1 mois sans Instagram

Le mois de septembre fut un peu particulier : c’était ma première rentrée dans le nouvel appartement où j’habite, mon anniversaire (28 ans, youhou) et un mois où j’ai voulu prendre de la distance avec Instagram dont mon utilisation devenait de plus en plus ingérable. Si vous me lisez depuis quelques temps, j’imagine que vous n’êtes pas surpris puisque je passe ma vie à remettre en question mes habitudes et ma consommation au sens large. Cette démarche n’est jamais dans l’optique de me culpabiliser, mais d’aller chercher plus loin la cause de mes comportements. Il est fascinant de se demander le pourquoi du comment, et de prendre un pas de côté sur des sujets qui paraissent parfois évidents. Nos comportements même les plus basiques peuvent dire des choses sur nous, notre éducation, notre vision du monde. Je comprendrais que certains trouvent que je me prends la tête pour rien (on ne va pas se mentir, ça arrive de manière régulière) mais je ne coupe pas à la tradition : j’ai envie de comprendre et d’analyser ma relation à Instagram. 

Mon Ressenti 

Tout d’abord, quel est mon ressenti d’être partie de cette plateforme pendant 1 mois ? 

J’ai adoré. J’ai tout simplement adoré être loin d’Instagram. Je crois que cela est lié avec le fait que je me trouve dans une période qui me semble assez particulière : j’ai 28 ans et tout semble basculer autour de moi. Les bébés arrivent, les familles se forment, les appartements s’achètent… Malheureusement, même si j’ai l’avantage de savoir ce que je veux dans la vie, je reste bien malgré moi perméable à la pression sociale. Et là je la vois bien. Ce qui me frappe le plus est le fait qu’elle m’oppresse de jour en jour alors que… cette pression il n’y a pas UNE personne qui la crée. Elle est diffuse. Elle est sous entendue (parfois). 

Donc, revenons à nos oignons. 

Instagram. 

Mon souci est donc que je ne suis pas imperméable. Quand il y a quelques gouttes de tous ces beaux visuels, ces présentations magnifiques, ces gens qui semblent si intéressants, je maintiens le contrôle de ma barque. Quand ce ne sont plus quelques gouttes mais des torrents d’informations qui me tombent dessus, ça commence à s’infiltrer sous ma peau. C’est vicieux parce qu’on le sent à peine venir. Il faut beaucoup d’écoute de son corps pour sentir les très légères gênes ressenties face à telle ou telle photo. La comparaison fait son oeuvre dans les coulisses et ça a un impact même si on ne s’en rend pas compte tout de suite. Je crois que c’est cela qui m’a le plus étonnée. Qu’importe le nombre de tri que je fais dans les comptes que je suis, qu’importe si je ne vois que les comptes de mes proches, mon cerveau semble avoir pris l’habitude de se comparer. 

Je me demandais ce que serait ma vie sans instagram. 

Est-ce que j’achèterais autant d’objets ?
Est-ce que je m’habillerais autrement ?
Est-ce que mes envies changeraient ? 

Autrement dit, qu’est-ce qu’il se passe lorsque je m’expose à moins d’images au quotidien ? 

Eh bien, la réponse c’est que j’étais bien. Heureuse. Je ressentais le contentement de ma vie. 

Dans « la vraie vie », je ne me compare pas aux amis que je vois ou aux inconnus dans la rue.
Dans « la vraie vie », je ne remets pas en question mes aspirations fondamentales.
Dans « la vraie vie », je ne ressens aucune pression.
Dans « la vraie vie », je mène ma barque et j’en suis heureuse.
Dans « la vraie vie », je suis pleinement moi sans douter. 

Alors pourquoi ça dérape toujours sur instagram ? 

Bien sûr il y a une part d’expérience personnelle. D’autres personnes ne vivront peut être pas cela. Néanmoins, si je parle de cela c’est que je sais que je ne suis pas seule à ressentir ces émotions complexes face à Instagram. J’en parle pour que personne n’ait honte de constater chez lui ce comportement de comparaison alors qu’il se pensait « au dessus de ça » : c’est humain. Lorsqu’on voit des CENTAINES d’images travaillées par jour… Ca nous impacte. C’est normal. L’essentiel c’est d’apprendre à s’écouter à débusquer les pensées néfastes.

N’être « connecté » qu’à sa vie 

Pendant mon absence, une image m’est venue en tête pour parler d’instagram.

Soudain j’ai vu instagram comme une manière d’être connecté à pleins de lignes temporelles différentes. A chaque image, mon cerveau se débranche de MA ligne temporelle pour se connecter à celle de l’image devant moi. Mon cerveau vit quelques millisecondes dans cette autre ligne temporelle puis fait de même à la photo suivante. Comme si on absorbait à chaque fois un petit peu la vie de quelqu’un d’autre. 

Pas d’instagram, pas d’autres timelines. 

Juste notre vie. Aussi simple que cela. 

Ma propre vision des choses, mes propres envies, mon propre ressenti. Rien d’autres. 

Il n’y a plus à chercher, si on ne se sent pas proche de soi, décentré, perdu, il faut tout couper. Faut plus être joignable. 

Etre centré était évident pendant cette période. Y’avait même pas à essayer. L’espace pour soi que l’on peut trouver en yoga était toujours avec moi. Jamais parasité. 

Du temps gagné 

ALORS LA. Le pire dans cette histoire c’est que je ne crois pas être quelqu’un « pendu » à son téléphone à checker instagram toutes les 30 secondes. Je n’imagine pas le soulagement que cela pourrait être d’arrêter pour quelqu’un qui y passe plus de temps que moi. Ce n’est pas compliqué, on a du temps pour tous les loisirs pour lesquels on n’en trouve pas habituellement. Pas de DM à répondre, pas de commentaire, pas de like surprise qui nous provoque u petit shoot, pas de légende à créer, pas de story à regarder… Aaaah mais c’est qu’on le managerait presque ce compte ! 

Pendant ce temps loin de tout ça, j’ai réalisé que même quelqu’un qui ne partage rien sur ce réseau peut passer un temps monstrueux dessus à consommer du contenu ou à intéragir avec ses amis, à commenter un post de quelqu’un qu’il apprécie, ou encore à découvrir de nouveaux comptes dans l’onglet découverte… Aie, Aie, Aie. Personne n’est à l’abri. 

Les comptes qui me sont précieux 

Pendant ce mois à l’écart du bruit que provoque Instagram, j’ai pensé régulièrement à plusieurs comptes dont l’activité me manquait. Cette pause m’a donc permis de me rendre compte des comptes qui m’apportaient réellement quelque chose. Ceux avec lesquels mon cerveau ne se compare pas mais dont j’apprécie sincèrement l’apport. 

Ne les ayant pas notés au fur et à mesure je crains d’en oublier, mais si mes souvenirs sont bons, les comptes que j’étais heureuse de retrouver furent : @manonlecor, @leigheasan, @parolesdeyogis, @joseeannesarazincote, @mangoandsalt. Il y en a sûrement d’autres mais ce sont les premiers qui me vont venus à l’esprit, alors laissons ça comme ça. 

Retrouver une clarté d’esprit 

S’il n’y avait qu’une chose à retenir de cet article, ce serait que si vous manquez de clarté d’esprit, demandez-vous s’il y a des choses dont vous pouvez vous départir dans votre quotidien pour mieux vous retrouver. Il suffit parfois de supprimer quelques applications, ou ne plus aller sur certains sites pour finalement y voir plus clair.

Si chaque nuage était l’avis de quelqu’un, avec tout ce que l’on voit tous les jours en allant sur les différents réseaux sociaux, il ne nous serait plus possible de voir le ciel DU TOUT. Ce serait un ciel couvert toute la journée. Alors rendez-vous service.  

Et maintenant ? 

Pour l’instant j’oscille encore. J’ai re-supprimé l’application car dès que je l’aie sur mon téléphone, je me retrouve à regarder régulièrement s’il y a du nouveau. Pour l’instant je me laisse juste la possibilité d’aller sur la version web qui ne me provoque pas du tout le même comportement. A voir si je change d’avis avec le temps ! 

Pour conclure, je ne peux que vous encourager à analyser votre consommation des différents sites ou applications que vous utilisez au quotidien. Il se pourrait que vous ayez de mauvaises surprises en découvrant que vous passez beaucoup plus de temps que vous n’auriez imaginé dessus ! 

Créatifs: gérer son doute

Je souhaiterai aujourd’hui parler d’un schéma tout simple dont on m’avait parlé lorsque je travaillais dans une agence. Ce schéma avait beau être simple comme bonjour, il m’avait créé un déclic vis-à-vis de la tendance des créatifs au perfectionnisme.

Les métiers créatifs font appel au subjectif, à notre oeil esthétique et fonctionnel. Même lorsqu’il projet est fini, vous pouvez ressentir un doute. Vous auriez toujours pu faire quelque chose différemment. L’ombre du projet révolutionnaire qui ne nous est pas venu plane sur notre inconscient. Ai-je été suffisamment créatif ? beau ? impactant ?  mémorable ? Aurai-je pu trouver un idée qui aurait donné une dimension supplémentaire au projet ?

Nous voulons montrer le meilleur de nous même. Nous souhaitons être fiers de chacun de nos projets et sentir que ce que nous avons créé est le fit parfait pour le projet.

Cette pression que nous nous mettons au quotidien peut provoquer le doute. Le risque est de ne plus réussir à « lâcher le morceau » car nous sommes persuadé que nous pourrions mieux faire, que si nous continuons à chercher nous réussirons à atteindre ce moment béni où nous savons que tout est à sa place et que rien ne doit être changé. Certains se mettent donc à gamberger à une étape de la conception voire même à prendre du retard sur le projet.

Le schéma qui se trouve en photo principale me permet de toujours remettre mon problème en perspective avec la problématique globale du projet que je traite.

Le schéma prend en compte la notion de temps, ce qui nous amène à une notion de productivité… Ce qui peut être un sujet houleux dans nos métiers (je pense en parler dans un prochain article). Ce qui m’intéresse dans ce schéma, qui est certes tout à fait arbitraire et non vérifiable mais qui est pertinent à mon sens, c’est qu’à partir d’un moment, nous commençons à perdre notre temps. La qualité n’augmente pas proportionnellement au temps que nous y passons.

Au début de la création, c’est là que nous avons le plus valeur ajoutée car nous installons les bases, nous sommes dans la phase de recherche et de création, nous passons du non existant à l’existant. Je sens que je change de phase au moment où je me prends la tête pour savoir si je mets quelque chose quelques pixels plus haut ou quelques pixels plus bas et que par dessus tout, j’y reviens encore et encore ! Passer une heure à faire, puis défaire, puis refaire… Nous l’avons tous fait, et maintenant, je le vois comme une perte de temps.

Quand je commence à aller dans une boucle comme celle-là, je repense à ce schéma et je me demande: « Est-ce que cette modification change réellement quelque chose ? Aide-t-elle à la compréhension ? Est-il nécessaire pour mon projet dans sa globalité ? Quelle est la problématique initiale ? », etc.

Cela peut aussi être utile lorsque nous avons des vagues et des vagues de retours sur des petits détails sans valeur ajoutée. Travailler sur le détail n’est pas une mauvaise chose, qu’on me comprenne bien, mais faire quinze, voire trente retours sur le même point me semble en être une.

Parfois, nous devons donc nous faire confiance. Faire confiance en notre oeil créatif. Nous avons fait telle chose à cause de X ou Y raison. Demandez l’avis à une personne en qui vous avez confiance quel est son avis pour voir s’il bute sur le même détail. Prenez en compte ses propositions de retours, car vous savez qu’ils sont pertinents. Apprenez à lâcher prise. Il y a une marge entre ce que nous avons en tête, et ce que nous créons. C’est la frustration ultime, et nous travaillons pour la réduire au maximum mais il ne faut pas que cela devienne un piège dans lequel nous sautons à chaque projet.

À très vite,

Sibylle

Interview Créa #1 – Manon Lecor

Nous inaugurons aujourd’hui une nouvelle catégorie sur ce blog : L’interview Créa ! Mon but étant de partager avec vous des portraits de personnes créatives exerçant des métiers différents les uns des autres. J’aimerais que l’on y discute de nos méthodes de travail pour créer, nos inspirations, nos blocages, nos doutes… Que vous exerciez un métier dit « créatif » ou non, vous pourrez vous y retrouver, découvrir comment ces personnes abordent leurs projets et même parfois tomber sur un mot, une phrase, qui résonnera en vous et vous aidera à avancer sur vos propres projets.

Pour cette tout première interview, je suis très heureuse de vous présenter celle de Manon Lecor ! Vous avez pu voir dans mon précédent article Minimalisme #2: blogs & réseaux sociaux qu’elle faisait partie des personnes qui m’inspirent au quotidien. Manon tient donc un blog sur le minimalisme, le zéro déchet et la mode éthique. J’aime son franc-parler et surtout son refus de rentrer dans une case bien définie. Elle n’hésite pas à mettre les pieds dans le plat quand elle en ressent le besoin, et j’apprécie cette envie de ne pas être une « vitrine » bien propre, bien lisse de soi-même sur les réseaux sociaux.

Pour cette interview nous allons nous intéresser à son travail d’écriture car Manon est aussi écrivain. En parallèle avec son activité en auto-entrepreneur de formation en réseaux sociaux et rédaction web, elle a publié son premier roman « Quand s’en ira la peur ». Elle est en ce moment en plein travail d’écriture sur de nouveaux manuscrits et son prochain roman ne devrait pas tarder à trouver maison d’édition à son pied. C’est en tout cas tout le bien que je lui souhaite !

Pour commencer, te considères-tu comme une personne créative ?

J’ai mis du temps à l’admettre mais oui ! Il faut bien le dire, je suis une personne qui s’épanouit dans la création. Pour mon cas, ce sera surtout l’écriture et la photographie, parfois le dessin. Avec du recul, même j’ai toujours été dans cette logique de « création » mais sans le savoir évidemment car personne ne vient nous dire un jour « dis donc, quelle créativité ! ».

Pour beaucoup de personnes, il est difficile de se lancer dans un projet créatif (comme celui d’écrire un livre). As-tu eu du mal à te lancer dans l’écriture de ton premier roman ?

Se lancer n’est pas le plus dur. Le plus dur c’est d’aller au bout. Quand j’ai commencé à écrire mon livre, j’étais dans une période calme, une période « de rien », j’avais du temps et j’ai commencé à écrire quelques lignes sur mon ordinateur. Puis ça a donné une vingtaine de pages. J’ai alors compris que quelque chose pouvait naître… Et c’est là où la difficulté commence. Comme un footing qui commence comme une promenade et qui se transforme peu à peu en marathon, ce serait dommage de ne pas franchir la ligne d’arrivée.

Maintenant que tu en es à l’écriture de ton quatrième roman, as-tu trouvé la méthode de travail qui te convient pour écrire ?

J’ai écrit 2 romans, l’un est publié, l’autre est envoyé aux maisons d’édition. Je travaille sur deux autres manuscrits en même temps. Pour le premier, je n’ai eu aucune méthode et ça a rendu la tâche bien plus douloureuse. Pour le deuxième, j’ai appliqué une méthode. Élaborer un plan et mon idée était aussi plus précise. Pour le troisième, je suis en roue libre et le quatrième, je fais comme pour le deuxième : un plan précis et en plus une discipline de fer : j’écris tous les jours 1000 mots. Je compare souvent la démarche créative au sport, mais si on ne se donne pas des objectifs, il y a le risque de se laisser aller et laisser le temps passer. Hors le temps est la composante la plus importante pour la création.

[…] une discipline de fer : j’écris tous les jours 1000 mots.

T’est-il déjà arrivé d’avoir des blocages créatifs comme celui de la page blanche ? Si oui, comment as-tu réussi à le faire passer et comment évites-tu d’en avoir ?

Ce n’est pas tant la page blanche, mais plutôt le « je suis nulle ». Parfois, je me force à écrire alors que mon mental me hurle que je suis nulle, que ce que j’écris est mauvais, mais tant pis j’avance. Après je relis. Parfois c’est nul, mais au moins j’ai avancé dans mon histoire et je peux le rectifier. Parfois, c’est pas si mal et deux trois retouches suffisent pour améliorer le texte. Il faut en tout cas y aller. Les artistes, les créatifs d’aujourd’hui et d’avant aussi, n’ont toujours montré que le meilleur mais il faut faire des choses mauvaises pour faire des choses bonnes. Je compare ça plutôt à la cuisine au lieu du sport cette fois-ci : parfois, on fait un excellent gâteau et la fois suivante, avec la même recette, il n’est pas bon. L’histoire de quelques degrés dans le four ou alors une autre marque de farine. Et parfois quelque chose qu’on considère comme mauvais va être adoré par les gens.

[…] mon mental me hurle que je suis nulle, que ce que j’écris est mauvais, mais tant pis j’avance.

Dans mon métier de designer graphique, nous sommes en recherche permanente d’inspiration. Est-ce pareil dans le travail d’écriture ?

Bien sûr ! L’inspiration est pour moi le carburant de mon cerveau. On absorbe les choses, les idées, les créations des autres et on la transforme pour en sortir quelque chose d’autre et ainsi de suite. Sans inspiration, il n’y aurait pas d’oeuvre ou de création. Quand on va dans un musée, on peut reconnaître l’époque d’un tableau uniquement par le style, parce qu’à une époque tout le monde avait le même « style » mais chacun avait son « truc ». Je vais même plus loin en disant que pour apprendre à créer, il n’est pas mal de copier. Si je ne me trompe pas, c’est Sartre qui, lorsqu’il était enfant, écrivait à sa sauce les histoires qu’il lisait dans les livres. Il copiait l’histoire mais l’écrivait avec son écriture.

A-t-il été compliqué pour toi de dire que tu étais écrivain ? Étais-tu intimidée par le regard des autres sur ton travail ?

J’ai pu le dire une fois publiée. Avant, je ne le disais pas. Le problème du métier d’écrivain, comme tous les métiers créatifs, est qu’il faut montrer patte blanche. Être publié pour un écrivain, être exposé pour un peintre ou un photographe, avoir fait les études qu’il faut pour un graphiste, etc…

Ressens-tu l’influence de ton mental sur ta créativité ? Arrives-tu à le gérer facilement au quotidien ?

Mon mental est mon pire ennemi et mon meilleur ami en matière de création. Depuis que j’ai accepté d’être une créative, mon mental s’en donne à coeur joie. Rien que de répondre à cette interview, je ressens le syndrôme de l’imposteur. Mais je crois qu’on est tous touché par ça. Qui peut dire « mon oeuvre, mon dessin, mon livre, ma photo est incroyable ». En tout cas, j’essaye de ne pas trop me dévaloriser seule, bien que je le fasse beaucoup en public (ça me rassure de dire que je suis nulle avant les autres puissent le dire). Et depuis quelques temps, grâce à ma pratique de la photo argentique, je me surprends à être fière de certains clichés que je fais, et je le dis sur les réseaux sociaux.

Mon mental est mon pire ennemi et mon meilleur ami en matière de création.

Pour toi, qu’est-ce qui te semble le plus dur à vivre en tant qu’auto-entrepreneur ? Et en tant qu’écrivain ?

La précarité, la solitude et la non-compréhension. Je gagne à peine 1,7€ par livre vendu, je ne gagne pas ma vie, je n’ai pas de reconnaissance sociale. Les gens pensent souvent que, parce que tu as des abonnés sur Instagram, parce que tu as écrit un livre, ta vie est simple et que tu n’es pas à plaindre. Mais la précarité des artistes est un fait ! Et un ami écrivain (connu) m’a dit un jour : « prépare toi à ne jamais vivre de ton écriture ». Mon activité en Freelance est une super expérience mais peu sont les gens qui comprennent que lorsqu’on vend une prestation 100, 200, 300€, on en verra à peine la moitié sur notre compte bancaire.

Idem, mais cette fois, qu’est-ce qui te semble le plus gratifiant ?

La liberté, le bien-être et le temps. Lorsque j’étais salariée, j’ai toujours eu des relations assez toxiques dans mon entourage professionnel. On ne choisit pas les gens avec qui on travaille et pire, on passe 8 à 10h par jour avec eux. Je perdais ma personnalité et je devenais aigrie. Je devenais le cliché du « le patron c’est un con » et « hors de question de faire des heures supplémentaires ». Ma vie était chronométrée. Aujourd’hui, je ne me pose plus la question. Parfois, je ne fais rien, parfois je me mets au travail très tôt. Parfois je n’ai pas de client, parfois j’ai plein de missions d’un coup. Travailler à son compte, c’est être dans un grand pré, travailler dans une entreprise, c’est être enfermée dans une toute petite pièce.

As-tu reçu des conseils qui t’ont aidé pour avancer dans la vie professionnelle et créative ?

J’ai reçu toutes sortes de conseil : trouve un job stable et bien payé pour continuer à écrire, achète une maison au lieu de payer un loyer… Ma vie n’est rassurante pour personne, pas même pour moi. Les conseils servent souvent à sécuriser une action. Quand j’ai besoin d’un conseil, je cherche sur internet ou auprès des personnes qui m’inspirent. Une entrepreneuse de Los Angeles a dit un jour qu’elle ne voulait pas créer qu’une seule activité (elle travaille dans la mode), au lieu de créer une marque. Elle en a lancé 4. Comme ça, si l’une se casse la binette, il en reste d’autres pour continuer. Je trouve que c’est un bon conseil. Et un autre conseil reçu ce week-end pendant le concert de Patti Smith à la Route du Rock de Saint-Malo. Elle a dit « Be healthy, be happy and be fucking free ».

As-tu des ressources (livres, blogs, podcasts…) qui t’ont aidé à trouver la voie qui te convenait ? Qui t’ont aidé à te poser les bonnes questions ?

La première chose qui m’a aidé à me poser les bonnes questions, c’est ma santé et mon corps. J’étais toujours mal, et c’est ça qui m’a aidé à me dire « tiens tiens, si j’essayais autre chose ». Ensuite des livres m’ont beaucoup aidé, notamment l’autobiographie de Simone de Beauvoir (tous les tomes). J’ai appris grâce à sa vie que je n’étais pas obligée d’être une femme, comme on l’entend aujourd’hui. Béa Johnson avec son livre sur le zéro déchet a aussi radicalement changé mon existence et mon rapport à la planète. Les Minimalists avec leur documentaire m’ont appris à revoir ma vision du bonheur (que je liais beaucoup à l’argent). Niveau podcast, l’émission de France Inter Grand Bien Vous Fasse est géniale pour tous les sujets liés au développement personnel. Le livre les 4 accords toltèques m’ont appris aussi qu’il ne faut rien prendre personnellement et ne pas faire de supposition. La clé du bonheur. Et enfin, je dirai qu’il faut être curieux. Se détacher des informations qu’on nous donne pour aller voir ailleurs : les autres pays, les autres cultures… Ça développe l’empathie et c’est assez chouette comme outil pour la créativité. Se mettre à la place de quelqu’un d’autre pour comprendre ses actes, c’est une grande richesse.

J’étais toujours mal, et c’est ça qui m’a aidé à me dire « tiens tiens, si j’essayais autre chose »

Initialement, je pensais vous faire une conclusion reprenant plusieurs points qui me semblaient intéressants à explorer mais l’interview étant très riche, je vais éviter de vous faire une longue conclusion et je vais simplement vous laisser vous reposer sur tout cela.

Merci Manon d’avoir accepté de répondre à mon interview et de l’avoir fait avec autant d’implication. Je pense sincèrement que ces réponses sont un très bon terreau de réflexion.

À bientôt tout le monde,

Sibylle

Yoga: ma toute première retraite

Je pratique le yoga depuis de nombreuses années et j’ai toujours eu envie de faire une retraite de yoga pour approfondir ma pratique et vivre une expérience complète.
En mai 2018, j’ai eu l’occasion de faire une retraite de 3 jours en Normandie avec une professeur que j’apprécie énormément, Adèle Weiss.
Il m’aura fallu plusieurs mois pour me rendre compte de l’impact qu’a eu cette retraite sur moi. Je vais essayer de partager avec vous mon expérience.

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Retour de vacances: accepter la tristesse

Je suis revenue de mes vacances et j’ai envie de parler sincèrement avec vous. Je veux que ce blog soit un endroit où nous pouvons parler de tout. Je refuse le fait de devoir cacher les moments de bas, comme les moments de haut.

Voici donc un article… sur le blues du retour de vacances.

Au moment de faire nos valises pour repartir, ma mère m’a dit « Ah, on est toujours tristes de partir mais quand même un peu heureux de retourner à la maison ». La réponse est: non. Pas toujours. Tous les ans c’est la même histoire. Je suis heureuse de revenir de la plupart de mes vacances, mais revenir des vacances que je passe sur la côte Atlantique me donne l’impression de me déraciner.

Quand je pars, je me dis « 12 mois d’attente, encore ».

C’est simple, j’en ai conscience de tout ce temps qui me sépare de ma prochaine venue, je connais la langueur, aller lire le journal local, aller regarder le hashtag sur instagram pour voir comment ça se passe là-bas… et donc je pleure, je pleure. Dans la gare, dans le TER, dans le TGV, dans le métro, à la maison… J’ai le blues des vacances. Il suffit que j’ouvre ma valise, que je sorte les vêtements pour faire une lessive et en enlevant un ourlet je vois le sable qui tombe au sol, et c’est reparti.

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D’habitude, j’aime offrir des solutions, vous dire « Pour aller mieux on peut faire ci, ou on peut faire ça » mais pour ce problème là, j’en ai pas (encore). Je pense que si le retour est à chaque fois aussi dur, que la douleur ne s’atténue pas, c’est sûrement que je dois aller y passer une saison ou deux, pour y voir le temps passer, tourner la page. Il y a une affaire en cours quelque part dans mon inconscient, et je ne pense pas pouvoir la comprendre en seulement deux semaines.

Cette année, je l’espère, j’arriverais à tout mettre en place pour l’an prochain pouvoir en profiter plus longtemps. Il faut savoir que c’est pour moi une sorte de paradis inatteignable: il faut prendre le TGV puis le TER puis prendre un bus régional dont je n’ai jamais trouvé les horaires… C’est sûrement une étape dans ma longue mue vers la vie d’adulte. Je commence à me dire que si j’avais le permis de conduire, je serais rassurée par le fait de pouvoir y aller « quand bon me semble » et de repartir de la même manière. Sauf que cette histoire de permis, c’est encore un autre noeud à démêler.

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Quand ce post sera publié, je serais déjà rentrée depuis quelques jours déjà, j’espère que j’aurai repris mes marques, retrouvé ma joie de vivre et le feu qui m’animait avant de partir. Je sais que tout ce que je tente, au fond, n’est qu’une tentative de plus de me rapprocher de ce lieu. L’année dernière déjà, quand je cherchais un travail à Bordeaux, c’était pour me rapprocher.

Je n’ai pas peur d’être déçue, car je ne l’idéalise pas. C’est un lieu où je n’ai pas d’amis, pas de famille. Bien sûr que je m’y sentirais seule, que je m’y ennuierais puisqu’en dehors de la haute saison la vie hiberne mais j’ai la sensation qu’il faut que je le vois par moi-même, que je fasse l’expérience pendant quelques temps. Ensuite, je pourrais repartir ailleurs.

Cela fait longtemps maintenant que je ne me sens plus à ma place à Paris, que je m’y sens piégée, engluée. Même si ce n’est pas encore la rentrée de septembre, je souhaite déjà faire mes voeux pour l’année à venir : réussir à retrouver mon indépendance financière et à construire un travail qui me permette de choisir mon lieu de vie.

Ce blues que je ressens, je vois bien que c’est un message que m’envoie mon corps pour me dire qu’il y a un travail non achevé, c’est donc une bonne chose que je sois prête à accueillir cette tristesse et de ne pas en avoir honte. Je l’écoute, et je la note. Je sais qu’elle est là. C’est ce besoin là qui m’encourage à tout chambouler dans ma vie, à tout ré-évaluer. C’est un besoin qui est plus profond qu’il n’en a l’air. Alors, malgré cette tristesse qui m’envahit, je peux la remercier de me montrer la route que je dois emprunter.

Affaire à suivre.

À très vite,

Sibylle.