Un café s’il vous plait #8: réseaux sociaux, adoption d’un chat, Dune

Pour vivre heureux, vivons cachés ?

En septembre dernier, je vous parlais de mon mois sans Instagram. Depuis, mon malaise vis-à-vis de la plateforme ne s’est pas estompé, il a même parfois pris une ampleur sans précédent. Je ne peux pas forcément vous expliquer en détail ce qu’il s’est passé mais il y a quelques mois il s’est passé un événement particulier, qui au lieu de me rassurer, m’aider à guérir des plaies, m’a à l’inverse fait extrêmement peur face à la déferlente de violence que j’ai pu constater. Comme c’est étrange. Bref, après cette expérience, Instagram (et les réseaux sociaux en général) m’a donné l’impression d’un monstre hors de contrôle. Tout peut dégénérer à chaque seconde. Ca m’a fait peur, tout simplement. Alors j’ai pris encore plus de recul, je me suis terrée encore plus loin dans mon silence. Nous n’avons bien sûr pas besoin de ces applications pour vivre, c’est évident. Par contre, ce sont des outils importants lorsque vous avez comme moi une entreprise et que vous souhaitez faire connaître vos services. Or, je n’arrive pour l’instant plus à être dessus. Je ressens beaucoup de choses en parallèle car dans le même temps je me découvre un dégoût de ce que je vois dessus. Non pas que ce que je vois n’est pas bien, car j’ai choisi le feed qui m’est proposé mais je ressens une telle lassitude face à notre manière conditionnée de nous exprimer dessus, que ce soit via les mots ou par le graphisme. Je n’en peux plus de voir la même chose d’un compte de freelance à un autre. Je cherche notre individualité, ce qui fait de nous des êtres uniques et parfois cela semble difficilement lisible d’un compte à un autre.

Pourtant, je ne peux m’empêcher de voir tout ce que ces réseaux m’ont apporté. J’y ai découvert tant de choses ! J’ai vu de nouveaux horizons, appris de nouvelles notions, rencontré de nouvelles personnes, j’ai vu des choses que je n’avais jamais vu avant. Mon coeur a pris de l’ampleur, mon empathie s’est décuplée au contact des autres. Les comptes que je suis m’ont permis d’aller plus loin que là où que j’aurai été par moi même. Je me sens beaucoup plus complète et complexe maintenant que j’ai pu entrapercevoir de tous ces mondes, si différents du mien. Pourtant, cette richesse ne pèse plus suffisamment dans la balance. Pourquoi ? Je crains que cela a à voir avec la crise du covid. Je n’en comprends pas encore le contour mais il me semble que mon expérience de la plateforme n’a fait que spiraler vers le fond depuis le premier confinement. Je crois que depuis, dans mon coeur, au lieu de trouver des signes d’union, j’ai vu à l’inverse les signes de séparation. Je me suis mise à être jalouse parfois, à râler aussi, beaucoup. « Gningninginin machin a fait ci, gninginginin machin a fait ca ». Suis-je devenue la commère qui épie les gens ? Ce n’est pas bon.

Donc, on ferme tout.

Je vois bien que je suis beaucoup plus négative qu’en 2019.

Ma lumière a décru, mon cynisme et ma jalousie ont augmenté. Cela ne me plait pas. Vraiment pas.

Contrôle des émotions

Quelle transition parfaite pour mon second point. Avec tout ce que l’année nous a amené, et ma vie sociale au point quasi mort depuis le second confinement, je me rends compte que je ne maîtrise plus vraiment mes émotions. Je repars petit à petit dans un schéma où mon hypersensibilité l’emporte. A la limite, pour les vagues de tristesse qui me traversent régulièrement, ce n’est pas grave. J’ai l’habitude et il me suffit d’attendre qu’elles passent en faisant mes « rituels » qui une fois combinés ensemble permettent d’accélerer le processus (yoga, respirations, médition, écriture dans un carnet, lire de tout mon saoul, et dormir). Par contre, ce qui me gêne c’est le retour de ma colère. Bien sûr, certaines colères sont saines, mais là je vous parle de la colère stérile liée à la peur. J’ai l’impression parfois de me retrouver comme lorsque j’étais adolescente, à subir mes émotions. Je vous assure que c’est destabilisant et surtout… déçevant. Lorsque je cède à cette colère, la déception m’attend au tournant. Je sais que le fait que je m’en rende compte et que je l’analyse, me permet déjà d’avoir les clefs en main pour mieux l’anticiper la prochaine fois. En prendre conscience, c’est déjà reprendre un peu le contrôle de la situation. (Merci les 2 ans de psychothérapie qui m’aident chaque jour, haha !)

Adoption d’un chat

Pour ceux qui suivent ce blog depuis des années, vous savez à quel point cela signifie beaucoup. Je vous gonfle régulièrement avec mon amour des chiens et des chats, et en début d’année, je posais l’intention de passer (enfin !) le cap de l’adoption. C’est drôle de se dire que le chat que j’ai adopté est celui pour qui, lorsque j’ai lu la description, j’ai eu comme des petites palpitations. Elle était décrite comme timide, avec la nécessité de temps pour s’adapter et pour accorder sa confiance. Si vous avez lu l’occasion de lire l’article où je parle de mon ancienne timidité maladive, vous comprendrez pourquoi je me suis reconnue dans cette annonce. Je me suis dit « mais c’est mon chat ». Bien sûr, j’attendais de voir à la rencontre si le ressenti se confirmait ou non, car il faut arriver sans idée pré-conçue du chat. En tout cas, la rencontre a confirmé tout ça. Honnêtement, cela fait sacrément peur. On se sent en train de faire un coup de poker. Et en même temps, on se dit « Petit chat, je t’accepte tel que tu es, advienne que pourra ».

Après quelques jours dans la salle de bain puis quelques semaines sous le lit, elle a eu une urgence vétérinaire qui m’a terrifié. Il semblerait qu’elle ait fait une réaction allergique à de la litière de silice du commerce (alors que son corps n’avait aucun soucis avec celle de chez le véto). Maintenant cette mauvaise expérience est derrière nous (normalement !) et elle semble prendre ses marques. C’est même devenu un vrai pot de colle, ce qui n’est pas pour me déplaire 🙂 Elle a deux ans, fait des pirouettes en jouant à la canne à pêche, n’ose pas encore monter sur les fauteuils mais se cale contre ma jambe le soir. Des années après la mort de mon chat, cela est étonnant de retrouver la sensation de… dormir contre le mur parce que le chat a pris toute la place sur le lit ! Haha.

Que d’émotions mes amis, que d’émotions.

Dune

Parlons livre !

J’ai entamé le cycle de Dune en janvier ou en février. A l’approche de la potentielle sortie du film, et en lisant le retour de Leila de @lei_la_lit sur Instagram, je ne pouvais plus passer à côté de ce classique de la littérature de Science-Fiction. J’ai donc commencé à lire le tome 1, curieuse, sans attente particulière et je me suis retrouvée prise dedans ! Quelle difficulté j’avais à le reposer ! Je ne voyais plus l’heure passer et régulièrement je découvrais qu’il était déjà 1h ou 2h du matin ! C’est rare qu’un livre arrive à me priver de sommeil alors que c’est une des choses que je chérie le plus dans mon quotidien. Bref, j’ai été happée ! Je ne suis pas sûre de déjà avoir lu de livres équivalents. J’apprécie énormément la science-fiction en général, donc peut-être était-il évident que je serai emportée par le récit ?

J’en suis maintenant au tome 5 et il est difficile de résumé une telle histoire qui se déroule sur des milliers d’années.

Les trois premiers tomes sont pour moi exceptionnels. Les 4 et le 5 sont très biens mais les bonds dans le temps rendent difficiles l’attachement aux personnages ainsi que la compréhension des univers dans lesquels on se trouve.

Ce qui m’a le plus fasciné c’est l’intelligence du livre de nous amener dans une situation délicate : vous avez de l’empathie pour le personnage principal (et même lorqu’on change de personnage principal, c’est toujours le cas) car vous arrivez à un moment de sa jeunesse où tout bascule, pourtant… plus tard… Quelle violence. Quelle cruauté. Dans le même temps, le personnage est face lui même à un dilemne : il y a la violence, mais il sait que s’il ne fait pas ça, une plus grande violence encore va prendre le pas.

J’ai apprécié le fait que le livre n’ait pas une dichotomie bien/mal (même si c’est initialement ce qui semble se dérouler entre Atréides et Harkonnen) mais aussi que les Frémens, dépeints par les autres groupes comme étant « grosso modo » des barbares, n’en sont pas. Que leur culture, qui semble violente pour les personnes extérieures, découle de leur environnement direct, le désert et des problématiques de survie qui en découlent. Les questionnements sur la religion sont légions dans les livres, donc si vous aimez philosopher dans votre lit à minuit, n’hésitez pas 😉

Ces quelques lignes ne rendent pas justice aux livres.

Je ne suis vraiment pas sûre qu’ils plaisent à tout le monde puisque le livre ne prend pas toujours la peine de vous expliquer ce qu’il se passe. C’est à vous de recoller les morceaux et de réfléchir à ce que telle ou telle réplique peut impliquer.

Pfffiou, je me laisse emporter pour vous en parler ! Je pense que je vais m’arrêter là pour cet article déjà bien fourni 🙂

Belle semaine à tous !
Sibylle

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Un café s’il vous plait #7: été 2020, vacances, sérénité & Harry Potter

Est-ce que vous allez me jeter des cailloux dessus si je redis encore une fois « quelle année ! » ? Je comprendrais, je n’en peux plus de m’entendre dire ça encore et encore. Cette année est assez étrange sur un plan de la communication : je ressens tellement de choses, j’ai envie de vous partager tellement de réflexions et pourtant rien ne sort. Les mots n’arrivent pas à se former. Je reste muette la plupart du temps devant mon ordinateur, frustrée de ne pas réussir à vous transmettre les émotions qui me traversent.

J’ai la sensation d’avoir beaucoup appris cette année. Quand je regarde en arrière, je vois 2018 comme l’embryon d’un projet, où l’enthousiasme me propulsait en avant, puis est arrivée 2019 en démarrant tranquillement (ce qui me convenait assez bien) pour s’accélérer si rapidement sans crier gare que j’utilisais régulièrement la métaphore d’essayer de contrôler une fusée en plein lancement. Enfin, 2020 a tout dégommé sur son passage, anéantissant non pas mes espoirs, mais une peur profonde en moi, anéantissant aussi certaines idées pré-conçues. Face à l’imprévisible, je me découvre non pas héroïque mais stable. Je tiens la barre. Je continue à naviguer malgré tout. Même si ça me terrifie quelque part.

Il me semble que finalement 2019 n’était qu’une simple transition pour en arriver à là je suis maintenant.

2020 est toujours encore en cours et depuis des mois je sens un appel au « nettoyage » intérieur (ok, je vous perds avec cette expression, c’est normal). Disons que je ressens le besoin continuel de faire le point sur ma vie, mes envies, mes peurs, mes ambitions. 2020 me force à définir mon plan de vie (à court & long terme) et à prendre les décisions en conséquence. C’est dur ! Mais nécessaire. Je découvre avec le temps à quel point ce « muscle » de la prise de décision est fondamental mais trop souvent négligé lors de nos apprentissages.

Choisir c’est renoncer, et en apprenant à renoncer à ce qui n’est pas Nous, on apprend à faire le deuil d’images d’épinal que l’on aurait aimé montrer, mais qui ne sont finalement que des fantomes. En apprenant à trancher dans des situations, j’apprends dans le même temps le deuil d’autres lignes temporelles où j’aurai fait le choix inverse. C’est en apprenant cela que j’apprends à être en paix avec là où je suis car je sais pourquoi j’y suis. Théoriquement, ça semble si simple. A mettre en place, je ne vous cache pas que c’est une autre paire de manche.

Qui l’eut cru en commencant ces lignes que j’arriverai à ce sujet ? Pas moi, je peux vous le dire !

Je vous le dis : j’ai tant de choses à dire mais pour l’instant le chemin pour y parvenir est encore chaotique. Néanmoins, l’essentiel c’est que je continue d’essayer 🙂

Partir en vacances

Donc, initialement je pensais vous parler avec légèreté de mes vacances.

Je suis partie deux semaines avec mes parents dans l’endroit où repose une partie de mon coeur : Montalivet, sur la côte Atlantique. Je découvre la région qui l’entoure depuis ma naissance, et elle continue à m’offrir de belles choses. Pendant le confinement j’avais peur de ne pas pouvoir voir ce lieu qui m’est cher cette année, mais nous avons eu la chance de pouvoir y retourner.

Ce n’est pas compliqué, dès que j’y suis, j’y trouve un certain repos. Probablement lié au fait que je suis avec mes parents, que ce sont des vacances ce qui signifie que je n’ai pas d’obligation de travail, mais je pense que cela dépend aussi des pins environnants, du vent qui souffle, de l’air de l’océan, du bruit des vagues qui nous accompagne partout, et de l’atmosphère globale qui malgré l’agitation du marché bondé semble me souffler de ralentir, encore et encore.

J’aime marcher sur les trottoirs constitués simplement de sable et de terre. J’aime voir le coucher de soleil sur l’océan. Et surtout, j’aime découvrir les autres parties du médoc. On se promène, on découvre, rien ne nous est promis et c’est très bien comme ça.

Je vous en ai déjà parlé dans un précédent article mais je souhaiterai souligner une fois encore à quel point j’apprécie les cours de yoga que je prends à Montalivet avec La Bliss Compagnie. Les cours sont du Vinyasa, mais on y trouve une réelle douceur, une écoute sans jugement de son corps. Certes, nous sommes supposés retrouver ça dans tous les cours de yoga, mais parfois il m’arrive dans certains cours de me sentir encouragée dans la performance, à aller toujours plus loin, suer toujours plus. Ce qui parfois me fait énormément de bien, bien sûr, mais ici, j’arrive au juste milieux, à l’équilibre. Et c’est encore mieux. Sans parler que cette année j’ai opté pour les cours en extérieur au milieu de la forêt de pin. Je peux vous dire que la connexion avec la terre me manque maintenant que je suis de retour dans des salles avec le sol bien plat ! Aaaah, l’odeur de la pinède, le bruit des vagues, le soleil qui commence lentement à se coucher… Malgré ma crainte constante de voir une guêpe ou un frelon arriver, je crois que les cours extérieurs deviennent petit à petit mon environnement de pratique préféré.

Donc si vous passez dans le coin, profitez-en 🙂

Sur une note beaucoup moins joyeuse, notre chien est mort le lendemain de notre retour de vacances. C’était un très vieux chien donc cela n’était pas surprenant, mais c’est toujours un sacré moment à passer. Je suis contente d’avoir pu être là la nuit où ma vieille mémère nous a quitté, entourée des siens.

Un peu de sérénité

Maintenant que je suis enfin installée à Nantes, que mes affaires sont déballées et agencées de manière à ce que je me sente chez moi, je découvre enfin cette sensation qui m’avait quitté depuis bien longtemps : la sensation d’être au bon endroit. En fait, j’ai retrouvé ma tranquillité d’esprit. Depuis quelques semaines je n’ai tout simplement aucun problème. Enfin, on s’entend j’ai des problèmes matériels, des problèmes administratifs, pratiques… mais pas de problèmes d’un point de vue émotionnel. Je suis au calme. Je suis calme. Je suis bien. Je suis tranquille.

Rien à signaler.

Je dors, je mange, je travaille, je me repose, je vois quelques personnes, je me balade.

Et voilà, mes besoins sont comblés.

Après la tempête du déménagement, je me retrouve paisible.

Ca faisait si longtemps !

Je ne sais pas si cela vous dit quelque chose, mais j’ai régulièrement évoqué l’envie de voir mon style vestimentaire évoluer. Même si j’aime toujours fondamentalement la même chose, je sentais que ma mue intérieure avait besoin d’être traduire à l’extérieur. Des pièces sont venues se rajouter à mon placard (déjà débordant… mmh). Je découvre que les tons chauds me font plutôt bien au teint, et j’expérimente plus avec les motifs qu’habituellement.

Pour couronner le tout, le psoriasis présent sur mon cuir chevelu semble se réduire inexorablement depuis des semaines. Ma mue serait-elle bientôt complète ?

Harry Potter

Pour finir ce petit récapitulatif de l’été 2020, je ne peux pas en parler sans vous dire que j’ai encore une fois relu Harry Potter. J’en avais ressenti le besoin après le déconfinement et pendant ma lecture, je comprenais pourquoi. Harry Potter évoque tellement de sujets fondamentaux (l’amitié, l’amour avec un grand A, le pouvoir, les valeurs, la politique, le courage, la peur…) que je pense que j’ai trouvé écho à mon envie de faire le point sur ma vie que je vous évoquais plus tôt. Cette histoire que je connais pourtant par coeur, me repose les mêmes questions, et toujours j’y trouve une nouvelle réponse.

Et comme toujours, j’ai bien pleuré. Oh, la, la.

Je crois que finalement je n’ai rien à dire de plus sur Harry Potter. C’est tellement une évidence pour moi. J’en ai déjà tellement parlé durant ma vie que je ne vois pas ce que je pourrais ajouter.

Un café s’il vous plait #3: Rouen, Solitude & Autonomie

Deuxième édition de « Un café s’il vous plait »: une catégorie pour vous tenir au courant de mes questionnements, recherches, états d’âmes. L’idée est de partager avec vous où j’en suis sans forcément en faire un long article car tous les sujets ne s’y prêtent pas. C’est spontané, non réfléchi. Disons que c’est une légende Instagram en plus long 😉

C’est parti !


Je suis à Rouen pour le mois de mars. Cette idée m’est venue un dimanche matin, de nulle part. J’étais dans ma chambre à Paris, épuisée et à bout par de mois difficiles dans cette ville, l’envie de prendre l’air se faisait de plus en plus impérieux sans que je n’arrive à définir ce que je devais faire. Je ne savais pas comment faire pour déménager, ni même où aller. Lorsque j’avais partagé ma frustration avec ma psychologue sur mon incapacité à prendre les choses en main, elle m’avait répondu que c’était normal que je n’y arrive pas car je n’étais pas prête émotionnellement. Sur le moment, ce fut un coup dur. Comment ça je n’étais pas prête émotionnellement ? J’étais en colère mais avec le temps j’ai appris qu’en général, elle voyait des choses que je ne voyais pas encore et qu’elle avait probablement raison. Quelques jours plus tard, j’allais rejoindre une amie et nous discutions de ma situation. Je lui fis part de ma frustration vis-à-vis de la situation et de la colère que j’avais ressenti face à ma psy. Avec la sagesse qui la caractérise, elle me dit qu’en effet peut être que déménager était peut être une étape trop grande pour moi à l’heure actuelle (en février donc) et que je devrais me demander s’il n’y avait pas d’étapes intermédiaires qui pourraient m’aider. Cela cogitant sagement dans l’arrière de ma tête, l’idée a donc éclo dans mon esprit un dimanche matin. Rouen, une ville que je n’avais visité qu’une fois une journée d’été. J’avais trouvé cette ville charmante. Pourquoi ne pourrait-elle pas être mon étape intermédiaire ? Je le voyais comme le moyen de me désengluer de ma situation. S’il y a bien quelque chose que j’ai appris ces dernières années, c’est que souvent, il suffit d’un mini mouvement vers une direction pour dérouler tout une suite d’événements innattendus. Alors si le risque n’est pas élevé, autant y aller. J’ai sû que cette idée était la bonne lorsqu’en 30 minutes, je trouvais un nid dans lequel m’installer pour ce mois de découverte et de convalescence. (Merci Eva ❤ Et Gwen ! Et Guillaume !)

Lorsque le projet prenait forme, je ne pensais pas que ce mois à Rouen prendrait la forme d’une convalescence. Pourtant, je quittais Paris à fleur de peau et au fond du trou. Ce que j’expliquais à ma psy avant de partir est que mon humeur au jour le jour n’était pas triste. En surface, je n’étais pas brisée mais je sentais qu’au fond de moi, dans les tréfonds, le désespoir se faisait entendre. Je ne rêvais plus que d’une nuit complète sans être réveillée par le chauffe eau (qui ne marchait pas depuis des mois, et dont il a fallu 4 réparateurs différents avant qu’il soit changé. A noter : J’ai dû attendre 3 semaines pour le premier RDV. 2 semaines pour le deuxième, etc), le radiateur qui me réveille à 4h du matin, qu’on ne peut pas purger nous même car va savoir pourquoi c’est attribué à la co propriété et enfin mon frère qui se réveille parfois à 4h du matin ou 6h du matin mais généralement à 7h15, donc avant moi. Quand votre rêve le plus cher devient une nuit de sommeil, il y a de grande chose que votre désespoir se fasse entendre aussi. Surtout si comme moi, vous avez besoin de 9h complètes pour fonctionner.

Je suis arrivée le weekend dernier. Je vous écris et cela fait pile une semaine.

En trois jours, les tensions qui me mettaient mal à l’aise dans mon dos tendu à l’extrême se sont apaisées d’elles même. Je sens qu’il y en a encore mais mon dos retrouve une douceur oubliée. L’environnement dans lequel je me trouve est plongé dans un quasi silence permanent. Pas de travaux (oui, car ça aussi, c’est un problème que j’avais à Paris. Mon immeuble semble constamment en travaux, et quand ce n’est pas le mien, c’est celui d’en face, etc). Pas d’enfants qui dévalent les escaliers en criant. Je peux rester la journée durant dans l’appartement sans que personne ne sonne, personne ne rentre, personne ne vienne. Pas de livreur. D’arnaqueurs sous couvert d’être ramoneur (je vous jure. Vivre dans un immeuble avec des retraités c’est se méfier de chaque personne qui sonne à la porte). Pas de réparateur. Rien. Je suis SEULE. Mon isolement n’est rompu que lorsqu’un chat miaule sur le palier et que je dois l’avouer, je vais vite regarder s’il est à proximité pour pouvoir lui faire des gratouilles pendant quelques minutes.

Je dors. Dans un quasi silence complet. Je me sens comme une plante désséchée qui retrouve petit à petit la vie.

Il faut comprendre une chose, j’ai 27 ans et je n’ai jamais habité seule.
Ayant fait mes études dans la même ville que mes parents, j’ai habité chez eux pendant tout ce temps (ce qui ne m’a pas posé de problème d’ailleurs, l’espace y étant grand, je m’y sentais très bien)
J’ai pu goûter à cette joie de la solittue pendant 2 mois lors de mon premier stage. Lors de mes 6 mois au Canada, j’étais en colocation. Ensuite, lors de mon stage de fin d’études de 6 mois, j’ai vécu finalement 3 mois avec mon copain. Pendant 2 mois dans mon logement car il n’avait pas de logement au début et 1 mois à la fin car à l’inverse, c’est moi qui n’avait pas de logement. Depuis, j’habite en colocation avec mon frère.

27 ans et les seules miettes de solitude que j’ai pu m’accorder ont été de 2 mois en 2012~, 3 mois en 2015, 1 mois en 2020. 6 mois en 27 ans. Y’a un soucis quelque part.

Rouen, donc. On y revient.

Le quartier où je suis est rempli de chats. Ils sont partout et pour mon plus grand bonheur ils sont majoritairement friands de contact humain. Ils viennent, ils parlent, ils marchent à mes côtés pendant quelques mètres. La présence animale me manque constamment à Paris, cela n’a rien de nouveau, je ne vais pas revenir là dessus.

Hier, alors que je suis allée me chercher un plateau de sushis végétariens, j’avais dans les oreilles mes écouteurs avec de la musique pop à fond. C’est un détail mais étrangement, cela ne m’arrive pas souvent. Je sais que mon humeur est au beau fixe lorsque l’envie me vient de marcher, musique dans les oreilles, et la sensation de voir un film se dérouler devant nous. Sur le chemin de retour, les skaters roulaient sur le parvis et pendant qu’ils glissaient sur leur planche, je me sentais glisser de la même manière. J’étais légère, tout était fluide et joyeux.

A Paris, je perds très rapidement mes résolutions de ne pas laisser mon emploi du temps se surcharger. Je me retrouve avec des gens à voir tous les soirs, et c’est pour vous dire, j’ai d’abord écrit « je me retrouve avec des choses à faire tous les soirs ». Lorsque je laisse mon emploi du temps se remplir, je transforme des moments agréables en des tâches à cocher dans une to do list. Ce n’est bénéfique pour personne. Mes amis me retrouvent épuisée. C’est rarement le fun quelqu’un d’épuisé.

Ici, je me retiens. J’ai vu des ateliers qui m’intéressaient dans des studios de yoga mais j’ai décidé de ne pas m’inscrire. De ne RIEN mettre dans mon agenda. Je dois me réapproprier mon temps. Mon temps, n’est pas là pour être rempli. Pour l’instant, il est vrai que je me distrais, je regarde des vidéos youtube, j’écoute beaucoup de podcast. J’aimerai réussir à me dégager quelques jours pour n’être que dans le silence loin des écrans. A voir si j’arrive à passer le cap. Si j’y arrive, soyez sûrs que je vous écrirais un article à ce sujet 😉

Rouen est agréable. Le centre ville a le charme de l’ancien et je continue à m’émerveiller devant l’architecture. Je continue à découvrir des petites rues et petit à petit j’élargis mon champ d’exploration. Il y a un point sur lequel je n’ai pas encore réussi à m’habituer. C’est un détail et pourtant il me déstabilise à chaque fois. Il y a des passages piétons sans feux. Les voitures laissent passer les piétons. Voilà. On en est à ce stade. Je m’émerveille juste parce que les gens respectent le code de la route. En bas de chez moi, à Paris, nous avons des passages piétons sans feux. Il m’est déjà arrivé d’attendre douze voitures avant qu’une accepte que je traverse. Une personne âgée est morte à cet endroit d’ailleurs, il y a quelques années. Les traces de sang qui ont persisté le lendemain m’avaient choqué. Et lorsque j’en ai parlé à des personnes véhiculées dans Paris, tout de suite le sujet a provoqué de l’énervement « Oui mais si tu savais, c’est horrible de rouler dans Paris ! On s’arrête tous les 15 mètres pour des feux ! Alors si en plus on laissait passer les piétons ! »…

Ici, on me laisse passer. Et je n’ai pas peur de me faire rouler dessus. Voilà. Je sais que c’est mon hypersensbilité qui parle, parce que 99% des gens n’y prêteront pas attention, mais je ne peux m’empêcher d’observer ce genre de choses. Elles disent beaucoup sur l’ambiance d’une ville.

Je flâne, je me balade. Je travaille, aussi. J’ai cette chance de pouvoir emporter avec moi mes sources de revenu. Je suis heureuse d’avoir cette possibilité.

J’ai acheté un sweatshirt rose bonbon dans une frippe. Il s’accorde parfaitement avec mes vans qui ont du rose bonbon sur le côté. Avec mon manteau moumoute on dirait un fluokid de 2005. Je me sens un peu ridicule dans cette mini crise d’ado. Je me demande si on me confond avec les lycéens ou les jeunes étudiants. Je ne me reconnais toujours pas dans le miroir, mais je laisse couler. Ce n’est pas grave. Ca reviendra. Il n’est pas agréable d’être en période de recherche, c’est inconfortable mais cette étape est nécessaire. J’en suis convaincue. (Oui, je me répète par rapport au dernier article, mais ça me trotte dans la tête en ce moment, que voulez-vous !)

Pour la première fois de ma vie, j’ai envie d’aller au spa. J’ai envie d’aller dans cet endroit élégant et luxueux où je prendrais soin de mon corps de manière différente de ce dont j’ai l’habitude. C’est étonnant cette envie soudaine de luxe. Qui vient en parallèle avec ma joie de trouver un sweat de mes rêves à 10€ dans une fripperie. J’aime beaucoup cette ambivalence.

Donc voilà, ma vie pour l’instant est la suivante : je travaille, je me repose, je me balade. Repeat.

Je crois que je suis réellement en train de « prendre soin de moi » car je créée un espace où le silence me permet de m’entendre.

27 ans : mes envies pour l’année à venir

Hey ! Cela fait déjà plus d’un an que vous suivez mes pérégrinations sur ce blog ! C’est fou, non ? Je vous avais déjà écris pour mes 26 ans, une année qui fut charnière. Comment seront mes 27 ans ? Prospère, je l’espère. J’espère que la transformation sera aussi juste que l’année précédente et aussi riche en apprentissages.

J’avais commencé à écrire l’article il y a quelques jours mais j’avais d’emblée adopter un ton beaucoup trop sombre pour un article que je souhaitais léger. Ma peur du temps qui passe avait de toute évidence pris le contrôle de mes doigts tapant sur le clavier.

Oui, aujourd’hui j’ai simplement envie de partager mes espoirs pour l’année à venir. Je n’ai pas envie de grande réflexion, introspection, doute, ou émotions. Mon anniversaire reste pour moi un sujet aussi joyeux que sensible (comme pour beaucoup je l’imagine), je préfère donc me rouler dans l’aspect positif comme s’il s’agissait d’une couette protectrice.

Que dit-on à la nostalgie de l’enfance sans responsabilité ? NOT TODAY. (mais reviens demain)

J’ai commencé l’année de mes 26 ans pouvoir imaginer ce qui m’attendrait. C’était bien, c’était challengeant, c’était frustrant et gratifiant. Rien n’a été simple et pourtant j’ai pu voir de belles augures régulièrement. Je pense avoir plus grandi entre mes 25 et 27 ans qu’entre mes 20 à 25. Même si la différence était sûrement là, j’imagine qu’elle fut beaucoup moins marquante.

Bon alors, je veux quoi ?

(à noter : pour garder la spontanéité dans l’écriture de cet article, les listes ne sont pas faites par ordre d’importance)

Pour l’année à venir, j’aimerais + de

…de musique

Ces dernières années, pour protéger mes oreilles, j’ai écouté beaucoup moins de musique. Pourtant, je me rends compte ces dernières semaines que l’émotion que procure la musique serait sûrement la bienvenue. Lors de la première écriture de cet article, j’écoutais le mix Haim de Spotify, et je me suis souvenu que cela me faisait toujours beaucoup de bien.

…de danse

J’ai une relation très conflictuelle avec la danse depuis mon adolescence. J’adore danser dans les foules compactes, me sentant happée dans le mouvement, sautant et me dandinant comme un seul homme avec ces inconnus autour de moi. Par contre, ces dernières années, la danse presque rituelle que je pratiquais surtout en concert, comme la musique, a perdu de l’importance dans ma vie. Je me suis éloignée de ce corps qui se perd et sue à l’unisson. Ce n’est que récemment que je me suis rendue compte à quel point mes pieds étaient vissés au sol. J’ai perdu une certaine connexion avec mon corps et il me semble important de la retrouver. Je pensais essayer de danser seule chez moi, mais pour l’instant je n’ai même pas réussi à faire ça. Affaire à suivre.

…d’océan ou d’eau en général

Plus le temps passe, plus je ressens un appel à l’eau. Pourtant, je suis la dernière personne que vous verrez à la piscine municipale. Je n’y arrive plus. L’eau froide. L’odeur. Le regard de l’autre. La sensation de devoir faire des longueurs alors que j’ai juste envie de profiter de ce moment. Juste le corps dans l’eau. Je suis remplie de peurs autour de l’eau, pourtant il fut un temps où j’étais « un petit poisson ». L’eau était un élément où je me sentais bien et l’environnement autour m’importait peu. Après tant d’années, je re-découvre cet appel. Cet été, j’ai eu envie de me jeter dans l’eau, de m’y glisser de sentir le poids, l’immersion, les vagues mais je n’ai pas réussi à céder. Pas encore. A noter: l’année dernière, à la veille de mes 26 ans, j’avais réussi à me baigner dans une piscine privée. Cela faisait probablement 10 ans que je n’avais pas réussi à faire ça. C’était un très grand moment d’émotion de retrouver cette sensation.

Je pense que cet appel de l’eau n’est pas uniquement lié à l’expérience dans l’eau. Etre à proximité d’une grande zone d’eau où je peux tremper les pieds me rend déjà très heureuse.

… »Trust your fucking guts Sibylle« 

Ce que j’ai appris cette année, c’est que je peux vraiment me faire confiance. Avant, je ne pouvais pas me fier à ma boussole interne car l’anxiété l’avait complètement déréglé. Avec plus d’un an de travail avec ma psychologue, je commence à enfin être à l’écoute de mon intuition (et non pas de mes peurs). Apprendre à s’écouter, à sonder ce qu’on ressent et prendre des décisions en conséquence.

Il faut que je continue à aller vers là où je sens que je dois aller car il y a quelque chose en chemin que j’ai envie d’apprendre. Toutes les expériences n’ont pas été positives, mais tous ces moments désagréables m’aident à aiguiser la finesse de mon intuition.

C’est un soulagement de se rendre compte qu’on peut se faire confiance.

On est capable.

…Connaissance de soi

Ahlalala. Encore beaucoup de temps passé avec moi même en perspective ! Qu’il est intéressant de se découvrir. Faire des choses dont on ne se croyait pas capable. Remettre en question les mots avec lesquels on se définie. Se demander pourquoi on fait tel ou telle chose. Pour qui je le fais ? Apprendre à se connaître est une étape étrangement simple et compliquée (simple : tout est déjà là en nous, compliqué : il faut être honnête avec soi même et je découvre que l’humaine aime se berner de narrations pour éviter de se regarder droit dans les yeux). L’exploration du Soi est fascinant. J’aime autant que ça me rend inconfortable. J’aime donc beaucoup ça.

…Prendre plus de photos

Je me rends compte que j’ai aussi perdu cette habitude : prendre des photos souvenirs avec mon téléphone. J’ai bien compris l’année dernière que je n’avais plus envie de trimbaler un réflex avec moi, mais j’ai vraiment envie d’avoir plus de photos du monde extérieur. Finalement, je ne prends des photos que chez moi ou pour montrer quelque chose qui m’a étonné dans la rue.

J’aimerai donc reprendre le pli d’immortaliser les jolis moments ou les jolies choses que je croise.

…Trouver mon style

Bon. En soi, c’est un peu trop radical dit comme ça. J’ai déjà un style vestimentaire mais certaines choses ne me conviennent plus. L’année dernière j’avais envie de ré-équilibrer un vestiaire majoritairement noir, bleu marine, vert foncé. J’avais envie d’inviter la lumière avec des éléments plus clairs. Un pantalon blanc est venu égayer ma penderie, par exemple. Avec mon changement capillaire, radical lui pour le coup, certaines tenues que j’adorais ne me plaisent plus autant qu’avant. Je vais garder l’oeil sur mon envie pour comprendre ce qui doit changer.

Pour l’année à venir, j’aimerais – de …

…Sorties à l’extérieur (restaurant + verres)

LE pôle de dépense que je n’arrive pas à gérer. Ca me rend folle. Je n’ai aucun self control sur ce point. J’ai envie de blâmer en partie Paris puisqu’il y est assez difficile d’avoir une vie sociale épanouissante sans se couper un bras mais c’est bel et bien moi qui fait le code de ma carte bancaire et non la ville de Paris…

Pour l’année à venir, j’aimerais autant de …

  • de yoga (mon allié contre vents et marées)
  • de temps pour moi (pour savoir où aller)
  • de lectures (pour m’inspirer)
  • d’avion (c’est-à-dire zéro)

L’importance du silence

Un pause nécessaire

Cela fait maintenant plusieurs semaines que je n’ai pas écris de nouvel article, entre temps j’ai pris la décision d’arrêter la Lettre du Weekend et je ne poste pratiquement pas sur le compte instagram. Est-ce la fin d’A la Roze ? Est-ce que cela signifie que j’abandonne le projet ? Je ne peux pas prédire l’avenir, mais ce n’est pas mon impression.

Je suis donc silencieuse depuis quelques temps.

J’ai pris peur en voyant que j’avais besoin d’espace, car nous savons tous que les projets qui durent dans le temps prennent l’ampleur qu’ils méritent, le font uniquement grâce à la persévérance voire l’abnégation de son créateur.

Alors, je me suis demandé pourquoi je n’arrivais pas à écrire ces temps-ci et pourquoi communiquer à propos de la période que je suis en train de vivre m’est si difficile.

Je n’ai pas grand chose à cacher, et s’il vous est arrivé de lire certains de mes articles les plus personnels, vous savez que je pars du principe qu’il est important de partager avec vous les aspects les moins agréables de mon cheminement dans l’espoir qu’un jour, quelqu’un, s’autorise à ressentir ce qu’il vit sans avoir honte. Mon silence n’est donc pas dû à un souhait de garder pour moi une période compliquée, loin de là.

Je répète souvent qu’il est important de s’écouter, de ne pas penser à ce que les autres pourraient dire. Lorsque j’ai ressenti mon blocage dans l’écriture des articles et des newsletters, j’ai donc appliqué mon principe: je me suis écoutée.

Tant pis si google aurait préféré que je continue à poster toutes les semaines dimanche à 8h, tant pis si les gens m’oublient sur Instagram. Tant pis. C’est pas bien grave.

J’ai vu les signaux m’indiquant un problème, j’ai écouté ce qu’ils avaient à me dire, j’ai donc pris des décisions en conséquence. Je me suis accordé ce silence.


Le silence autour de nous

Franchement, vous ne trouvez pas que nous sommes constamment entouré de bruit, de distractions, d’obligations ? Des choses qui occupent constamment notre esprit, et nous donne la sensation d’être dans un tunnel avec un tapis roulant sur lequel on doit continuer de marcher voire courir si on souhaite atteindre la sortie du tunnel. Or, ce silence, cette pause, c’est ce qui (me) permet de comprendre qu’en réalité, je ne suis pas obligée de courir sur le tapis. Je peux même me laisser emporter, sans panique, enfin, quand j’y arrive. Je peux aussi parfois m’en extirper pour le regarder de l’extérieur.

Au fur et à mesure de ces temps de pauses, on réalise surtout que ce n’est pas un tunnel sombre dans lequel on se trouve. C’est comme si enfin, après tant d’années, on prenait une lampe torche et on faisait « Wowwww mais attendez, y’a des trucs sur les murs ! ». Il y a des choses à voir, et puis au fond, arriver à la sortie du tunnel, je suis pas sûre d’avoir envie que ça arrive très vite, haha.

Le silence est rare.

Nous sommes constamment sollicité par notre travail, notre environnement, notre entourage mais aussi nos besoins physiques et matériels.


Ma période de silence

J’aimerai beaucoup partager avec vous ce que je vis en ce moment, mais j’ai un problème: je n’y arrive pas. Ces derniers mois, je ressens des changements mais pour la plupart, je n’arrive même pas à m’en rendre compte. J’ai cette impression de métamorphose, de changement de peau, de ré-alignement dont il semble à peine que je sois le pilote…

Les séances chez ma psychologue furent intenses, prenantes, déstabilisantes. C’est délicat de décrire ce processus car je ne peux que le deviner. C’est comme si je l’apercevais du coin de l’oeil sans vraiment le voir dans sa globalité, mais je vais malgré tout essayer. Il y a une chose qui arrive régulièrement: lorsque je parle avec elle de certains problèmes, il arrive que lesdits problèmes se résolvent d’eux mêmes par la suite. Pourtant, aucune solution ne semble avoir été formulée, aucun plan d’action mis en place. C’est comme si faire surgir le problème à la conscience me permettait de m’en prémunir. L’image qui me vient en tête est la suivante: c’est comme si je me baladais dans mon inconscient que l’on peut imaginer comme un très long couloir avec des portes menant à différentes pièces. Je discute, je lui montre chaque pièce, on échange à ce propos. Quand le hasard m’amène à revenir dans cette pièce plus tard, je ne me prends plus les pieds dans le tapis, je ne me cogne plus dans le coin de la table, ma manche ne se prend plus dans la poignée de porte… C’est comme si on avait arrangé la pièce pour moi en mon absence. C’est une sensation pour le peu étonnante, croyez moi.

J’en suis là: je ressens qu’il y a des changements en profondeur, des questions lourdes et difficiles qui commencent à remonter à la surface sans que je les vos encore émerger. C’est pour ça que j’ai besoin de silence. La tempête fait rage au large des côtes, et je reste planté là à me demander s’il va pleuvoir demain.

Il me faudra sûrement plusieurs mois, voire plusieurs années pour réellement comprendre ce qui se passe en ce moment, car sans recul, difficile d’analyser.


Et pour vous ?

Je ne doute pas qu’il y a des moments où le silence vous appelle aussi. Bien sûr, il faut tendre l’oreille, être à l’écoute des petits signaux qui vous disent que vous faites des choses qui ne sont pas nécessaires et qui vous pèsent. Ce que l’on oublie parfois, c’est que notre vie est ponctuée d’un milliard de minuscules choses. Il y a des choses de notre quotidien sur lesquelles nous n’avons pas de prise, mais je peux vous assurer qu’il y en a beaucoup sur lesquelles vous pouvez agir si vous prenez le temps d’y réfléchir.

Cela n’a pas été simple de me dire que j’arrêtais la Lettre du Weekend. J’aime aller au bout des choses et au début j’ai cru que c’était un échec, un abandon. Après plusieurs semaines voire mois à y penser, j’ai compris que j’en avais tout simplement fait le tour, que les choses avaient besoin de changement.

Tous les jours, nous nous engageons envers nous même. Nous faisons des choix qui nous paraissent être bénéfiques sur le long terme, mais pour cela nous savons qu’il faut y mettre du sien longtemps. Apprendre l’engagement, et surtout envers soi, c’est primordial, mais l’extrême est de s’enfermer dans ses objectifs sans les remettre à jour. Bien sûr, on peut se tromper mais changer le tir ce n’est pas revenir sur son engagement, c’est l’entériner encore plus profondément. C’est faire preuve d’humilité et se demander comment on peut changer pour le mieux en fonction du contexte qui est le notre.

Je ne sais pas si mon article fera écho en vous.

Je vous souhaite en tout cas un peu de silence pour vous aider à écouter cette petite voix qu’on a tant de mal à écouter (ou devrais-je dire que j’ai du mal à écouter) que l’on pourrait appeler instinct ou intuition.

Bon dimanche à vous ❤

2019, l’année de la libération

C’était la promesse que je m’étais faite en janvier dernier. Je ne savais pas exactement ce que j’entendais par « libération » mais c’est le mot qui s’était imposé à moi, alors je l’avais accepté comme tel.

Aujourd’hui, ce n’est pas un article de conseil. Ce blog est là pour témoigner de mon évolution dans ce grand chamboulement que je vis depuis plus d’un an. J’avais besoin d’écrire, de me débarrasser de mes sentiments.

Here we go.

La frustration d’être lente

Lâcher prise est un sujet difficile pour moi: comment lâcher prise sans avoir la sensation d’être irresponsable ? Comment ne pas mettre tout son être dans chaque action pour éviter que ça dérape ? Or, si les choses doivent déraper, elles déraperont quoi qu’il arrive.

Durant toute ma vie, une chose revient régulièrement, et c’est sûrement quelque chose qui m’embête le plus : je mets plus de temps que les autres à faire les choses et cela depuis toujours. Je ne parle pas de productivité, et de vitesse d’exécution, je parle de réussir à atteindre des palier symboliques de la vie.

Pétrie de peur, j’ai besoin de comprendre les tenants et les aboutissants pour me lancer et quand je ne ressens pas cette maîtrise, j’avance à un rythme particulièrement lent pour m’assurer de ne pas chuter.

Quel que soit le sujet, les personnes qui m’entourent avancent plus vite et je suis très très loin derrière marchant avec précaution.

Cette particularité a des avantages, bien sûr puisque j’apprends des erreurs des autres, ce qui n’est pas négligeable mais parfois, la frustration prend le dessus. En ce moment, c’est le cas. J’aimerai être différente, réussir à foncer tête baissée dans la mêlée et apprendre sur le moment, en ressortir plus forte.

Que garder, que jeter ?

Cette année, à l’image de l’année précédente me semble incroyablement importante. J’en apprends plus sur moi que toutes ces dernières années assemblées. Ce qu’il faut comprendre c’est que la découverte de soi n’est pas une partie de plaisir. C’est être constamment inconfortable car la remise en question est permanente. Ca pique de voir ses défauts, ça pique de regarder là où on en a pas envie. C’est difficile.

L’année de la libération, sonne pour moi comme une émancipation et une page qui se tourne. Dire adieu à certains comportements, dire adieu à certains doutes, certains à priori et surtout à certains mécanismes de défense désuets.

J’en suis rendue à une étape difficile. Une étape où je doute. Je n’arrive pas à entendre mon instinct, je n’arrive pas à savoir ce que je dois faire. Ma créativité m’est d’une grande aide dans ce genre de moment mais elle m’apporte aussi des milliards d’idées de contournements qui, au fond, ne m’aident pas.

Si je devais utiliser une image, ce serait comme si nous étions tous composé de pleins de cailloux avec des formes différentes. Chaque cailloux est un élément qui fait de nous la personne que nous sommes maintenant. La plupart du temps, on avance comme on peut avec tous ces cailloux mais il arrive un moment dans notre vie où on a envie de faire le ménage. On a plus ni l’envie ni la force de trimbaler avec nous tous ces cailloux. Le problème est le même que pour les participants dans l’émission de Marie Kondo: comment savoir si je dois lui dire au revoir ? Ce cailloux a été utile, a été un réconfort, un phare dans la nuit.

Qui suis-je sans ces éléments pour me définir ?

Vous vous retrouvez face à un grand panneau avec écris « JE NE SAIS PAS ».

C’est pour cette raison que c’est si inconfortable de faire sa propre rencontre et de prendre la décision de faire le ménage dans sa vie. On se sent impuissant face à cette indécision. Si vous avez déjà été chez le psy, j’imagine que ce « Je ne sais pas » épuisant résonne en vous.


Aller là où je le souhaite

Je vais vous parler de ce qui m’habite depuis des années. J’ai toujours honte de ne pas avoir encore réussi à accomplir cet objectif.

Cela fait des années que je préviens mes amis que je souhaite quitter Paris dès que j’en aurai la possibilité. Il y a plusieurs années, j’avais postulé à des emplois à Bordeaux dans l’espoir de pouvoir me rapprocher d’une région qui m’est chère. Cela me semblait on ne peut plus classique: j’allais trouver un travail qui me permettrait de trouver un logement sans trop d’encombre. Cela ne s’est malheureusement pas fait.

J’ai toujours espoir de déménager mais n’ayant jamais été dans le système classique du logement, je n’ai pas aucune quittance de loyer à montrer, et maintenant je n’ai même plus de CDI pour rassurer d’autant plus que mon activité est à son tout début. Je me sens dans une impasse à ce propos, la peur de ne jamais réussir à atteindre mon but premier. Qu’importe le nombre de visualisation que je fais, je n’y arrive pas.

Bien sûr que je n’y arrive pas : je ne fais rien pour.

Je pars perdante: je ne remplis aucune case pour trouver un logement, et mon activité ne gagne pas encore assez pour m’assurer des revenus acceptables alors j’attends que l’activité grandisse, ce qui me semble être la chose la plus logique vue la situation.

Parfois je me demande: est-ce le bon moyen ?

Milieu de l’année a sonné

Je crois toujours a tort que Septembre est le milieu de l’année. C’est juin qui m’indique j’ai déjà consommé la majorité de l’année. J’espère être à la hauteur de la deuxième partie de l’année, à pouvoir me surpasser en laissant de côté les peurs qui me freinent.

Je ne sais pas où je lisais ça, mais quelqu’un disait « Quand je ressens de la jalousie ou l’impression de ne pas être Assez, je me demande si j’échangerais ma vie contre la sienne » et si la réponse est Non, il savait qu’il était sur le bon chemin.

De mon côté, c’est pareil. Est-ce que j’échangerais ma vie contre celle de quelqu’un d’autre à l’instant T ? Non. J’ai la chance de pouvoir lancer mon activité sereinement, sans avoir de couteau sous la gorge grâce à mes économies, l’Etat et ma famille. Je rencontre des personnes incroyables grâce à mes projets de freelance, et je ne savais même pas qu’il était possible d’entretenir des relations aussi épanouissantes avec des clients. Je me sens utile et j’ai trouvé une véritable place de partenaire à leurs côtés.



Pour conclure, je me souhaite pour ces 6 prochains mois de garder le cap. De continuer encore et encore à cultiver cette patience qui me fait défaut. D’arroser toutes les graines que je plante régulièrement. Ne pas baisser les bras. Garder en tête mon objectif premier, celui de trouver un équilibre entre épanouissement personnel et professionnel. Rester positive et continuer à count my blessings. Faire de nouvelles choses même si celles que j’ai faites avant n’ont pas encore payées. Parfois le temps doit aussi faire son travail. Bref, aller de l’avant sans baisser les bras.

[Témoignage] Reprendre confiance en soi après une ré-orientation

Aujourd’hui, pour notre article du dimanche, nous allons inaugurer une nouvelle catégorie, celle du « Témoignage ». Je souhaitais créer une plateforme, un espace d’expression, où vous pourriez partager avec les autres lecteurs vos expériences. Je vous laisse découvrir ce premier témoignage avec JB, qui nous raconte comment il a vécu les difficultés qu’il a rencontré au cours de son parcours d’études supérieures.

Si vous souhaitez me faire part de votre histoire, parler d’une expérience qui vous a fait du bien, ou vous permis de vous rendre compte de votre propre force, n’hésitez pas ! Vous pouvez bien sûr garder votre anonymat si vous le souhaitez. Envoyez tout simplement votre témoignage à sibylle.roze@gmail.com

Prêt pour cette première lecture ?


Hello Sibylle, et bonjour tout le monde. Tout d’abord je tiens à remercier Sibylle pour me donner l’opportunité de parler de mon parcours, et en particulier comment j’ai vécu les passages plus difficiles et comment j’ai surmonté tout ça.

Je vais commencer par le début si vous le voulez bien. 🙂 Quand j’étais gamin, j’avais pas mal de facilité à l’école, en particulier au début du collège où j’avais des bons résultats sans vraiment avoir à forcer. Naturellement, quand tu n’as pas besoin de forcer à l’école, personne ne s’inquiète pour toi, tout roule, et tu n’apprend pas non plus à… apprendre ! Résultats : Quand je suis arrivé au lycée, ca a été une grosse claque. Mes résultats dégringolaient et je savais pas vraiment quoi faire de plus. Je vous passe les moments de déprime, de repli sur soi et d’addiction aux jeux-vidéos qui ont suivi, c’est un peu baddant haha. Ce dont je veux vraiment parler, ce sont les moments d’introspection que cette situation a provoqué.

A l’époque, j’aimais le dessin, l’anglais, et c’est tout. Comme j’avais fait une formation « scientifique » j’ai voulu m’orienté vers des études en lien avec ce domaine. L’architecture me semblait être une bonne option. Je n’avais pas vraiment de passion pour ce domaine, je n’avais pas ce « feu sacré » que certaines personnes ont pour leur métier (en particulier créatif). Alors tout bêtement je ne me suis pas posé de question, je me suis dit « pourquoi pas ? ». C’est en en discutant avec ma prof d’arts platisques de l’époque que j’ai decouvert le design, une discipline que je ne connaissais pas du tout. Je me souviens avec amusement de sa réaction lorsque je lui ai annoncé que je pensais faire une école d’architecture : « Toi ? Architecture ? Alors là mais non ! Pas du tout ! Tu devrais jeter un oeil à l’Ecole de Design de Nantes. »

Quelques mois plus tard je rejoignais les rangs de l’EDNA après avoir réussi le concours d’entrée.
Ce qui est bien quand on y connait rien dans un domaine dans lequel on se retrouve plongé dès le début, c’est qu’on a pas trop le choix que d’apprendre très, très vite, et pour ca je ne regrette pas du tout d’avoir choisi cette école. A une époque où je n’avais pas vraiment confiance dans mes capacités en dessin ou en conception d’idée, cette école m’a donné les bases pour « apprendre à penser » comme un designer. J’entends par là apprendre la méthode Design, la maîtrise des outils, etc. Tout ça boost la confiance en toi et c’est vraiment parfait pour avoir une base solide de connaissance.

Les difficultés ont commencé à apparaître vers ma 3e année.

Un peu comme un miroir, j’ai eu l’impression de revivre les mêmes difficultés que j’ai eu lorsque j’étais au lycée. J’étais de moins en moins sûr de ce que je voulais faire de ma vie. Les compétences qu’ont m’avait autrefois apprises en design semblaient maintenant m’étouffer et me restreindre.

J’étais de moins en moins assidu en cours. Bref j’étais un peu paûmé, et la déprime refaisait surface. Mes résultats étaient pourris et je n’avais plus la motivation de continuer.

S’en est suivi un renvoi, un long stage dans une start-up (très formateur, mais peu épanouissant) et beaucoup de doutes, tout ça en l’espace d’un an. J’ai ensuite réussi à rejoindre les rangs d’une seconde école, l’Ecole de Communication de Nantes mais cette fois non pas en graphisme mais en publicité. Ce qui rend ce moment particulier, outre la ré-orientation qu’elle a amené, c’est que j’ai dû rejoindre l’Ecole en 3e année, et non en 4e année (l’année ou j’ai quitté mon école précédent).

Cette sensation d’avoir « rétropédalé » et de perdre 3 ans de mes études à travers ces changements de cursus, je l’ai longtemps vécu comme un échec. Ça peut paraître un peu con, avec le recul, parce que j’ai eu la chance de faire de belles études avec le soutien de ma famille et de mes proches (merci Papa, merci Maman pour les sous <3), mais c’est pourtant vrai. Pendant que mes potes finissaient leurs études, je me retrouvais sur le carreau, sans diplôme. Pendant que ces mêmes potes rejoignaient leurs premiers jobs, je revenais sur les bancs de l’école… avec 3 ans à rattraper.

J’aime bien dire que je me compare jamais aux autres, que je déteste ça, que c’est pour les fragiles… Mais c’est pourtant un truc que je fais de manière involontaire, et ca m’énerve beaucoup ! On le fait tous à un moment ou à un autre. Mais ca peut être très dévalorisant. Ca sappe un peu l’estime qu’on a de soi, d’autant qu’on vit à une époque où c’est difficile de ne pas savoir ce qui se passe dans la vie des autres. Bref, fin de l’histoire : j’ai serré les dents, j’ai fini mes études, j’ai rencontré des gens formidables et je me suis fait un sacré paquet de potes.

Dans l’absolu, je pense que c’est un problème qu’on est très nombreux à affronter. C’est facile de regarder son objectif, de le comparer à celui des autres et de se dire « j’y arriverai jamais, j’suis pas comme les autres qui sont balèzes et moi j’suis une merde. » On perd notre objectivité et on s’imagine qu’on est tous fait pareil, qu’on a tous vécu la même chose, qu’on a tous les mêmes chances, et que si tu te vautres c’est 100% TA FAUTE. C’est pas vrai. C’est des conneries.
D’une certaine manière je pense qu’on nous conditionne un peu à ça. A se comparer aux autres, et à s’imaginer qu’il n’existe qu’une seule voie, et que si on s’en éloigne on va se retrouver seul au monde, face à vents et marrées. Dans le domaine artistique, personne n’a le même cursus. J’irai même jusqu’à dire que les gens qui ont des parcours atypiques et « risqués » font partie des gens les plus intéressants que j’ai pu rencontrer et travailler avec. Si vous deviez retenir un seul message de ce petit temoignage, ce serait ca : Inspirez-vous des meilleurs, cotoyer des gens qui vous tirent vers le haut, mais ne vous comparez pas à eux ni à d’autres. Ne cherchez pas à devenir la copie de quelqu’un d’autre.

Parmi la liste des trucs qui m’ont redonné confiance en mes capacités, je peux citer en vrac : la rencontre de créatifs plus talentueux que moi qui m’ont redonné l’envie d’être curieux et l’envie d’apprendre, les défis qu’ont su m’imposer mes profs sentant mon potentiel et ma capacité à les relever, mon maître de stage qui me dit « j’aime bien bosser avec toi, t’as pas le niveau d’un stagiaire de base. » ou encore ma directrice, après ma remise de diplôme, m’annoncer le sourire aux lèvres « Tu n’es pas là par hasard. » Moi qui suit victime du célèbre « syndrome de l’imposteur », c’est rassurant, ça fait chaud au coeur. 🙂

-JB

Ne pas atteindre ses objectifs: comment vivre la déception

C’est un sujet que j’évoque régulièrement dans La lettre du Weekend: je me mets régulièrement des objectifs chiffrés sur divers sujets mais je ne les atteint pas toujours. Pour être honnête, je ne les atteint même plutôt que rarement. Lorsque je les définis, je mets un peu au pif là où j’aimerais être à tel moment. Ces objectifs sont-ils réalistes ? Je n’en sais rien, et je découvre avec le temps que je mets potentiellement la barre trop haut, trop vite. Je suis donc confrontée à cette situation: cette peur qui nous fait frémir, je nomme l’échec.

Bon. L’échec est un mot qui est trop dramatique pour coller à ma situation mais c’est le sentiment qui peut poindre lorsque nous n’arrivons pas là où nous l’aurions souhaité. Il m’arrive de me remettre complètement en question en me demandant si je fais les choses mal, si finalement je n’ai tout simplement pas les capacités, et toutes les phrases traditionnelles dans ce genre de moment. Vous connaissez l’histoire !

Or, je pense que là réside un élément fondamental : on peut décider de baisser les bras ou on peut décider de remonter ses manches et redonner un coup de boost pour s’améliorer.

Et… Rebelote, on atteint toujours pas l’objectif et la frustration grandit. Idem, est-ce- que je baisse les bras ? Est-ce que je mets en place de nouvelles méthodes ?

La force mentale rentre en jeu. Le terme « être challengé » prend tout son sens. Bien sûr, il faut savoir lâcher prise lorsqu’on est dans une impasse depuis longtemps et qu’on ne voulait pas le voir. Néanmoins, sans ces obstacles, ces déceptions, ces remises en question: comment pourrais-je grandir ?

Alors voilà, aujourd’hui, un article pour me rappeler et vous rappeler ce que l’on peut faire lorsqu’on atteint pas nos objectifs et que l’on se retrouve bien maussade face à cela.

En parler avec quelqu’un de confiance

La première personne à qui j’en parle, c’est mon copain. Tous les mois c’est la même histoire, j’arrive la patte traînante, l’œil humide « je n’ai pas encore atteint mon objectif 😦 » et je lui fais part de toutes les choses qui m’ont déçues ce mois-ci. En général, cela tourne autour de pistes pour lesquelles j’avais un enthousiasme débordant et que ne se sont pas concrétisées. C’est pourtant le jeu, mais à chaque fois je le vis comme si c’était la première déception. « J’aurai tellement aimé ! ». C’est la vie, ma pauvre Lucette. Parfois on gagne, parfois non.

Mon copain a toute ma confiance et a le recul nécessaire pour voir tous mes efforts ainsi que me rappeler tout ce que je mets en place en parallèle. Il a les mots justes pour me remonter le moral dans ces moments de doute. Grâce à sa présence, je reprends confiance.

Dans le jeu pour lequel j’ai signé, il faut savoir se relever, encore et encore.

Si vous vous trouvez dans cette situation, je vous encourage à trouver quelqu’un auprès duquel vous n’avez pas honte d’avouer votre « échec » ou tout du moins votre déception. Quelqu’un dont vous savez la sincérité, la bienveillance et qui saura vous dire les mots qu’il faut.

Nous avons envie que les gens voient nos réussites mais moins nos faiblesses, c’est normal, donc certaines personnes peuvent avoir tendance à tout garder pour elles. De mon côté, il me semble plus sain d’extérioriser mon ressenti. Dans le cas contraire, j’aurai la sensation de pourrir de l’intérieur. Besoin d’une bonne purge régulière.

Voir le chemin accompli

Voir le positif, on y revient encore ! En écrivant ces lignes, je me demande si au lieu de m’acharner sur mon objectif non atteint en fin de mois, si je ne devrais pas prendre le temps de noter tous les signes positifs que j’ai pu observer ainsi que toutes les choses mises en place pendant le mois écoulé.

La tendance (humaine ?) est de voir là où ça a cloché. Cela nous permet bien entendu de prendre note et donc de nous améliorer mais cela peut avoir comme effet de gommer toutes les choses qui envoient un bon signal.

Il y a pleins de sujets qui me rendent fière. Pourquoi ne sont-ce pas ceux-là qui me viennent en tête ? Parce que c’est difficile de se satisfaire de quelque chose, quand une autre chose, qui nous semble d’autant plus importante, n’est pas accompli. Pour m’expliciter, la réflexion qui me viendrait en tête serait la suivante « Ah. Bah, bravo. Tu te contentes de ça ? Fais gaffe à pas devenir une flemmarde. »

Je pense que nous pouvons facilement admettre que cette pensée n’est pas le terreau d’un avancement serein vers ses objectifs. Alors, peut-être, devrais-je apprendre à admettre le négatif mais dans le même temps admettre le positif, sans que l’un vienne polluer l’autre.

Se questionner régulièrement

Courir après un objectif et oublier de se questionner régulièrement, c’est se mettre à l’avant de la triste situation où on se rend compte une fois le trésor atteint, que finalement… on s’en fout.

La remise en question me semble pouvoir être de plusieurs ordres: d’abord se demander si nous sommes toujours en accord avec notre aspiration de départ. Est-ce qu’on a toujours envie d’y arriver ? Est-ce que cela a encore du sens ? Et dans le second temps, une fois que la réponse à ce questionnement est positive, nous pouvons nous demander s’il n’y a pas d’autres méthodes que nous n’avons pas testé qui peuvent nous aider à atteindre ledit objectif. Que peut-on mettre en place de différent ? Rien ne dit que notre nouvelle tentative sera couronnée de succès, mais au moins, nous aurons appris en chemin.

Est-ce que vous aussi vous avez été mis face à ce challenge ? Ne pas réussir à atteindre votre objectif dans le temps que vous vous étiez fixé initialement ? Qu’avez-vous fait pour y arriver ? ou comment avez-vous su que c’était le moment d’arrêter dans cette voie ?

J’espère que ces mots trouveront écho en vous, et que cela pourra d’une manière ou d’une autre vous aider à mettre un peu de baume au coeur face à cette frustration.

Moi aussi j’ai peur de l’avenir

Je vous l’ai déjà évoqué plusieurs fois mais le temps qui passe me terrifie. Je compte les jours, je compte les mois et je ne vois pas les objectifs que je me fixe être atteints. J’ai toujours cette sensation que l’avenir ne peut pas être meilleur que le présent que je vis et cette angoisse me grignote petit à petit. En écrivant ces lignes, je ressens comme un vide. C’est la peur, la peur profonde d’échouer. Je me vois évoluer sur certains plans et stagner sur d’autres qui me semblent cruciaux et ça m’inquiète.

Au moins, je ne regrette rien. Je ne me dis pas « et si j’avais fait ça ? » car rien n’aurai pu se passer différemment. Ce qui a été fait devait l’être à ce moment là. Je le sais. Le passé est derrière moi et ne me dérange pas. Ce sont les éléments plus ou moins tangibles desquels je peux extraire des leçons.

Mais l’avenir… Je préfère souvent ne pas y penser car je ne me sens pas à la hauteur de mes aspirations qui sont pourtant si banales.

Je vais vous le dire de quoi j’ai peur : de me retrouver sans le sous au moment de ma retraite, de devoir me nourrir au minimum voire d’être à la rue. J’ai peur de finir SDF. J’ai peur de devoir vivre au crochet de la société et de mes parents encore quelques années. J’ai peur que ma famille me tourne le dos car je n’arrive pas à vivre confortablement par moi même. J’ai peur que mes amis me trouvent inférieure car je ne gagne pas autant qu’eux. J’ai peur d’avoir un accident et de perdre mes capacités physiques et mentales. J’ai peur d’avoir un cancer. J’ai peur de mourir. J’ai peur de finir seule car aucun homme n’aura accepté d’aimer une personne ne souhaitant pas d’enfant. J’ai peur que si je ne fonde pas de famille, personne ne sera là pour s’occuper de moi pendant mes vieux jours puisque je suis la dernière de la famille. J’ai peur de ne pas réussir à devenir propriétaire alors que je le souhaite si fort, depuis si longtemps. J’ai peur de ne pas être capable de subvenir à mes besoins. J’ai peur de ne jamais avoir d’animal de compagnie. J’ai peur de ne jamais réussir à être indépendante. J’ai peur du déclassement social. J’ai peur de ne pas devenir l’exemple de réussite que je souhaite devenir. J’ai peur de perdre la vue ou l’usage de mes mains.

Si vous saviez comme j’ai peur.

Néanmoins, je sais que ce sont les règles du jeu lorsqu’on décide de ne pas prendre le chemin conventionnel. Alors j’essaye de museler tant bien que mal ces peurs pour qu’elles n’entravent pas mon avancée car le pire serait de se saboter. Ces peurs ne doivent pas me paralyser.

Au moment où j’écris ces lignes, je regarde des chiens jouer ensemble avec leurs humains à côté. Je ne peux pas aller « participer » puisque je ne suis pas propriétaire de chien. J’ai déjà l’air assez folle comme ça, pleurant seule dans le par, je ne vais pas en rajouter une couche en allant les voir, l’oeil humide en leur demandant si je peux jouer avec leurs chiens. Je peux regarder au loin mais il y a cette distance fondamentale entre eux et moi.

Ecrire toutes mes peurs ci-dessus m’a rendu très sensible. J’ai les larmes aux yeux car déverser ce qui inquiète bouleverse. Et je me demande « C’est si difficile que ça d’avoir un lopin de terre et un chien à promener ? », « Pourquoi est-ce- que je n’y arrive pas ? », « Pourquoi je bloque ? », « Pourquoi est-ce que cela me met dans un tel état de voir des gens avec des chiens ? », « Qu’est-ce-que ça veut dire ? ».

Je pense à certaines de mes connaissances qui liront ces lignes mais n’aimant pas les animaux me penseront folle.

OK. Retournement de situation en pleine rédaction de cet article: un chien vient de courir jusqu’à moi, sûr de lui, traversant le parc comme une flèche pour venir me dire bonjour, se faire gratouiller le dos et me montrer son ventre. Voilà pourquoi j’ai un tel lien avec ces créatures. Vous vous sentez mal ? Vous pleurez ? Ils ne vous connaissent pas mais se dirigent droit sur vous pour un petit shoot de bonheur. Ils sont contents, et la joie revient. Merci petit doggo d’être venu à moi pendant que je séchais mes larmes.

Revenons à notre sujet principal avant cette interlude canine. La peur. Je vois bien toutes les peurs que j’ai affronté les unes après les autres tout au long de l’année. Je vois toutes les victoires qui me permettent de m’affirmer un peu plus chaque jour. Je vois les signaux positifs qui balisent le chemin. J’ai la conviction d’être là où j’apprends le plus car je suis obligée de voler de mes propres ailes. Je surmonte des épreuves dont je ne me savais pas capable il y a de ça 1 an.

Ces deux polarités (la peur et le dépassement de soi) me mettent dans une situation inconfortable. Je me pose beaucoup de questions du type « Devrais-je faire plus ? » lorsque j’éteins mon ordinateur ou encore « Devrais-je être plus rapide ? » quand je passe du temps sur un sujet qui ne me ramène pas d’argent directement (comme écrire un article par exemple).

J’imagine que c’est cela aussi, grandir. Garder le cap malgré l’inconfort. C’est peut-être cela aussi, de développer son mental. Pourtant, je déteste toujours autant travailler mes abdos au yoga, haha. Trouver son centre, le confort dans l’inconfort, j’y n’y suis pas encore.

Que faire de mes émotions négatives ?

J’ai essayé plusieurs fois d’écrire cet article avec une structure traditionnelle avec plusieurs sous-titres et une avancée mais je n’y arrive tout simplement pas donc let’s go with the flow. On verra bien ce que ça donne.


Je parle beaucoup sur ce blog des choses que j’ai mis en place pour encourager et souligner mes émotions positives, mes nouvelles habitudes pour améliorer mon bien-être, tout le cheminement qui a comme but de me découvrir ainsi que mes forces et en conséquence, être mieux dans mes baskets.

Or, là-dedans, il manque quelque chose: les émotions négatives. Quid ? Qu’est-ce que j’en fais ? Sont-elles éradiquées dans le processus ? Bien sûr que non. Ce n’est pas le but.

J’ai apaisé beaucoup de choses cette dernière année mais il y a un noyau plus profond que je n’ai pas encore atteint. Un noyau qui contient toute ma rage et qui parfois rugit. Je n’arrive pas à mettre des mots justes sur ce noyau car tous ceux qui me viennent en tête me semblent toujours déplacés, disproportionnés ou trop doux dans le cas inverse.

Ce noyau de colère, je le ressens lorsque certains sujets viennent sur le tapis. Je ne vais pas me mettre à hurler contre quelqu’un ou à partir dans des diatribes, c’est plutôt une sensation de douleur profonde que le sujet me provoque. Au final, le mot qui se rapproche le plus, c’est celui là: la douleur. C’est quasiment physique. Le coeur qui bat plus vite, la tension qui monte.

Vous savez pourquoi je ne sais pas quoi faire de cette colère ? Car elle n’a pas de sujet. C’est une douleur diffuse, incompréhensible. Je ne peux confronter personne.

Je sais quels sujets me provoquent cela, je comprends à peu près les sentiments qu’ils créent en moi mais je ne sais pas quoi en faire.

Comme vous avez pu le lire dans des articles précédents, j’ai déjà réussi à plus ou moins faire la paix avec les émotions handicapantes comme celles provoquées par l’anxiété. Les moments d’angoisses sont toujours présents mais ils viennent par période, comme des vagues. J’apprends maintenant à les voir comme des compagnons de route qui pointent du doigt un sujet que je dois aborder mais que j’ai préféré ignorer jusque là.

Ce sur quoi je bute, c’est vraiment la colère. Il y a des choses qui me donnent la sensation d’héberger Hulk en moi, d’avoir un incendie qui s’allume si rapidement et si fort que j’ai envie de mener une révolution. Malgré tout, je me méfie de cette flamme, car même si ses intentions sont toujours louables , elle ne vient pas « du bon endroit ». Elle vient de là où se trouve la vengeance, la prise de pouvoir, l’écrasement de l’autre. Ce n’est pas une partie que je souhaite écouter.

Plusieurs mots associés me viennent en tête, comme « pardon », « guérison » mais ce n’est pas encore l’heure pour moi. Je m’en sens très loin. Je ressens encore l’envie de faire justice par moi même. Je ne saurais même pas qui pardonner, ni pour quoi. (ce n’est pas aussi simple, mais pour la clarté de cet article, nous dirons ça)

Quand cette colère se fait sentir, c’est comme se prendre les pieds dans un rayon de vélo, on est pris dans l’engrenage et on est obligés de faire plusieurs tours avant de pouvoir redescendre. Il me faut du temps pour laisser partir le sujet de ma colère.

Je suis déjà tombée sur quelques suggestions du type: écrire ce qu’on a tout au fond de son coeur dans une lettre pour ensuite la brûler. Sauf que j’ai très peur du feu alors je ne me vois pas faire ça (et je ne suis pas sûre que la déchiqueter me provoquera la même sensation que la voir se consommer sans mon action).

Comme beaucoup de ces articles plus axés « réflexions », je n’ai pas de conclusion car je n’ai aucune solution, aucune idée, aucun avancement. J’observe, je note, je garde la trace du processus.

Je vous tiens au courant si je vois du nouveau 🙂

A la semaine prochaine,

Sibylle