Interview Créa #6: Yankosso, Architecte

Aujourd’hui, nous continuons notre tour de portraits inspirants de personnes créatives, dans toute la richesse du terme. Nous avons déjà pu discuter avec un musicien, une professeur de yoga & coach de vie, une entrepreneure, une autrice, une agent d’illustrateur elle-même illustratrice ! Nous faisons du chemin, n’est-ce pas ?

Pour l’article de ce dimanche, je vous propose une interview avec Yankosso qui est architecte et passionnée par l’écriture. Je l’ai rencontré dans le cadre professionnel au cours d’une séance de conseil et j’ai énormément apprécié son énergie créatrice. Elle n’a clairement pas de problème pour générer des idées, vous pouvez me croire sur parole !

Voici donc son entretien ci-dessous. J’espère que vous y trouverez de quoi vous nourrir, des mots qui vous font réfléchir, ou qui vous parlent.

Bonne lecture 🙂

Pour commencer, peux-tu te présenter ? Que fais-tu dans la vie ?

Je fais tout mon possible pour être heureuse, c’est la première chose à savoir.

Dire cette simple phrase m’a prit un temps fou d’acceptation. Comment penser vouloir être heureuse quand la société nous pousse  à la rentabilité, à la production ?  Depuis les années lycée j’ai toujours travaillé en même temps que mes études. Aujourd’hui je veux profiter de la vie. J’ai décidé de ne plus tenir compte du conformisme auquel on s’attache volontairement ou pas parcequ’on est dans le monde des adultes. Il est vrai que contredire cette appartenance reviendrait à se mettre automatiquement au ban de la société. J’ai conscience qu’en ce moment je suis sur la limite car je veux faire différemment mais je n’y suis pas encore parvenue.

Quant à mon métier, je suis Architecte. Je dis souvent que c’est bien plus qu’un métier mais une vocation. L’architecture me permet d’avoir une perception plurielle sur la société et les individus. Toute la journée je fais des zooms entre ma vie et celle des autres. C’est pour cette raison qu’il est difficile pour moi de mettre de la distance entre ma vie et mon métier.  J’ai besoin d’englober les  interactions que je peux voir, savoir pour avancer dans mes choix et mes idées. Tout est lié.

Durant mes études, je n’ai jamais pris le temps de réfléchir sur ce que je voulais vraiment, ce que je voulais accomplir en tant que personne. Je n’avais pas le temps de me poser, d’être dans le silence. À présent, je m’impose un silence heureux pour comprendre qui je suis et où je veux aller non seulement pour moi mais aussi pour les autres.

Je ne veux pas être une marionnette sociétale mais  une citoyenne active.  Mon titre exact est Architecte Diplômée d’État et il lourd de sens. J’ai un devoir public.

Une pensée qui doit toujours converger vers l’autre. Je dois pouvoir apporter des solutions concrètes à des inconnus. La jeune diplômée que j’étais ne s’est jamais posé de questions d’une part parce qu’elle n’avait pas le temps et d’autre part parce qu’elle ne se sentait pas légitime.

Le point de départ de cette introspection a été 2017. Je suis sortie vidée d’un chantier. Des désaccords avec l’entreprise et les clients ont eu raison de moi. J’avais également des désaccords avec certaines personnes lors de visites avant projet, de consœurs/confrères avant même de commencer un projet. J’ai donc dit stop. J’ai pris sur moi et j’ai réfléchis enfin à comment je voulais travailler et comment j’allais allier mes idéaux et ma vie professionnelle. Durant ma réflexion je me suis amusée, j’ai voyagé, je suis allée à des expositions, des soirées, j’ai pris des cours du soir. Presque deux ans plus tard, tout se recoupe et je suis très contente d’avoir pu rencontrer des personnes, des lieux, des environnements différents. Des questions qui revenaient souvent dans mon quotidien. Pourquoi est-ce que je dois travailler très souvent face à mon écran d’ordinateur ? Où sont passés les maquettes, les dessins, les croquis qu’on faisait en Ecole d’Architecture ?  Comment faire comprendre aux gens la difficulté de mon métier ? Comment je veux continuer à travailler ?

J’ai trouvé une partie des réponses. Le reste viendra avec les rencontres et l’expérience.  Je pense aussi que j’attendais l’aval de quelqu’un pour oser. Je ne sais pas qui mais de quelqu’un. J’ai décidé de ne plus rien attendre et de faire.

C’est aussi pour cette raison que j’ai décidé de me présenter sous Yankosso.  Parce qu’en fin de compte la seule autorisation dont j’ai besoin, c’est la mienne. Yankosso c’est mon Univers c’est mon identité. C’est une utopie réaliste.

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Je pense aussi que j’attendais l’aval de quelqu’un pour oser. Je ne sais pas qui mais de quelqu’un. J’ai décidé de ne plus rien attendre et de faire.
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Selon toi, comment la créativité se traduit–elle dans ton métier d’architecte ?

Je me considère d’abord comme une rêveuse. La créativité me permet de rester en contact avec les autres. C’est davantage un lien social. Quand j’étais petite, je m’amusais à m’entourer de personnages fictifs ou réels et j’ai même inventé une langue. Que j’ai appelé le Morenaba.

Les deux personnes/personnages que j’aimais beaucoup: Marylin Monroe et Lois Lane. Je disais à mes amies que Marylin Monroe avait un nom semblable au mien : Monroe-Moreno. C’était sûr que mon nom allait me porter au sommet. J’allais être une star ! Puis j’entendais souvent Moreno dans des films pour gangsters. Un monde rempli de secret. J’étais tellement contente. Lois Lane, elle, elle était indépendante, c’était une femme de tête.

Mon imaginaire permettait de changer mon quotidien qui était difficile à une vie rocambolesque. Je pouvais enlever, supprimer, oublier ce qui me dérangeait. D’ailleurs j’ai pris l’habitude de le faire encore aujourd’hui. En grandissant, je me suis dis que je devais surement avoir un problème pour omettre certaines choses. Puis je me suis auto-convaincue que c’était une chance de pouvoir passer rapidement à autre chose.

La créative que je suis est arrivée durant mes études d’architecture. Je me suis retrouvée par hasard à l’Ecole d’architecture. Je ne voulais pas faire ça au début. Je voulais juste être décoratrice. Architecte, je ne savais même pas ce que cela voulait dire! J’y suis entrée parce que mes études préparatoire en arts appliqués me coûtaient trop cher. Je n’étais pas une artiste.  Je voulais arriver à mon BAC+3  être décoratrice et puis basta. Puis, je me suis prise au jeu. J’ai aimé les cours, mes camarades, les sorties et les voyages. Un ami m’avait dit aussi qu’en étant architecte on n’était pas obligé de demander l’accord pour faire un projet. Alors je me suis dis que je n’avais qu’à terminer mes études et devenir Architecte. Mais bien sûr c’est beaucoup plus compliqué que ça maintenant que je suis dans le métier.

Sans mes professeur(e)s je n’aurais jamais appris le sens de la création. Ils/elles m’ont montré que l’architecture pouvait changer les choses. Je disais tout à l’heure que la créativité est le lien social entre les autres et moi. Et c’est vrai. C’est le fil tangible entre mon Univers et le monde dans lequel je réside. Ce que je pense devient réel quand il est construit. La créativité est un moyen de penser en groupe, d’avoir des pensées interminables. C’est pour cette raison que j’ai crée mon atelier d’architecture, Atelier Retour aux Sources, en incorporant un Laboratoire d’idées pour penser et réfléchir avec les autres avant de construire.  

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Sans mes professeur(e)s je n’aurais jamais appris le sens de la création. Ils/elles m’ont montré que l’architecture pouvait changer les choses.
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As-tu un processus de création défini te menant du début à la fin d’un projet ou fais-tu au feeling ?

Mes pensées divaguent et elles sont nécessaires mais le processus de création telle que je le définis ne peut pas se faire au feeling car on est déjà dans le projet. 

Au début de la conception de projet on peut se permettre de prendre du temps pour réfléchir ensemble sur les besoins réelles et non des besoins supposés mais le feeling est très difficile à incorporer. J’essaye d’instaurer un cadre de travail souple mais plus on avance dans les étapes plus le cadre est obligé de devenir rigide.  Il existe dans le processus de projet commun à tout architecte, des étapes à réaliser/respecter. C’est avec cette méthode que je travaille. Cependant, j’ai décidé d’inclure un temps d’étude en collaboration avec les personnes/clients plus ou moins long en fonction du projet. J’ai en quelque sorte transformé certaines étapes, j’en ai raccourci d’autres.

A travers le laboratoire d’idées d’Atelier Retour aux Sources j’ai crée deux plateformes : Sources Event’s et L’Até.

Sources Event’s ce sont des ateliers-rencontres que j’ai commencé à organiser depuis juillet 2018. Je me suis aperçue que certaines personnes avaient du mal à comprendre mon travail et pourquoi je ne pouvais pas à certains moments répondre favorablement à leur demande même s’ils me payaient et même si le projet était en cours. 

Le monde de l’architecture peut paraître abstrait c’est pour cela que j’essaye de montrer la façon dont je travaille. J’essaye aussi de guider au mieux durant la conception j’aborde toutes les questions durant Sources Event’s pour commencer avec le moins d’interrogations possible. Au delà du dessin, de l’administratif et de la technique les relations humaines font parties intégrantes de mon travail. Avant de m’engager dans un projet je tiens à m’assurer d’avoir expliqué les tenants et les aboutissants à mes clients.  

L’ATÉ, l’Architecture à Travers l’écriture, est une plateforme qui me permet de connaître et de comprendre le quotidien, un moment T de la vie d’une personne à travers l’écriture. Je l’ai crée en 2017 juste après mon introspection. Cela a commencé avec des amis. Je leur ai demandé de m’écrire leur ressenti, leur avis sur l’architecture avec une illustration. C’est devenu un moyen de comprendre l’architecture à travers le regard de néophytes qui décèlent énormément de choses malgré ce qu’ils pensent. Aujourd’hui, j’ai décidé d’élargir le spectre avec la création d’une association. Le projet est en cours de concrétisation. Je suis en train de chercher des partenariats, des subventions. J’ai des personnes qui me soutiennent dans cette aventure et cela me fait du bien.

Certaines personnes me disent que je veux à travers mes actions rendre l’architecture accessible mais ce n’est pas vrai. L’architecture est déjà accessible et cela depuis longtemps et sans moi. Je veux juste transmettre ma vision des choses.

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Au delà du dessin, de l’administratif et de la technique les relations humaines font parties intégrantes de mon travail.
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Ressens-tu le mental sur la créativité ?

Je mène plusieurs projets de fronts parce que j’ai des idées qui viennent et que je ne veux pas les voir mourir dans mon cerveau. Je le fais aussi parce que j’ai choisi de ne pas être salarié. Je fais en sorte de mener mes projets mais je n’oublie pas que je dois payer un loyer, manger, payer les transports. Si cela s’avère nécessaire je redeviendrai salarié sans oublier mes projets. Avec toute ma bonne volonté et mon imagination, je n’ai pas encore trouvé comment fabriquer des billets de banque.

Il m’est donc arrivé d’avoir trois boulots avec un jour de repos ou pas du tout. D’avoir des moments ou je ne voyais personne, ni ami(e)s, ni proche, ni famille. Tout cela parce que j’ai une vision de qui je veux être et de qui je veux devenir. On peut être amené à se sous-estimer, à ne pas faire les choses par peur. Je ne veux plus de cet état d’esprit et je fais en sorte d’avoir des personnes qui pensent comme moi. Je m’engage d’abord avec moi-même à rester focus sur mes objectifs. Ce n’est pas évident tous les jours. En ce moment mon mental me met à rude épreuve. C’est un passage obligé.
Il y a des jours avec et des jours sans. Quand j’ai des freins, je les note. Je me dis pourquoi est ce que je n’y arrive pas et je prends plaisir à rayer un à un les obstacles.

Cela prend du temps mais je suis patiente. J’ai eu la chance d’être poussé à viser toujours plus haut. Aucun frein ne m’a été inculqué. On m’a donné la capacité de croire que le possible était mon meilleur ami. S’il veut partir je le  rattrape. Il est même coincé. A croire que mon meilleur ami peut devenir mon prisonnier.

Si tu devais choisir 3 mantras ou phrases fortes ayant du sens pour toi dans ta vie, quelles seraient-elles ?

1. Si tu dors, ta vie dort

2. L’impossible est possible

3. Attache-toi à faire de ta vie un paradis


Retrouvez Yankosso:
⤅ sur Instagram @yankosso

⤅ Photographe: @black.kahlo
⤅ Lieu: FortRecup

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Interview Créa #5: Anouk Corolleur, prof de yoga et coach

J’ai découvert Anouk grâce à la magie d’instagram. Parfois, vous ne pouvez pas expliquer pourquoi mais vous accrochez complètement au contenu. Vous scrollez, lisez, likez. Vous vous dites « Damn, j’aimerai connaître cette personne dans la vraie vie ». C’est ce que je me suis dit avec le compte d’Anouk. J’ai tout de suite ressenti une vague de bonnes ondes.

Qu’est-ce que j’y apprécie ? Sa multiplicité. Coach, professeur de yoga, fille de la montagne, surfeuse, baroudeuse, française mais expatriée pendant de longues années,… Une vie riche en sensation et en dépaysement.

Son compte instagram, au lieu de me miner le moral en m’offrant un moyen de comparaison m’encourage à m’accepter entièrement et en douceur. Comme dirait Marie Kondo, it sparks joy.

Anouk a eu la gentillesse de répondre à mon interview créa, et je pense que vous comprendrez rapidement pourquoi cette interview me tient à coeur: on y retrouve des thématiques récurrentes dont je vous parle à travers les articles de ce blog.

Bonne lecture, et merci Anouk !

Pour commencer, peux-tu te présenter ?

Je m’appelle Anouk, j’habite à Bordeaux et j’aide ceux qui veulent sortir de leurs émotions paralysantes pour vivre la vie dont ils rêvent à travers du coaching de vie, du yoga et de la méditation. Je suis une aventurière dans l’âme et depuis petite je suis à la recherche des sensations de glisse. J’ai grandi à Chamonix avec des parents passionnés de ski et de snowboard, puis à 17 ans je suis partie en Australie pour surfer. Cette culture de la glisse et de l’aventure m’a inspirée un mode de vie qui respecte l’environnement, qui me demande de prendre soin ma santé physique, mentale et émotionnelle.

T’es-tu toujours considérée comme une personne créative ?

UN GRAND NON. J’ai une grande sœur extrêmement « créative » au sens traditionnel du terme (bonne en peinture, dessin, art plastique…) du coup je crois que petite je me suis dit que je n’étais pas la créative de la famille. Si j’avais été un Schtroumpf j’aurai été Costaud, celui qui aime le sport. J’étais très bonne en danse, et c’est plus tard, que j’ai compris plus tard que ma créativité s’exprimait à travers le mouvement. Ça a été une grande réalisation car reconnecter avec mon pouvoir créatif voulait en fait dire: arrêter de me juger. Pour moi c’est arrivé lorsque j’avais 21 ans. 

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[…] je crois que petite je me suis dit que je n’étais pas la créative de la famille.
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Dans tes activités professionnelles, comment la créativité trouve-t-elle sa place ?

Dans la façon dont j’écris mon blog, mon site internet, mes posts instagrams, mes offres de services. Je n’essaie pas de rentrer dans le moule de développement personnel ou du yoga, mais au contraire d’incarner ces messages c’est à dire d’être moi-même. 

Comment vis-tu ta créativité ?

Pour que je créer un projet, il faut que je l’ai dans le corps, que sa possibilité me fasse trépigner des pieds et que l’idée tourne presque à l’obsession. Après je crois au principe de co-création. Je m’explique: Ce n’est ni toi, ni moi qui avons créé les océans, les arbres etc… Un fœtus grandi naturellement dans le ventre de sa mère. La mère n’a pas besoin de regarder son ventre chaque jour pour lui dire: POUSSE. Si la mère apporte de l’eau, de la nourriture et reste détendu, alors le reste se fera de manière naturelle et bientôt un beau bébé naîtra au monde. Il y a donc une force puissante de création dans l’univers qui permet à un enfant de devenir un adulte, à une graine de devenir un arbre etc… Lorsque nous voulons créer un projet, nous pouvons utiliser la même force de création. C’est à dire lui apporter ce dont il a besoin pour prendre forme mais sans stress, juste par amour de ce que nous voulons mettre au monde puis laisser la magie opérer. 

La créativité me semble être une notion cousine à la Liberté car c’est grâce à ce besoin que nous affirmons des choix qui peuvent sembler étranges car en dehors du schéma. Qu’en penses-tu ?

Oui complètement ! Créer sa propre réalité basé non pas sur « ce qui a toujours été fait » mais sur le champ infini des possibles. J’adore écouter des histoires insolites de gens qui ont créé de nouvelles voies, de nouvelles façons de vivre. C’est pour ça que voyager, voir, apprendre enrichi notre vocabulaire pour pouvoir créer de nouvelles réalité encore pas explorée. 

Parmi tes clients, as-tu remarqué un blocage au niveau de leur créativité ?

Oui je vois beaucoup de blocage, j’entends beaucoup de gens qui me disent: « Oh mais moi je suis pas créatif ». Je t’avoue que ça a presque tendance à m’énerver tellement c’est une croyance qui limite l’individu ! L’Homme est créatif par nature. Après au niveau des idées il y en a certaines qui vous animeront plus que d’autres. Ce sont celles qui vous font frétiller intérieurement qu’il faut choisir de développer. Les « mauvaises idées » ce sont celles qu’on fait par peur et pour combler son manque d’amour. Par exemple: Pour faire de l’argent ou pour avoir de la reconnaissance… Pour pouvoir trouver des idées qui nous font frétiller il faut prendre soin de notre santé émotionnelle car si on est stressé ou nerveux il sera difficile de sentir l’excitation d’une idée. D’où la méditation, les ballades en natures, le yoga etc… 

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« Oh mais moi je suis pas créatif » […] c’est une croyance qui limite l’individu ! L’Homme est créatif par nature.
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Ressens-tu l’impact du mental sur ta créativité ? Si oui, comment réagis-tu dans les moments où il te freine ?

Oui comme je viens de l’écrire, nos pensées et nos émotions sont extrêmement liées et peut bloquer notre créativité. Pour prendre soin de mon monde intérieur: je médite 10mn le matin et 10mn le soir, je mange sainement, je bois beaucoup d’eau, je fais du sport tous les jours (yoga ou cardio) et je me couche tôt. ça me permet d’avoir une base saine. Je ne crée jamais rien si je ne me sens pas centrée et inspirée, si je bloque je quitte mon ordi et je pars faire un tour dans la nature, je vois des amis, bref je me ressource.

As-tu des ressources qui t’ont aidé à trouver ta voie ou qui te motivent ?

  1. Comme par Magie de Elisabeth Gilbert – Pour mieux comprendre le voyage créatif. 
  2. Daily Love, growing into grace de Mastin Kipp – Pour une dose d’inspiration, de courage, de confiance en soi. 
  3. marieforleo.com – Pour m’aider avec mon business.
  4. Le stage « Trouver votre excellence en action » de Joel Guillon à Paris 

T’arrives-t-il de douter de tes capacités ? Comment arrives-tu à surpasser ce doute ?

OUI ! Le doute fait parti du processus normal de notre expérience humaine et surtout lorsqu’on se lance dans des gros projets! Hier j’ai regardé un documentaire qui s’appelle « The Dawn Wall » (grosse recommandation d’ailleurs). ça parle du grimpeur Tommy Caldwell et de son rêve d’escalader une paroie dans le parc de Yosemite qui avait été décrite comme impossible à escalader. On l’a critiqué, jugé, traité de fou… Mais il ne se laisse pas impressionner et travaille pendant 6 ans pour pouvoir faire naître son projet. Au cours de son aventure bien sûr il doute: « Est ce que c’est vraiment possible de faire ça? », mais il ne lâche rien et sa foi et sa détermination finissent par payer ! 

Quand je me fais prendre par le doute: déjà j’en prends conscience « Ah tiens c’est toi le doute » mais je ne rentre pas dans ses histoires en remettant toute ma vie en question. La joie que mon projet me procure me donne la certitude que je suis sur le bon chemin et il me permet de me sentir chaque jour épanouie et vivante! 

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Le doute fait parti du processus normal de notre expérience humaine et surtout lorsqu’on se lance dans des gros projets !
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En règle générale, penses-tu que le bonheur se choisit ? Si oui, comment cela se traduit-il dans ta vie quotidienne ?

Oui le bonheur se choisi, mais il faut prendre le risque d’être heureux… Car comme dirait le dicton anglais: « Misery likes company » (la misère aime la compagnie). Pour moi une pratique régulière de la méditation me parait primordial, ça me permet de faire des meilleurs choix dans ma vie quotidienne au lieu d’être prisonnière de schémas d’auto sabotage etc… 

Pour conclure, quel message souhaites-tu transmettre au gens sur leur créativité ?

Commencez à émettre la possibilité que vous êtes créatif et laissez vous surprendre.

Retrouvez Anouk:
⤅ sur son site http://anoukcorolleur.com
⤅ sur Instagram @anoukcorolleur

Interview Créa #4 – Sophie Trem, entrepreneur et fondatrice The Good Mood Class

Je suis excitée comme une puce à l’idée de ce que je vais écrire: Sophie Trem du blog The Other Art of Living a eu la gentillesse de répondre à mon Interview Créa #2 ! Vous la connaissez sûrement déjà car nous sommes une soixantaine de milliers de personnes à la suivre sur instagram pour sa joie de vivre, son sens de la famille, les valeurs d’amour de l’autre et de l’amour de soi qu’elle véhicule.

Sophie fait partie des personnes que je souhaitais très très fort interroger pour cette catégorie: sa créativité et son goût du développement personnel sont bien connus. Les petites mains bienveillantes dans les coulisses de l’univers s’en sont mêlées (portant cette fois le doux prénom d’Angelika) et m’ont permises de lui envoyer mes questions.

Vous êtes prêts ? Les voici !

Ce que j’apprécie dans les images que tu postes, c’est la bonne humeur omniprésente. Par exemple, le dimanche où tu fêtais tes 20 ans de relation avec ton mari et que vous avez fait des aller-retours entre le jardin et la maison: cela aurait pu être une raison de frustration pour beaucoup mais cela n’a pas semblé l’être pour toi. As-tu toujours su voir le verre à moitié plein ou est-ce un travail sur toi ?

Hahha c’était un peu relou quand même tous ces allers retours 😉 J’ai vite remarqué que ça servait pas à grand chose de voir le verre à moitié vide, donc j’ai pris l’habitude de voir le bon côté des choses, c’est comme une gymnastique, à force de pratiquer ça devient naturel!

En règle général, penses-tu que le bonheur se choisit ? Si oui, comment cela se manifeste-t-il dans ta vie quotidienne ?

Oui tout à fait, à tout moment, chaque instant tu le crées, et tu le choisis donc le bonheur c’est ce que tu souhaites en faire, on peut être heureux avec peu. Pour moi le bonheur c’est être aligné entre mes convictions / propos et ce que je fais, en gros être bien dans ma tête et dans mes pompes !

Avant tu ne te considérais pas comme étant une personne créative. Y-a-t-il eu un moment clef où tu t’es rendu compte de ton propre potentiel ?

En fait je voyais bien que j’étais toujours attirée par le côté créatif mais je me disais que ce n’était pas pour moi, je n’étais pas dans cette case, c’est moi qui ne m’autorisais pas de l’être car je ne voyais pas par ce prisme les premières années de ma vie. Je pense qu’en effet instagram a beaucoup joué dans ce déclic, car pour la première fois je faisais quelque chose de créatif par moi même de A_Z , de la photo à la mise en scène, le stylisme, instagram à ses débuts était comme un carnet vierge sur lequel je posais de jolies choses sans savoir vraiment pourquoi.

A-t-il été facile pour toi d’accepter ta part créative ? Cela a-t-il été une remise en question de ce qui te définissait par rapport aux autres ?

C’était une libération plus qu’autre chose, je pouvais enfin être de l’autre côté, là où je m’éclatais vraiment, où le job était de rendre plus joli, plus communiquant le projet, toute la partie que j’aimais en fait. C’est comme si toute ma vie j’étais joueur de foot alors que ce que j’aime c’est être cheerleader LOL tu es au même endroit, mais tu ne fais pas du tout la même chose, et pourtant l’un a besoin de l’autre.

Pour moi le bonheur c’est être aligné entre mes convictions/propos et ce que je fais

— Sophie Trem, The Other Art of Living

En discutant avec toi, nous étions en accord à propos de notre conviction que tout le monde est créatif par nature. De part ton expérience, pourquoi les gens se définissent comme étant pas créatif ?

Tout le monde peut être créatif je pense, mais tout le monde ne l’est pas forcément et n’en a peut être pas envie? Créatif a une dimension artistique, c’est-à-dire une part de mystère que l’on ne maîtrise pas vraiment en fait, et je pense que souvent les gens aiment être rassurés et faire des choses qui rentrent plus dans des cases, et pour moi il n’y a pas de problème à ça tant que ça leur plait! Mais il y a en effet de la créativité partout.

As-tu ressenti le poids des injonctions de la société lors de tes changements de vie ? As-tu ressenti une incompréhension de ton entourage ?

Evidemment , imagine a mon grand âge 😉 Au début j’ai dû me boucher les oreilles pour ne pas me laisser influencer et tenir bon, car tout le monde cherchait à me raisonner et me disait de reprendre mes esprits et un bon job.

As-tu des moments de doutes vis-à-vis de tes choix professionnels ? Des moments où ton mental se rebelle ?

Aujourd’hui plus du tout, j’avance petit à petit, un pas après l’autre en écoutant mon intuition, avec les gens qui m’accompagnent, on teste, on apprend ,on avance.

Ressens-tu l’impact de ton mental sur ta vie créative ?

Totalement tout est lié, le corps, l’esprit, la créativité se nourrit de tout ça.

As-tu toujours suivi ton intuition ou as-tu dû apprendre à l’apprivoiser ?

Avant je savais que j’avais un mode intuition et dès que je l’utilisais il fonctionnait, sauf que je n’osais pas le mettre en marche tout le temps. Dès que j’ai accepté de le mettre en mode ON tout le temps, tout a changé. Intuition vs rationalité, mais ça demande un peu de temps avec de se laisser guider comme ça je pense.

As-tu une méthode de travail précise que tu utilises pour la plupart de tes projets ?

Aucune LOL, il faudrait peut être que je m’y mette d’ailleurs.

T’arrive-t-il d’être en panne d’inspiration ? Si oui, comment arrives-tu à y remédier ?

Jamais, j’ai beaucoup trop d’imagination et j’ai une dream list tellement longue que même une vie ça suffira pas hahaha.

 T’es-tu déjà senti “coincée” dans un projet ou accepté un projet où ton intuition te disait de ne pas y aller ?

Oui, et j’essaye de percevoir dès le départ si ça vaut le coup ou pas, si je sens que ça coince dès le départ je n’insiste pas car je sais que c’est un signe que ce n’est pas la bonne direction.

As-tu des livres ou ressources qui t’ont débloqué d’un point de vue créatif ou professionnel ?

Le pouvoir de l’intention m’a totalement fait shifter.

Au début j’ai dû me boucher les oreilles pour ne pas me laisser influencer et tenir bon, car tout le monde cherchait à me raisonner et me disait de reprendre mes esprits et un bon job.

En te voyant travailler en équipe pour The Good Mood Class, je me demandais si pour toi travailler en équipe était primordial ? Est-ce une manière de fonctionner qui te plaît particulièrement ?

Oui j’adore le travail en équipe, pour moi on avance mieux, on va plus loin, et on apprend plus. Tu partages tellement plus en équipe, les bons souvenirs, les mésaventures mais au final c’est ça la vie sinon on se ferait chier ! Et puis je suis très famille donc c’est esprit que j’ai toujours connu et que j’aime.

As-tu l’impression d’avoir deux personnalités : une pour la vie pro et une pour la vie perso ? 

Non je suis trop entière je crois et c’est en général ce que les gens me disent on me retrouve partout pareille, y’a pas de surprise en général.

Je viens tout juste de décider que je lançais mon activité, as-tu un conseil pour cette période de transition ?

Félicitations! Eclates toi, écoutes toi 🙂

Things always happen for a good reason

Interview Créa #3 – Alexis Delong, musicien dans Inuit

Il est l’heure de notre rendez-vous d’interview Créa ! Aujourd’hui, on accueille Alexis que je connais depuis moult moult temps ce qui rend cette interview toute particulière pour moi. Il a toujours été une des personnes les plus prolifiques que je connaisse. Alex, il fait.

Il est sur la route la plupart du temps avec son groupe Inuit mais il a réussi prendre un peu de temps pour répondre à mes questions 🙂

Le petit plus de la maison Periglioni: je vous rajoute deux morceaux d’Inuit car il faut que vous écoutiez ça et que vous alliez danser comme des petits fous à un de leurs concerts si vous avez la chance qu’ils passent de par chez vous.

Vous êtes prêts ?

 

 

Pour commencer, peux-tu te présenter ? Quel est ton travail ? Quelles sont tes passions ? Comment souhaites-tu te définir ?
 
Je suis Alexis DELONG, musicien compositeur interprète dans INÜIT, un groupe de pop éléctronique originaire de Nantes. Je suis aussi producteur et arrangeur pour d’autres artistes, je compose pour la musique à l’image.
J’ai la chance de faire un travail qui est au préalable une passion, chance que je réalise d’ailleurs un peu plus chaque jour. A côté de mon travail, j’adore découvrir de nouveaux endroits où manger, boire des verres, lire, découvrir de nouveaux artistes, peu importe la discipline !

T’es-tu toujours considéré comme une personne créative ? Comment cela se manifestait-il et sinon, comment en as-tu pris conscience ?

Je pense avoir toujours été curieux et je crois que la curiosité va forcement de pair avec la création. Ce sont deux choses qui se répondent et qui permettent de dépasser ce qui est pour avoir envie d’aller chercher ailleurs, d’autres vérités ou d’autre manière de voir le monde. Etant enfant unique, j’ai du être curieux et inventif pour ne pas m’ennuyer. Je crois que ce que je faisais enfant je l’applique toujours aujourd’hui.

Qu’est-ce qui te semble le plus difficile dans les métiers dits “créatifs” ? Et le plus gratifiant ?
Le plus difficile c’est sans doute le fait d’en vivre et de pouvoir le faire à plein temps ! Le plus gratifiant c’est pour moi d’avoir la sensation d’être content de son travail, heureux du chemin créatif parcouru pour le finir et enfin de voir que notre création touche d’autres personnes !

 

Utilises-tu la même méthode de travail pour tes projets professionnels que personnels ?

Je n’ai jamais réfléchi à cela mais je pense qu”il y a forcément une porosité entre le professionnel ou le personnel. De toute façon j’ai une approche assez intuitive des choses qui me pousse à tenter sans cesse des choses et cela me motive au quotidien.

 

Vous êtes 6 dans Inuit, c’est énorme pour un groupe ! Comment fait-on pour réussir à créer de la musique en communauté ? 

Dans Inüit, faire ensemble est la base du projet, il a cette forme parce qu’il est fait à 6 cerveaux. Pour apprendre à travailler ensemble de manière efficace dans un projet créatif, il faut à mon sens beaucoup d’humilité et surtout très bien se connaitre, pour savoir se dire les choses comme il faut, sans blesser et être toujours dans une bonne dynamique.

Tu es aussi entouré par l’équipe de la maison de disque. Est-ce que cela aide à ne pas laisser le doute devenir envahissant ?

Les différents partenaires allègent tous chacun à leur façon une partie des choses auxquelles ont doit penser mais il est important malgré tout d’avoir l’oeil sur tout, sans forcément être nous même exécutants mais au moins consultés dans les différents choix qui sont faits pour notre projet.

Le plus gratifiant c’est pour moi d’avoir la sensation d’être content de son travail, heureux du chemin créatif parcouru pour le finir et enfin de voir que notre création touche d’autres personnes !

Si tu devais dégager 3 leçons de ton expérience au sein d’Inuit, qu’elles seraient-elles ?

1 – On a besoin des autres
2 – On a jamais raison dans l’absolu, d’autant plus dans la création
3 – Il faut réussir à se faire entendre, sans jamais blesser. Les tensions sont forcément néfastes pour un projet collectif

 

T’est-il déjà arrivé de ressentir “le poids des injonctions de la société” vis-à-vis de ton mode de vie ?

Forcément un peu, on vit à l’envers parfois, à travailler le weekend et être off le Lundi forcément ça t’ancre dans une réalité un peu différente. Mais je trouve que ma vie est géniale, c’est toujours un peu la fête et j’ai l’impression de grandir moins vite que les gens qui ont un job plus “traditionnel”.

 

Y-a-t-il eu une rencontre décisive dans ton parcours ? Un moment clef ? Qu’est-ce-que ça a changé pour toi ?

Je pense que la rencontre décisive c’est mes collègues d’INÜIT, sans eux je serais pas ce que je suis et je serais peut être pas musicien professionnel !

 

As-tu des ressources (livres, podcast, blog, …) qui t’ont aidé à être plus serein ou qui t’ont motivé dans ta vie professionnelle ou personnelle ?

Je pense que la mise en scène de la vie quotidienne d’Erving Goffman me sert de temps à autres à prendre du recul sur les choses !

 

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Interview Créa #2 – Alice Des, illustratrice et agent d’illustrateur

Aujourd’hui, j’ai la joie de partager avec vous une nouvelle Interview Créa avec Alice Des, illustratrice !

A chaque fois, j’ai envie de sautiller dans tous les sens tellement discuter à propos de la créativité ou du process créatif en général me fascine. Chaque personne a sa manière d’être, de penser et de créer. Ne trouvez-vous pas cela enrichissant ? Pour ma part, j’ai les yeux en forme de coeur à l’heure où je vous parle.

Alice Des est… atypique. Oui, elle est illustratrice mais pas que: elle est aussi agent d’illustrateurs ! Alice est illustratrice, oui, mais elle a fait Sciences Po ! Elle dessine, oui, mais pas que: elle sculpte aussi. Elle s’essaye à tous les supports qui la titillent et à chaque fois trouve un moyen de s’exprimer par ce nouveau medium. Alice semble s’enrichir constamment du monde qui l’entoure et toujours être à la recherche de nouveaux savoirs.

Cette interview, pour moi, est une véritable ode à la curiosité et à la persévérance.

Bonne lecture !

Pour commencer, peux-tu te présenter ? Quel est ton travail ? Quelles sont tes passions ? Comment souhaites-tu te définir ?

Le jour, je suis agent d’illustrateurs dans la plus belle des agences, La Suite ! On y représente une vingtaine d’artistes du monde entier, avec des projets allant de la campagne de publicité aux vitrines de magasin. La nuit, je suis illustratrice. Je suis passionnée d’arts visuels multiples, l’illustration et les romans graphiques, mais aussi le modelage, la sculpture, la photographie…

T’es-tu toujours considérée comme une personne créative ? Si oui, comment savais-tu que tu l’étais ? Si non, comment en as-tu pris conscience ?

J’y appose rarement le terme de créativité, mais j’ai toujours été curieuse.
J’ai envie de tout apprendre. J’ai commencé avec le dessin, la peinture, la mosaïque, le modelage, le bricolage, l’archéologie, les reptiles, la littérature.

Après avoir fait un baccalauréat scientifique car j’adorais la biologie – je pensais devenir médecin à l’époque, j’ai suivi mes études à Sciences Po Paris, puis à McGill University à Montréal. J’y ai choisi des cours complètement divers : histoire de la musique, histoire de l’art, écriture créative, théologie…
J’ai eu de la chance de m’épanouir dans un milieu où cet éparpillement intellectuel était bien vu. Je m’en suis rendue compte en rentrant dans le milieu du travail. J’ai souvent eu droit à des regards dubitatifs sur mon parcours – pas que, heureusement !

Dans ma pratique artistique, c’est pareil, j’ai envie d’essayer tous les média. J’aime créer des choses nouvelles, que ce soient des petites animations, des gravures, des objets, des sculptures.
En ce moment j’ai très envie de peindre ou modeler en très grand format, mais mon espace de travail parisien me limite un peu.

As-tu eu du mal à dire que tu étais illustratrice professionnelle ? Avais-tu du mal à te sentir légitime ?

Honnêtement, non, j’ai lancé mon activité durant mes études, j’étais juste très contente en recevant les papiers. C’est plutôt mon style graphique qui a subi une grande remise en question, et a beaucoup changé. Il est d’ailleurs toujours en mouvement.

Est-ce que ton cursus en communication t’a aidé dans ton travail d’illustratrice ? Si oui, comment ?

Mon parcours a été assez peu linéaire, mais pas dénué de logique in fine.
Etudier la communication m’a permis de connaître l’envers du décor des métiers créatifs : quels sont les mécanismes en place dans la publicité et de la communication, comment s’y insérer pour vendre des illustrations.
Ce sont les expériences professionnelles que j’ai vécues qui ont été les plus formatrices. J’ai fait une année de césure durant mon master, pour travailler un an avant de terminer mes études. C’est là où j’ai vraiment découvert ce milieu, ce marché. Une riche idée, ça m’a très vite montré ce que j’aimais… Et ce que je ne me voyais pas faire du tout !

As-tu un processus de création défini ? Utilises-tu la même méthode si ton projet est personnel ou si c’est une commande par exemple ?

Qu’il soit personnel ou commandité, chaque projet commence toujours par une phase de recherches. C’est la partie fondamentale, celle qui prend le plus de temps. J’ai énormément de carnets que j’emmène partout avec moi, mais la majeure partie du temps les meilleures idées viennent juste avant de m’endormir…

Pour les commandes, je réalise la version finale plutôt en numérique, avec une tablette graphique et des logiciels d’édition. Cela me permet de réaliser des modifications si besoin, ou m’adapter aux contraintes d’impression (par exemple la sérigraphie/risographie nécessitent des calques séparés pour chaque couleur), ou d’animation en séparant le décor des personnages, etc.

Pour mes travaux personnels, j’aime bien travailler sur papier, aux crayons gras, encre, peinture. Ca donne une matière, une texture, que Photoshop ne peut pas copier.

J’ai eu de la chance de m’épanouir dans un milieu où cet éparpillement intellectuel était bien vu.

Si tu devais dégager 3 leçons de ton parcours professionnel, qu’elles seraient-elles ?

La première serait que la curiosité n’est pas un vilain défaut ! Au contraire, nous vivons dans un monde où toutes les connaissances sont accessibles en un clic, c’est merveilleux.

La deuxième serait une ode à la persévérance. Après la claque de l’arrivée à Sciences Po, j’ai compris les bienfaits de savoir s’accrocher quand c’est difficile, de recommencer après un échec. Il m’arrive parfois de refaire six fois le même dessin, le même modelage…

La dernière est de ne pas se poser trop de questions. La spontanéité a du bon. Je n’ai pas la pression de devoir vivre de mes travaux créatifs, alors je peux me lâcher ! Sur une feuille ou dans la vie, on ne peut pas tout contrôler de toute façon. Et, parfois, les choses qu’on n’anticipe pas sont les plus intéressantes.

Y-a-t-il eu une rencontre décisive dans ton parcours ? Un moment clef ?

Professionnellement, mon moment clef serait ma rencontre avec Morgane, la fondatrice de l’agence d’illustrateurs La Suite. Devenir agent a été un déclic pour comprendre ce que je voulais; j’aime l’humain, l’impression d’être utile, et pas uniquement de servir une marque. C’est aussi très inspirant car ma boîte e-mail est remplie de belles choses.
Artistiquement, je me souviens que Yohan, le directeur artistique de mon premier stage, me répétait de “trouver mon style”. J’avais du mal à comprendre, puis je suis arrivée à La Suite. En réalisant les portfolios des illustrateurs, mon cerveau a fait ’tilt’ – j’avais compris ce que je devais chercher.
De manière générale, j’ai rencontré beaucoup de profils passionnants, à Sciences Po et ailleurs. Même au lycée j’étais entourée d’amies créatives. Mon dernier projet en date est d’ailleurs une série limitée de Baigneuses en céramique pour le site Amavi. Je connais Marine Lazarus depuis quinze ans !

T’arrive-t-il de douter de tes capacités ? Est-ce dans une situation particulière ? Comment arrives-tu à surpasser ce doute ?

Je pars du principe que tout s’apprend. Quand j’ai une demande qui sort de ma zone de confort, en illustration comme dans la vie, c’est la phase de recherches qui m’est fondamentale. Je commence par regarder toutes les références, les vidéos explicatives sur le web, les tutoriels. Puis je mets les mains dans le cambouis, je teste, je rate, je recommence, et ne lâche que quand j’y arrive. Comme je le disais, je suis un peu têtue, il peut m’arriver de refaire six fois le même dessin… Le côté laborieux ne me fait pas peur. Ma seule denrée rare, c’est le temps.
Cela dit, je suis incapable de dessiner une assiette. La vaisselle est mon nemesis du dessin, je ne sais pas pourquoi.

T’arrive-t-il d’être en panne d’inspiration ? Si oui, comment arrives-tu à y remédier ?

C’est merveilleux pour les yeux d’être agent d’artistes, mais en étant créateur soi-même, cela demande une gymnastique mentale de prendre du recul. J’ai parfois des moments de page blanche. Je m’en sors en général en faisant un pas de côté, en sortant de ma routine. Ca peut prendre plusieurs formes, la première est de changer de medium. C’est comme ça que j’ai testé la linogravure, puis la céramique… Faire de la photo m’aide aussi beaucoup à voir l’Image autrement, à bousculer mes compositions. Mes autres astuces: lire un nouveau roman graphique, discuter avec des amis créatifs mais d’un autre milieu (vidéaste, photographe, écrivains), aller voir une exposition d’artiste moderne. Voyager, ou aller au Hellfest – pour sortir de sa zone de confort, c’est assez radical.

J’ai parfois des moments de page blanche. Je m’en sors en général en faisant un pas de côté, en sortant de ma routine.

Pour conclure, as-tu des ressources (livres, podcast, blog,…) qui t’ont aidé à être plus sereine dans ta vie professionnelle ou personnelle ? ou qui te motivent ?

Internet ! Si j’ai une connexion wifi, rien n’est impossible.
Plus sérieusement, je me pose peu de questions, mon tempérament est de foncer – ce qui fait hurler Hugo, mon copain. Apparemment le concept de “réfléchir après” ne s’applique pas au montage de meuble IKEA. Le dialogue est ma principale ressource quand j’ai un doute : je demande leur avis à des proches, des collègues, sur des groupes de discussion.

Pour la motivation, mes doigts frétillent dès que je lis les romans graphiques de Fred Bernard. Sa série “Une aventure de Jeanne Picquigny” est mon coup de coeur absolu, c’est magnifique et onirique.

Pour l’humour et l’écriture, je me plonge dans Anouk Ricard et Marion Montaigne, qui sont les deux personnes les plus drôles du monde avec Hugo – et oui, en plus de monter les étagères Billy correctement, cet homme cache de nombreux talents.

J’ai aussi besoin d’un autre stimuli : le son. La musique, surtout.
Pourtant je ne joue d’aucun instrument, je chante terriblement faux, et n’ai aucun sens du rythme. Mais j’adore le rock et les sonorités un peu jazzy du sud des Etats-Unis. La bonne chanson crée pour moi une ambiance propice au dessin. Je suis aussi une grande fan du podcast ‘Transfert‘ de Slate, produit par Louie Media – et pas seulement parce que c’est Mügluck, une de nos illustratrices, qui en fait les très belles illustrations.

J’espère que cette interview vous a plu autant qu’à moi, et que vous vous sentirez inspiré pour la journée. N’oublions pas de cultiver notre curiosité et notre soif d’apprendre !

 

Les bustes de femmes sur les photos vous ont fait de l’oeil ? Bonne nouvelle, Les Baigneuses sont disponibles sur Amavi !
C’est par ici >

 

Interview Créa #1 – Manon Lecor

Nous inaugurons aujourd’hui une nouvelle catégorie sur ce blog : L’interview Créa ! Mon but étant de partager avec vous des portraits de personnes créatives exerçant des métiers différents les uns des autres. J’aimerais que l’on y discute de nos méthodes de travail pour créer, nos inspirations, nos blocages, nos doutes… Que vous exerciez un métier dit « créatif » ou non, vous pourrez vous y retrouver, découvrir comment ces personnes abordent leurs projets et même parfois tomber sur un mot, une phrase, qui résonnera en vous et vous aidera à avancer sur vos propres projets.

Pour cette tout première interview, je suis très heureuse de vous présenter celle de Manon Lecor ! Vous avez pu voir dans mon précédent article Minimalisme #2: blogs & réseaux sociaux qu’elle faisait partie des personnes qui m’inspirent au quotidien. Manon tient donc un blog sur le minimalisme, le zéro déchet et la mode éthique. J’aime son franc-parler et surtout son refus de rentrer dans une case bien définie. Elle n’hésite pas à mettre les pieds dans le plat quand elle en ressent le besoin, et j’apprécie cette envie de ne pas être une « vitrine » bien propre, bien lisse de soi-même sur les réseaux sociaux.

Pour cette interview nous allons nous intéresser à son travail d’écriture car Manon est aussi écrivain. En parallèle avec son activité en auto-entrepreneur de formation en réseaux sociaux et rédaction web, elle a publié son premier roman « Quand s’en ira la peur ». Elle est en ce moment en plein travail d’écriture sur de nouveaux manuscrits et son prochain roman ne devrait pas tarder à trouver maison d’édition à son pied. C’est en tout cas tout le bien que je lui souhaite !

Pour commencer, te considères-tu comme une personne créative ?

J’ai mis du temps à l’admettre mais oui ! Il faut bien le dire, je suis une personne qui s’épanouit dans la création. Pour mon cas, ce sera surtout l’écriture et la photographie, parfois le dessin. Avec du recul, même j’ai toujours été dans cette logique de « création » mais sans le savoir évidemment car personne ne vient nous dire un jour « dis donc, quelle créativité ! ».

Pour beaucoup de personnes, il est difficile de se lancer dans un projet créatif (comme celui d’écrire un livre). As-tu eu du mal à te lancer dans l’écriture de ton premier roman ?

Se lancer n’est pas le plus dur. Le plus dur c’est d’aller au bout. Quand j’ai commencé à écrire mon livre, j’étais dans une période calme, une période « de rien », j’avais du temps et j’ai commencé à écrire quelques lignes sur mon ordinateur. Puis ça a donné une vingtaine de pages. J’ai alors compris que quelque chose pouvait naître… Et c’est là où la difficulté commence. Comme un footing qui commence comme une promenade et qui se transforme peu à peu en marathon, ce serait dommage de ne pas franchir la ligne d’arrivée.

Maintenant que tu en es à l’écriture de ton quatrième roman, as-tu trouvé la méthode de travail qui te convient pour écrire ?

J’ai écrit 2 romans, l’un est publié, l’autre est envoyé aux maisons d’édition. Je travaille sur deux autres manuscrits en même temps. Pour le premier, je n’ai eu aucune méthode et ça a rendu la tâche bien plus douloureuse. Pour le deuxième, j’ai appliqué une méthode. Élaborer un plan et mon idée était aussi plus précise. Pour le troisième, je suis en roue libre et le quatrième, je fais comme pour le deuxième : un plan précis et en plus une discipline de fer : j’écris tous les jours 1000 mots. Je compare souvent la démarche créative au sport, mais si on ne se donne pas des objectifs, il y a le risque de se laisser aller et laisser le temps passer. Hors le temps est la composante la plus importante pour la création.

[…] une discipline de fer : j’écris tous les jours 1000 mots.

T’est-il déjà arrivé d’avoir des blocages créatifs comme celui de la page blanche ? Si oui, comment as-tu réussi à le faire passer et comment évites-tu d’en avoir ?

Ce n’est pas tant la page blanche, mais plutôt le « je suis nulle ». Parfois, je me force à écrire alors que mon mental me hurle que je suis nulle, que ce que j’écris est mauvais, mais tant pis j’avance. Après je relis. Parfois c’est nul, mais au moins j’ai avancé dans mon histoire et je peux le rectifier. Parfois, c’est pas si mal et deux trois retouches suffisent pour améliorer le texte. Il faut en tout cas y aller. Les artistes, les créatifs d’aujourd’hui et d’avant aussi, n’ont toujours montré que le meilleur mais il faut faire des choses mauvaises pour faire des choses bonnes. Je compare ça plutôt à la cuisine au lieu du sport cette fois-ci : parfois, on fait un excellent gâteau et la fois suivante, avec la même recette, il n’est pas bon. L’histoire de quelques degrés dans le four ou alors une autre marque de farine. Et parfois quelque chose qu’on considère comme mauvais va être adoré par les gens.

[…] mon mental me hurle que je suis nulle, que ce que j’écris est mauvais, mais tant pis j’avance.

Dans mon métier de designer graphique, nous sommes en recherche permanente d’inspiration. Est-ce pareil dans le travail d’écriture ?

Bien sûr ! L’inspiration est pour moi le carburant de mon cerveau. On absorbe les choses, les idées, les créations des autres et on la transforme pour en sortir quelque chose d’autre et ainsi de suite. Sans inspiration, il n’y aurait pas d’oeuvre ou de création. Quand on va dans un musée, on peut reconnaître l’époque d’un tableau uniquement par le style, parce qu’à une époque tout le monde avait le même « style » mais chacun avait son « truc ». Je vais même plus loin en disant que pour apprendre à créer, il n’est pas mal de copier. Si je ne me trompe pas, c’est Sartre qui, lorsqu’il était enfant, écrivait à sa sauce les histoires qu’il lisait dans les livres. Il copiait l’histoire mais l’écrivait avec son écriture.

A-t-il été compliqué pour toi de dire que tu étais écrivain ? Étais-tu intimidée par le regard des autres sur ton travail ?

J’ai pu le dire une fois publiée. Avant, je ne le disais pas. Le problème du métier d’écrivain, comme tous les métiers créatifs, est qu’il faut montrer patte blanche. Être publié pour un écrivain, être exposé pour un peintre ou un photographe, avoir fait les études qu’il faut pour un graphiste, etc…

Ressens-tu l’influence de ton mental sur ta créativité ? Arrives-tu à le gérer facilement au quotidien ?

Mon mental est mon pire ennemi et mon meilleur ami en matière de création. Depuis que j’ai accepté d’être une créative, mon mental s’en donne à coeur joie. Rien que de répondre à cette interview, je ressens le syndrôme de l’imposteur. Mais je crois qu’on est tous touché par ça. Qui peut dire « mon oeuvre, mon dessin, mon livre, ma photo est incroyable ». En tout cas, j’essaye de ne pas trop me dévaloriser seule, bien que je le fasse beaucoup en public (ça me rassure de dire que je suis nulle avant les autres puissent le dire). Et depuis quelques temps, grâce à ma pratique de la photo argentique, je me surprends à être fière de certains clichés que je fais, et je le dis sur les réseaux sociaux.

Mon mental est mon pire ennemi et mon meilleur ami en matière de création.

Pour toi, qu’est-ce qui te semble le plus dur à vivre en tant qu’auto-entrepreneur ? Et en tant qu’écrivain ?

La précarité, la solitude et la non-compréhension. Je gagne à peine 1,7€ par livre vendu, je ne gagne pas ma vie, je n’ai pas de reconnaissance sociale. Les gens pensent souvent que, parce que tu as des abonnés sur Instagram, parce que tu as écrit un livre, ta vie est simple et que tu n’es pas à plaindre. Mais la précarité des artistes est un fait ! Et un ami écrivain (connu) m’a dit un jour : « prépare toi à ne jamais vivre de ton écriture ». Mon activité en Freelance est une super expérience mais peu sont les gens qui comprennent que lorsqu’on vend une prestation 100, 200, 300€, on en verra à peine la moitié sur notre compte bancaire.

Idem, mais cette fois, qu’est-ce qui te semble le plus gratifiant ?

La liberté, le bien-être et le temps. Lorsque j’étais salariée, j’ai toujours eu des relations assez toxiques dans mon entourage professionnel. On ne choisit pas les gens avec qui on travaille et pire, on passe 8 à 10h par jour avec eux. Je perdais ma personnalité et je devenais aigrie. Je devenais le cliché du « le patron c’est un con » et « hors de question de faire des heures supplémentaires ». Ma vie était chronométrée. Aujourd’hui, je ne me pose plus la question. Parfois, je ne fais rien, parfois je me mets au travail très tôt. Parfois je n’ai pas de client, parfois j’ai plein de missions d’un coup. Travailler à son compte, c’est être dans un grand pré, travailler dans une entreprise, c’est être enfermée dans une toute petite pièce.

As-tu reçu des conseils qui t’ont aidé pour avancer dans la vie professionnelle et créative ?

J’ai reçu toutes sortes de conseil : trouve un job stable et bien payé pour continuer à écrire, achète une maison au lieu de payer un loyer… Ma vie n’est rassurante pour personne, pas même pour moi. Les conseils servent souvent à sécuriser une action. Quand j’ai besoin d’un conseil, je cherche sur internet ou auprès des personnes qui m’inspirent. Une entrepreneuse de Los Angeles a dit un jour qu’elle ne voulait pas créer qu’une seule activité (elle travaille dans la mode), au lieu de créer une marque. Elle en a lancé 4. Comme ça, si l’une se casse la binette, il en reste d’autres pour continuer. Je trouve que c’est un bon conseil. Et un autre conseil reçu ce week-end pendant le concert de Patti Smith à la Route du Rock de Saint-Malo. Elle a dit « Be healthy, be happy and be fucking free ».

As-tu des ressources (livres, blogs, podcasts…) qui t’ont aidé à trouver la voie qui te convenait ? Qui t’ont aidé à te poser les bonnes questions ?

La première chose qui m’a aidé à me poser les bonnes questions, c’est ma santé et mon corps. J’étais toujours mal, et c’est ça qui m’a aidé à me dire « tiens tiens, si j’essayais autre chose ». Ensuite des livres m’ont beaucoup aidé, notamment l’autobiographie de Simone de Beauvoir (tous les tomes). J’ai appris grâce à sa vie que je n’étais pas obligée d’être une femme, comme on l’entend aujourd’hui. Béa Johnson avec son livre sur le zéro déchet a aussi radicalement changé mon existence et mon rapport à la planète. Les Minimalists avec leur documentaire m’ont appris à revoir ma vision du bonheur (que je liais beaucoup à l’argent). Niveau podcast, l’émission de France Inter Grand Bien Vous Fasse est géniale pour tous les sujets liés au développement personnel. Le livre les 4 accords toltèques m’ont appris aussi qu’il ne faut rien prendre personnellement et ne pas faire de supposition. La clé du bonheur. Et enfin, je dirai qu’il faut être curieux. Se détacher des informations qu’on nous donne pour aller voir ailleurs : les autres pays, les autres cultures… Ça développe l’empathie et c’est assez chouette comme outil pour la créativité. Se mettre à la place de quelqu’un d’autre pour comprendre ses actes, c’est une grande richesse.

J’étais toujours mal, et c’est ça qui m’a aidé à me dire « tiens tiens, si j’essayais autre chose »

Initialement, je pensais vous faire une conclusion reprenant plusieurs points qui me semblaient intéressants à explorer mais l’interview étant très riche, je vais éviter de vous faire une longue conclusion et je vais simplement vous laisser vous reposer sur tout cela.

Merci Manon d’avoir accepté de répondre à mon interview et de l’avoir fait avec autant d’implication. Je pense sincèrement que ces réponses sont un très bon terreau de réflexion.

À bientôt tout le monde,

Sibylle