Dans notre vie professionnelle, nous avons tous rencontré des personnes s’auto proclamant perfectionnistes, le brandissant comme une de leur qualité principale dans leur travail. Pourtant, il m’est arrivé d’en observer et quelque chose me dérangeait. Un je ne sais quoi qui instaurait le doute. Quand je pense au perfectionnisme, la première image qui me vient est celle de l’artisan et du savoir-faire. La qualité, délicatesse, le bon geste. Une manière de travailler qui ne prend pas des raccourcis cache misère pour plus de productivité. Un processus de travail en dehors du temps et de la notion de rentabilité. C’est mon image d’Épinal.
Pourtant, en observant certaines personnes un je ne sais quoi m’a perturbé. Leur perfectionnisme m’interrogeait.
Ils n’allaient pas toujours au bout de leur projet mais avaient tendance à recommencer encore et encore. Ils s’échinaient à mettre les premières pierres de leur projet dans différents ordres mais ne passaient pas à l’étape suivante. Ils semblaient bloqués dans une boucle. Ils recherchaient la perfection dans un brouillon au lieu de chercher le potentiel dans le entrain de s’écrire.
Est-ce qu’on ne confond pas perfectionnisme et doute ?
Dès que nous parlons de projets qui n’aboutissent pas ou des personnes qui ont tendance à procrastiner, le mot de perfectionnisme revient sans cesse. « Si je n’arrive pas à aller jusqu’au bout c’est que j’ai peur que ça ne soit pas à la hauteur de mes attentes. J’aimerai que ça soit parfait. » Je me demande si nous n’utilisons pas ce terme par habitude. Quelqu’un recommençant depuis le début inlassablement trouvera plus de réconfort dans le mot « perfectionnisme » que s’il se dit « merde, je n’ai pas confiance en moi ».
Pourtant, je pense qu’il y a bel et bien des perfectionnistes. Disons qu’instinctivement je les vois plutôt comme des gens avec une vision précise de ce qu’ils souhaitent accomplir. Ils ne tergiverseront pas pendant des heures car ce n’est pas le doute qui les habite mais la confiance. Ils savent jusqu’où ils souhaitent mener leur projet et le visualisent dans le moindre détail. Ils savent détecter quand ce qu’ils ont produit représente une bonne base et se mettent à l’améliorer sans cesse jusqu’à ce que cela rejoigne au maximum l’image qu’ils ont en tête.
Deux approches différentes
La différence n’est pas aussi nette et précise dans la vie mais je vois néanmoins une réelle différence dans les deux approches.
L’une espère créer en une seule fois quelque chose d’idéal qui ne nécessiterait pas d’amélioration majeure. Réussir à sortir de soi quelque chose à l’état quasiment fini est un projet pratiquement voué à l’échec… C’est un but inatteignable pour beaucoup de mortels, ce qui peut en paralyser plus d’un.
La deuxième approche me semble être plus objective sur la manière d’aborder un projet. Elle prend en compte la notion de potentiel et d’amélioration que semble réfuter la première. Son perfectionnisme est déterminé et n’est pas le symptôme d’un doute face à ses capacités. Il sait ce qu’il vaut et ce qu’il veut. Il ne lâchera pas tant que son projet n’est pas au niveau mais il ne repart pas de zéro indéfiniment. On solidifie les bases, et on avance. Il voit tous les détails qui nécessitent d’être améliorés et il le fait. Il est exigent mais juste.
Et moi ?
Pour ma part, je ne saurais me situer. J’aurai peut-être dit que j’étais perfectionniste en sortant de l’école mais rétrospectivement je pense que cela aurait été un moyen de cacher mon manque de confiance. Le problème, c’est qu’en étant à la recherche de la perfection, je finis toujours insatisfaite et rien ne trouve grâce à mes yeux. J’essaye de ne plus partir à la recherche de l’impossible mais du meilleur que je puisse fournir avec les facteurs environnants comme le temps alloué au projet, quel est son but, etc. Faire du mieux que je peux sans non plus y laisser ma peau.
Disons que maintenant, je n’ai pas ce mot qui me vient en tête en premier si je dois me décrire.
De votre côté, est-ce que vous voyez où je veux en venir ? Est-ce que vous avez eu des collègues présentant une de ces deux approches ? Peut-être même est-ce vous même ? 🙂
À bientôt,
Sibylle