Bonjour tout le monde !
Aujourd’hui, je vais parler de la relation que j’ai avec mes angoisses. Ces derniers mois, cette relation s’est transformée: les angoisses sont toujours là mais je ne les accueille plus de la même manière, ce qui me soulage énormément. Il m’a semblé intéressant de partager cette évolution avec vous.
Une peur constante
J’ai toujours été angoissée. D’aussi loin que mes souvenirs me portent, j’ai toujours eu conscience que les choses pouvaient mal tourner, que sous une apparence de calme la violence pouvait surgir brusquement. Quand les choses se passaient bien, voire trop bien, j’attendais le coup de bâton qui me semblait inévitable. Je n’ai jamais eu « confiance dans la vie » jusqu’à très récemment.
De cette méfiance constante sont nées des angoisses.
Passer du temps avec soi-même
Ces angoisses aident autant qu’elles emprisonnent, c’est pourquoi il m’est compliqué de m’en débarrasser. Comment dire adieu à quelque chose qui vous permet de ne prendre aucun risque ? Le problème étant que vous vous mettez à ne plus profiter de rien et que dans le même temps votre alarme interne se dérègle. Elle réagit de la même manière à un tout petit risque qu’à un « vrai » risque.
Depuis que j’ai entamé un travail avec une psychologue, mon rapport avec celles-ci a changé. En parallèle de ce travail, je fais beaucoup d’introspection en passant du temps seule et j’ai accepté de me mettre dans des situations que j’aurai refusé car elles m’auraient causées trop d’angoisses en temps normal.
Prendre ce temps avec moi-même comme seul compagnon peut effrayer au début. On se retrouve sans filet face à ses peurs. Pourtant avec le temps on découvre que c’est un bon moyen pour retrouver un semblant d’instinct.
Remise en question en profondeur
Ces derniers temps, je remets entièrement en question mon approche de la vie. Quels sont mes préjugés ? Mes envies ? Mes peurs ? Ce qu’il faut que je surmonte ? Ce qui doit être cultivé ? Je commence à mettre le doigt sur les pensées que j’avais internalisées et qui me limitent au quotidien ou dans mes projets d’avenir.
Tous ces questionnements nous amènent à nous demander qui nous sommes vraiment. Pour ma part, j’ai toujours imaginée la personnalité comme étant un bloc immuable et que si nous changions du tout au tout c’est qu’on ne savions pas qui nous étions. Je savais qui j’étais, point.
Ce n’est plus le cas. Je comprends que nous changeons avec le temps, avec les situations et que nous avons le choix d’explorer des parties inexplorées de notre personnalité.
Écouter ses peurs
9 mois plus tard, je suis encore très loin d’avoir fait le tour de l’histoire. Néanmoins, il y a un changement dont je souhaiterais parler et qui rend mon quotidien beaucoup plus doux.
Mes angoisses sont toujours là, vivaces, piquantes et déchirantes parfois. Elles n’ont pas disparues et je ne suis pas sûre qu’elles aient vocation à le devenir. Le changement dans cette histoire est qu’au lieu d’en avoir peur, je me pose la question de ce qu’elles souhaitent me communiquer. Je continue de me réveiller avec le ventre serré certains jours sauf qu’avant j’en aurai eu peur. Je me serais dit « tous aux abris, la tempête approche » et je me serais préparée à passer ma journée dans l’inconfort et la tristesse.
Je les considérais comme des entités à part entières avec les pleins pouvoirs sur ma vie. Elles étaient là et ma seule option était de les subir puis espérer qu’elles soient parties le lendemain. Or, si vous fuyez, elles continueront d’être là, inlassablement.
Maintenant, j’essaye de simplement voir cela comme le moyen qu’a mon esprit pour me dire que quelque chose me tracasse. En me demandant quel message il essaye de me faire passer, j’enlève le pouvoir que je lui accordais. Ce n’est plus une chose avec un contrôle sans limite sur ma vie car mon angoisse devient mon lanceur d’alerte, celui qui me prévient quand il y a un endroit où je ne souhaite pas regarder.
Mon angoisse devient mon lanceur d’alerte, celui qui me prévient quand il y a un endroit où je ne souhaite pas regarder.
On peut décider d’agir !
Le plus étonnant est que j’ai découvert que la cause de cet état était souvent dû à des choses relativement simples à résoudre mais qui trouvaient un écho dans mes peurs plus profondes. Il suffisait seulement de faire quelque chose et je pouvais sentir la boule se dégonfler instantanément.
Pour vous donner un exemple: pendant une semaine je ressens l’angoisse me prendre les tripes, je n’arrive pas à mettre le doigt sur ce qui me perturbe car j’avance à bonne vitesse sur mes projets. Je ne vois pas ce qui peut provoquer un tel stress. Le vendredi, après avoir repoussé le traitement de ma bannette dédiée aux papiers administratifs, je décide de m’y atteler. Je m’en débarrasse en une heure et soudain, miracle ! Je suis légère, je recommence à respirer à plein poumon ! Ce n’était finalement rien. Tout ce qui est administratif me provoque de fortes angoisses de base (et je sais que je ne suis pas la seule dans ce cas d’ailleurs) alors quand mon cerveau a vu que je repoussais l’échéance, que j’essayais de faire comme si cela n’existait pas, une alarme s’est allumée. Mon lanceur d’alerte était là pour me dire « Fais quelque chose ! Tu ne peux pas l’ignorer plus longtemps ! ». Je m’en étais fait une montagne sans même m’en rendre compte.
Le signal de quelque chose d’inachevé
Maintenant, je me rends compte que ma boule au ventre, ma fatigue, mon manque d’énergie est souvent lié à quelque chose que je repousse, ou quelque chose que je n’ai pas osé dire à quelqu’un, une conversation qui me pèse ou justement l’absence de conversation, un choix que je dois faire mais que je ne fais pas (un grand classique) ou encore un coup de fil que je n’arrive pas à passer…
Je découvre que mes angoisses sont finalement la partie visible de mes unfinished businesses que je préfère mettre sous le tapis.
Il y a d’autres angoisses que je n’arrive pas à contrôler bien entendu mais réussir à faire la paix avec une partie de celles-ci me fait sortir du cercle vicieux. J’avais peur d’avoir peur. Au quotidien je me sens plus légère car vivre avec ces angoisses c’est porter un fardeau, lourd et épuisant.
J’espère que vous trouverez chacun votre propre manière d’appréhender vos angoisses, que vous réussirez à vous tendre la main. En tout cas, essayons de reprendre le contrôle sur celles qui peuvent l’être. Libérons-nous de tous ces petits poids. Nous devrons travailler longuement pour nous débarrasser des gros mais nous aurons déjà bien lesté notre fardeau de départ en chemin.
Much love,
Sibylle