je ne parle pas de plaire physiquement mais de plaire tout court. On m’avait souvent dit jusque là que j’avais l’air froide, distante, arrogante, désagréable et le poids de ces mots me semblait annoncer une terrible nouvelle: personne ne voudrait être mon ami.

N’oubliez pas, ces situations me faisaient remonter des peurs d’enfance. Cela ne semble pas rationnel (Hello Sibylle, réfléchis 30 secondes, bien sûr que tu vas te faire des amis, et non tu ne passeras pas 5 ans à manger toute seule le midi !) mais sur le moment, la peur est si forte qu’elle semble couler de source.

Alors j’ai décidé de changer. Je suis complètement sortie de ma zone de confort. Je ne sais pas si ces efforts étaient visibles mais mon dieu, j’ai essayé si fort d’être une personne agréable. Le revers de la médaille est que maintenant je cherche à retrouver cette petite Sibylle revêche qui à sa manière ne faisait aucune concession.

À force de vouloir plaire, j’ai atteint un stade où je n’arrivais plus à accéder à ma force intérieure, à ma capacité à dire que je n’étais pas d’accord, je n’étais plus entière car j’avais consciemment décidé d’étouffer une partie de moi: celle qui m’a fait me sentir mal-aimée mais qui sait comment me protéger. C’est de cette manière que l’on peut perdre la trace de son amour propre et que l’on devient le complice de situations qui ne nous conviennent pas.

*

Maintenant – Imprévisible mais plus calme

Que dire de maintenant… C’est mitigé. Certaines situations ne me provoquent plus de vagues d’émotions incontrôlables, donc il y a du progrès. Par exemple, je suis allée à des anniversaires où je ne connaissais personne et j’ai parlé à des gens. Et par dessus tout: j’ai survécu. Honnêtement, des situations de ce genre ne seront jamais agréables pour moi mais au moins j’ai pu être fière en rentrant chez moi.

Il y a des périodes où je suis plus ou moins timide, sans explication particulière. Il y a des jours où demander un renseignement à un vendeur me demande un réel effort, où je me répète la phrase plusieurs fois avant d’aller le voir alors que d’autres fois je serais très heureuse de bavarder avec cette personne. Il m’arrive encore de paniquer au restaurant lorsqu’on me pose une question inattendue et je continue de prendre la première possibilité qu’on me propose, même si je la déteste. C’est la vie.

Pour conclure, ma timidité m’a toujours embêté mais dans le même temps c’est une pierre angulaire de mon identité. Je sais maintenant que tout cela peut changer. Si je ne souhaite plus être timide, on peut m’en faire sortir car j’ai déjà un pas en dehors du piège. La question est: qui suis-je si je ne suis pas timide ? Qu’est-ce que cela signifierait Sibylle sans timidité ? En se qualifiant de la sorte toute sa vie, on peut s’enfermer dans un rôle et se limiter.

Alors je me demande: qui suis-je ?

Big up à tous les timides,

Sibylle

Interview Créa #1 – Manon Lecor

Nous inaugurons aujourd’hui une nouvelle catégorie sur ce blog : L’interview Créa ! Mon but étant de partager avec vous des portraits de personnes créatives exerçant des métiers différents les uns des autres. J’aimerais que l’on y discute de nos méthodes de travail pour créer, nos inspirations, nos blocages, nos doutes… Que vous exerciez un métier dit « créatif » ou non, vous pourrez vous y retrouver, découvrir comment ces personnes abordent leurs projets et même parfois tomber sur un mot, une phrase, qui résonnera en vous et vous aidera à avancer sur vos propres projets.

Pour cette tout première interview, je suis très heureuse de vous présenter celle de Manon Lecor ! Vous avez pu voir dans mon précédent article Minimalisme #2: blogs & réseaux sociaux qu’elle faisait partie des personnes qui m’inspirent au quotidien. Manon tient donc un blog sur le minimalisme, le zéro déchet et la mode éthique. J’aime son franc-parler et surtout son refus de rentrer dans une case bien définie. Elle n’hésite pas à mettre les pieds dans le plat quand elle en ressent le besoin, et j’apprécie cette envie de ne pas être une « vitrine » bien propre, bien lisse de soi-même sur les réseaux sociaux.

Pour cette interview nous allons nous intéresser à son travail d’écriture car Manon est aussi écrivain. En parallèle avec son activité en auto-entrepreneur de formation en réseaux sociaux et rédaction web, elle a publié son premier roman « Quand s’en ira la peur ». Elle est en ce moment en plein travail d’écriture sur de nouveaux manuscrits et son prochain roman ne devrait pas tarder à trouver maison d’édition à son pied. C’est en tout cas tout le bien que je lui souhaite !

Pour commencer, te considères-tu comme une personne créative ?

J’ai mis du temps à l’admettre mais oui ! Il faut bien le dire, je suis une personne qui s’épanouit dans la création. Pour mon cas, ce sera surtout l’écriture et la photographie, parfois le dessin. Avec du recul, même j’ai toujours été dans cette logique de « création » mais sans le savoir évidemment car personne ne vient nous dire un jour « dis donc, quelle créativité ! ».

Pour beaucoup de personnes, il est difficile de se lancer dans un projet créatif (comme celui d’écrire un livre). As-tu eu du mal à te lancer dans l’écriture de ton premier roman ?

Se lancer n’est pas le plus dur. Le plus dur c’est d’aller au bout. Quand j’ai commencé à écrire mon livre, j’étais dans une période calme, une période « de rien », j’avais du temps et j’ai commencé à écrire quelques lignes sur mon ordinateur. Puis ça a donné une vingtaine de pages. J’ai alors compris que quelque chose pouvait naître… Et c’est là où la difficulté commence. Comme un footing qui commence comme une promenade et qui se transforme peu à peu en marathon, ce serait dommage de ne pas franchir la ligne d’arrivée.

Maintenant que tu en es à l’écriture de ton quatrième roman, as-tu trouvé la méthode de travail qui te convient pour écrire ?

J’ai écrit 2 romans, l’un est publié, l’autre est envoyé aux maisons d’édition. Je travaille sur deux autres manuscrits en même temps. Pour le premier, je n’ai eu aucune méthode et ça a rendu la tâche bien plus douloureuse. Pour le deuxième, j’ai appliqué une méthode. Élaborer un plan et mon idée était aussi plus précise. Pour le troisième, je suis en roue libre et le quatrième, je fais comme pour le deuxième : un plan précis et en plus une discipline de fer : j’écris tous les jours 1000 mots. Je compare souvent la démarche créative au sport, mais si on ne se donne pas des objectifs, il y a le risque de se laisser aller et laisser le temps passer. Hors le temps est la composante la plus importante pour la création.

[…] une discipline de fer : j’écris tous les jours 1000 mots.

T’est-il déjà arrivé d’avoir des blocages créatifs comme celui de la page blanche ? Si oui, comment as-tu réussi à le faire passer et comment évites-tu d’en avoir ?

Ce n’est pas tant la page blanche, mais plutôt le « je suis nulle ». Parfois, je me force à écrire alors que mon mental me hurle que je suis nulle, que ce que j’écris est mauvais, mais tant pis j’avance. Après je relis. Parfois c’est nul, mais au moins j’ai avancé dans mon histoire et je peux le rectifier. Parfois, c’est pas si mal et deux trois retouches suffisent pour améliorer le texte. Il faut en tout cas y aller. Les artistes, les créatifs d’aujourd’hui et d’avant aussi, n’ont toujours montré que le meilleur mais il faut faire des choses mauvaises pour faire des choses bonnes. Je compare ça plutôt à la cuisine au lieu du sport cette fois-ci : parfois, on fait un excellent gâteau et la fois suivante, avec la même recette, il n’est pas bon. L’histoire de quelques degrés dans le four ou alors une autre marque de farine. Et parfois quelque chose qu’on considère comme mauvais va être adoré par les gens.

[…] mon mental me hurle que je suis nulle, que ce que j’écris est mauvais, mais tant pis j’avance.

Dans mon métier de designer graphique, nous sommes en recherche permanente d’inspiration. Est-ce pareil dans le travail d’écriture ?

Bien sûr ! L’inspiration est pour moi le carburant de mon cerveau. On absorbe les choses, les idées, les créations des autres et on la transforme pour en sortir quelque chose d’autre et ainsi de suite. Sans inspiration, il n’y aurait pas d’oeuvre ou de création. Quand on va dans un musée, on peut reconnaître l’époque d’un tableau uniquement par le style, parce qu’à une époque tout le monde avait le même « style » mais chacun avait son « truc ». Je vais même plus loin en disant que pour apprendre à créer, il n’est pas mal de copier. Si je ne me trompe pas, c’est Sartre qui, lorsqu’il était enfant, écrivait à sa sauce les histoires qu’il lisait dans les livres. Il copiait l’histoire mais l’écrivait avec son écriture.

A-t-il été compliqué pour toi de dire que tu étais écrivain ? Étais-tu intimidée par le regard des autres sur ton travail ?

J’ai pu le dire une fois publiée. Avant, je ne le disais pas. Le problème du métier d’écrivain, comme tous les métiers créatifs, est qu’il faut montrer patte blanche. Être publié pour un écrivain, être exposé pour un peintre ou un photographe, avoir fait les études qu’il faut pour un graphiste, etc…

Ressens-tu l’influence de ton mental sur ta créativité ? Arrives-tu à le gérer facilement au quotidien ?

Mon mental est mon pire ennemi et mon meilleur ami en matière de création. Depuis que j’ai accepté d’être une créative, mon mental s’en donne à coeur joie. Rien que de répondre à cette interview, je ressens le syndrôme de l’imposteur. Mais je crois qu’on est tous touché par ça. Qui peut dire « mon oeuvre, mon dessin, mon livre, ma photo est incroyable ». En tout cas, j’essaye de ne pas trop me dévaloriser seule, bien que je le fasse beaucoup en public (ça me rassure de dire que je suis nulle avant les autres puissent le dire). Et depuis quelques temps, grâce à ma pratique de la photo argentique, je me surprends à être fière de certains clichés que je fais, et je le dis sur les réseaux sociaux.

Mon mental est mon pire ennemi et mon meilleur ami en matière de création.

Pour toi, qu’est-ce qui te semble le plus dur à vivre en tant qu’auto-entrepreneur ? Et en tant qu’écrivain ?

La précarité, la solitude et la non-compréhension. Je gagne à peine 1,7€ par livre vendu, je ne gagne pas ma vie, je n’ai pas de reconnaissance sociale. Les gens pensent souvent que, parce que tu as des abonnés sur Instagram, parce que tu as écrit un livre, ta vie est simple et que tu n’es pas à plaindre. Mais la précarité des artistes est un fait ! Et un ami écrivain (connu) m’a dit un jour : « prépare toi à ne jamais vivre de ton écriture ». Mon activité en Freelance est une super expérience mais peu sont les gens qui comprennent que lorsqu’on vend une prestation 100, 200, 300€, on en verra à peine la moitié sur notre compte bancaire.

Idem, mais cette fois, qu’est-ce qui te semble le plus gratifiant ?

La liberté, le bien-être et le temps. Lorsque j’étais salariée, j’ai toujours eu des relations assez toxiques dans mon entourage professionnel. On ne choisit pas les gens avec qui on travaille et pire, on passe 8 à 10h par jour avec eux. Je perdais ma personnalité et je devenais aigrie. Je devenais le cliché du « le patron c’est un con » et « hors de question de faire des heures supplémentaires ». Ma vie était chronométrée. Aujourd’hui, je ne me pose plus la question. Parfois, je ne fais rien, parfois je me mets au travail très tôt. Parfois je n’ai pas de client, parfois j’ai plein de missions d’un coup. Travailler à son compte, c’est être dans un grand pré, travailler dans une entreprise, c’est être enfermée dans une toute petite pièce.

As-tu reçu des conseils qui t’ont aidé pour avancer dans la vie professionnelle et créative ?

J’ai reçu toutes sortes de conseil : trouve un job stable et bien payé pour continuer à écrire, achète une maison au lieu de payer un loyer… Ma vie n’est rassurante pour personne, pas même pour moi. Les conseils servent souvent à sécuriser une action. Quand j’ai besoin d’un conseil, je cherche sur internet ou auprès des personnes qui m’inspirent. Une entrepreneuse de Los Angeles a dit un jour qu’elle ne voulait pas créer qu’une seule activité (elle travaille dans la mode), au lieu de créer une marque. Elle en a lancé 4. Comme ça, si l’une se casse la binette, il en reste d’autres pour continuer. Je trouve que c’est un bon conseil. Et un autre conseil reçu ce week-end pendant le concert de Patti Smith à la Route du Rock de Saint-Malo. Elle a dit « Be healthy, be happy and be fucking free ».

As-tu des ressources (livres, blogs, podcasts…) qui t’ont aidé à trouver la voie qui te convenait ? Qui t’ont aidé à te poser les bonnes questions ?

La première chose qui m’a aidé à me poser les bonnes questions, c’est ma santé et mon corps. J’étais toujours mal, et c’est ça qui m’a aidé à me dire « tiens tiens, si j’essayais autre chose ». Ensuite des livres m’ont beaucoup aidé, notamment l’autobiographie de Simone de Beauvoir (tous les tomes). J’ai appris grâce à sa vie que je n’étais pas obligée d’être une femme, comme on l’entend aujourd’hui. Béa Johnson avec son livre sur le zéro déchet a aussi radicalement changé mon existence et mon rapport à la planète. Les Minimalists avec leur documentaire m’ont appris à revoir ma vision du bonheur (que je liais beaucoup à l’argent). Niveau podcast, l’émission de France Inter Grand Bien Vous Fasse est géniale pour tous les sujets liés au développement personnel. Le livre les 4 accords toltèques m’ont appris aussi qu’il ne faut rien prendre personnellement et ne pas faire de supposition. La clé du bonheur. Et enfin, je dirai qu’il faut être curieux. Se détacher des informations qu’on nous donne pour aller voir ailleurs : les autres pays, les autres cultures… Ça développe l’empathie et c’est assez chouette comme outil pour la créativité. Se mettre à la place de quelqu’un d’autre pour comprendre ses actes, c’est une grande richesse.

J’étais toujours mal, et c’est ça qui m’a aidé à me dire « tiens tiens, si j’essayais autre chose »

Initialement, je pensais vous faire une conclusion reprenant plusieurs points qui me semblaient intéressants à explorer mais l’interview étant très riche, je vais éviter de vous faire une longue conclusion et je vais simplement vous laisser vous reposer sur tout cela.

Merci Manon d’avoir accepté de répondre à mon interview et de l’avoir fait avec autant d’implication. Je pense sincèrement que ces réponses sont un très bon terreau de réflexion.

À bientôt tout le monde,

Sibylle