Couper ses cheveux longs pour une coupe garçonne: EP.3

Le moment tant redouté est arrivé : je laisse pousser mes cheveux ! Avec les différents confinements et ma vie sociale beaucoup plus tranquille que la normale, c’était « le moment ou jamais » pour passer les différentes étapes de la repousse de cheveux, sans trop de témoins de ces périodes de transitions pas forcément faciles à passer.

Les cheveux, cela pourrait passer pour un sujet superficiel. Comme je vous l’ai déjà dit dans un ancien article, ma position est qu’il ne faut pas nier les émotions et les questionnements que ce genre de sujet nous invite à explorer. Les cheveux ont une place énorme dans notre société. Ils disent des choses sur nous. Ils sont un des éléments clefs de notre « look », c’est-à-dire sur l’image que nous souhaiterions projeter (par exemple la classe sociale dans laquelle nous nous retrouvons ou à laquelle nous aspirons). Parfois, aussi, des éléments incontrôlés et incontrôlables qui disent d’autres choses de nous mais dont nous ne pouvons pas avoir conscience à moins que quelqu’un nous dise ce qu’il a pensé de nous lorsqu’il nous a vu pour la première fois. Impression bien entendu biaisée en fonction des préjugés de la personne. Difficile à démêler tout ça.

Et bien sûr, les cheveux et le choix de sa coupe sont encore fortement ancrés dans un imaginaire genré. Les cheveux longs majoritairement pour les femmes, les cheveux courts majoritairement pour les hommes. Le nombre de fois où j’ai pu entendre dans ma vie que les cheveux longs étaient un signe de féminité… ! 

Si vous avez lu les articles précédents à ce sujet, je pense que nous avons déjà abordé ces sujets mais il me semblait important de remettre un peu de contexte dans la mesure où mon dernier article sur la coupe courte date probablement de l’année dernière. 

Me revoilà donc repartie dans une nouvelle aventure à propos de mes cheveux courts mais qui n’a cette fois rien à voir avec la précédente. 

Me couper les cheveux, avec quelle facilité je l’ai fait.

Je suis venue, on m’a coupé les cheveux, j’étais heureuse, les coiffeuses étaient heureuses, mes proches étaient heureux, le monde n’était que joie fébrile et abasourdie par ce geste radical qui était de dire adieu à toute cette masse capillaire que j’avais si longtemps aimée. 

Couper les cheveux, cet acte libérateur a pris une heure. Un sparadrap que l’on enlève et hop, c’est fait. Une expérience grisante à vivre. Un shot d’adrénaline en ressortant du salon de coiffure en sentant le vent sur mon crâne.

Par contre, faire pousser mes cheveux là… Nous passons à une toute autre expérience. 

Ma dernière coupe courte date d’octobre dernier une semaine ou deux avant le confinement si mes souvenirs sont bons. Je suis donc actuellement à 6 mois de repousse et je peux vous dire que pour l’instant, c’est dur. Rien de grisant à l’horizon. Un exercice de patience qui n’est, de base, pas mon fort. 

Un mulet est apparu assez vite, et même si j’ai de la chance que la mode soit aux années 90, je dois vous avouer que c’est à ce moment là que ma confiance en moi durement acquise a commencé à s’effriter. Me regarder dans la glace est devenu difficile. J’ai vu le processus de dépréciation se mettre en place sans pouvoir agir. Si je voulais les cheveux longs, je devais passer par là. Il n’y a pas mille manières d’y arriver.

Comme cet article sera probablement le dernier de la série puisque nous clôturons un cycle, je dois vous parler de quelque chose. Cette expérience de coupe courte m’aura appris quelque chose d’important: mes grandes idées, mes grands idéaux, c’est bien beau. Mais entre la théorie et la pratique, il y a un gap.

Lorsque j’étais adolescente, j’aurais aimé être androgyne. J’ai énormément lutté mentalement parce que je ne me sentais pas « fille » et ne me retrouvais pas là dedans. Je me sentais floue, ailleurs, quelque part de non dit, jamais évoqué. En gros, quelque part où on me ficherait la paix sur tous ces concepts qui me provoquaient de la souffrance. Rétrospectivement, cela peut sembler con de se dire que ne pas avoir envie de se maquiller, pas envie de mettre de robe ou jupe, pas envie d’apprendre à marcher avec des talons, tout ce genre d’apparat puisse créer de la souffrance, mais dans le contexte de l’adolescence où on aimerait tant être dans la norme, c’est compréhensible. Sale période pour certains (tout le monde ?). 

J’ai ensuite beaucoup travaillé sur moi même pour accepter la part de moi même que l’on aurait tendance à nommer « féminine ». Tout du moins pacifier ma relation avec mon corps (parce que pour le reste, les apparats, on en est toujours au même point).

Tout cela pour en venir à un événement particulier : avec les cheveux courts, on m’a appelé monsieur et contre toute attente j’ai été complètement déstabilisée. Je suis sortie de mes rails. Je me suis sentie mal. 

J’ai remarqué à quel point je ressassais le moment et à quel point je me sentais inconfortable. Et lorsqu’il y a un inconfort de ce genre là, c’est qu’il y a terreau propice pour déconstruire une pensée. C’est là la leçon majeure : déconstruire une pensée théoriquement, c’est super, par contre être suffisamment honnête pour attraper au vol la pensée dans sa vie quotidienne et se dire « tiens, tiens qu’est ce qu’il y a là dessous, autopsions la » c’est autre chose. 

Mon premier réflexe a été la honte car j’avais la sensation d’avoir failli à mes idéaux, à mon système moral. C’est-à-dire que pour moi la richesse réside dans le fait de permettre à chacun d’explorer les nuances des genres. Or, la pensée que j’ai eue (« il m’a dit monsieur -> il n’a pas vu que j’étais une femme -> je suis donc une femme moche ») était l’expression de la petite fille en moi qui voulait tellement, tellement rentrer dans le moule et me voir dans le regard de l’autre comme jolie, ce que le « bonjour monsieur » n’impliquait pas dans ce schéma de pensée. Cet événement me mettait face à mes contradictions et en général, on aime pas ça.

Pourquoi je parle de ce moment ? Car je trouve qu’en général on parle beaucoup de principes et peu de mise en pratique de ses valeurs. Parfois faire ce travail ressemble à du désherbage. Il faut faire le ménage dans toutes les plantes dont vous ne voulez plus dans votre jardin. Il faut les déraciner. Or, si vous ne faites que faire des moodboards sans jamais passer à l’action, votre moodboard est très joli mais ne deviendra jamais concret.

Pour en revenir aux cheveux qui repoussent (oui, je sais, je vous balade un peu dans tous les sens dans cet article, vous me suivez encore ?) : j’ai atteint une nouvelle zone d’inconfort. Déjà de par le temps nécessaire mais surtout par la difficulté de subir son apparence. D’un point de vue confiance en moi, la repousse a tout dévasté. Je me sens laide du matin au soir et chaque coup d’oeil dans le miroir me peine. J’ai beau me dire que n’importe quelle coupe peut être bien si la personne qui la porte l’assume fièrement… je n’y arrive pas. L’état de mes cheveux n’est pas en cohérence avec l’image que je souhaite renvoyer et c’est beaucoup plus pesant qu’il n’y parait. J’aimais l’image que renvoyait mes cheveux longs avec ma frange, j’aimais l’image de mes cheveux courts. Mais le chantier d’une repousse ce n’est qu’un amas de cheveux avec des longueurs différentes partout. Il n’y a aucune affirmation derrière à part l’image d’un certain laisser aller. J’ai du mal à accepter que cela se déroule au même moment où je rencontre de nouvelles personnes puisque j’ai déménagé l’année dernière. Je pense à toutes ces personnes qui n’ont que cette image que je déteste comme référence. 

Il y a sûrement quelque chose d’autre de caché derrière ça. Ce surgissement du rejet envers moi même m’envoie un signal. Je ne sais pas encore le déchiffrer, mais il est là. Possible que ce soit aussi parce que mon choix de faire repousser mes cheveux a été lié à une situation extérieure non choisie (les confinements) plutôt que comme une envie réelle de changer. A creuser ! Pour sûr, je me recouperai les cheveux en coupe garçonne à l’avenir, malgré la repousse qui m’attendra au tournant.

Finalement, vous ne trouvez pas que les cheveux sont un sujet bien plus profond qu’il n’y parait ? 🙂

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Un café s’il vous plait #8: réseaux sociaux, adoption d’un chat, Dune

Pour vivre heureux, vivons cachés ?

En septembre dernier, je vous parlais de mon mois sans Instagram. Depuis, mon malaise vis-à-vis de la plateforme ne s’est pas estompé, il a même parfois pris une ampleur sans précédent. Je ne peux pas forcément vous expliquer en détail ce qu’il s’est passé mais il y a quelques mois il s’est passé un événement particulier, qui au lieu de me rassurer, m’aider à guérir des plaies, m’a à l’inverse fait extrêmement peur face à la déferlente de violence que j’ai pu constater. Comme c’est étrange. Bref, après cette expérience, Instagram (et les réseaux sociaux en général) m’a donné l’impression d’un monstre hors de contrôle. Tout peut dégénérer à chaque seconde. Ca m’a fait peur, tout simplement. Alors j’ai pris encore plus de recul, je me suis terrée encore plus loin dans mon silence. Nous n’avons bien sûr pas besoin de ces applications pour vivre, c’est évident. Par contre, ce sont des outils importants lorsque vous avez comme moi une entreprise et que vous souhaitez faire connaître vos services. Or, je n’arrive pour l’instant plus à être dessus. Je ressens beaucoup de choses en parallèle car dans le même temps je me découvre un dégoût de ce que je vois dessus. Non pas que ce que je vois n’est pas bien, car j’ai choisi le feed qui m’est proposé mais je ressens une telle lassitude face à notre manière conditionnée de nous exprimer dessus, que ce soit via les mots ou par le graphisme. Je n’en peux plus de voir la même chose d’un compte de freelance à un autre. Je cherche notre individualité, ce qui fait de nous des êtres uniques et parfois cela semble difficilement lisible d’un compte à un autre.

Pourtant, je ne peux m’empêcher de voir tout ce que ces réseaux m’ont apporté. J’y ai découvert tant de choses ! J’ai vu de nouveaux horizons, appris de nouvelles notions, rencontré de nouvelles personnes, j’ai vu des choses que je n’avais jamais vu avant. Mon coeur a pris de l’ampleur, mon empathie s’est décuplée au contact des autres. Les comptes que je suis m’ont permis d’aller plus loin que là où que j’aurai été par moi même. Je me sens beaucoup plus complète et complexe maintenant que j’ai pu entrapercevoir de tous ces mondes, si différents du mien. Pourtant, cette richesse ne pèse plus suffisamment dans la balance. Pourquoi ? Je crains que cela a à voir avec la crise du covid. Je n’en comprends pas encore le contour mais il me semble que mon expérience de la plateforme n’a fait que spiraler vers le fond depuis le premier confinement. Je crois que depuis, dans mon coeur, au lieu de trouver des signes d’union, j’ai vu à l’inverse les signes de séparation. Je me suis mise à être jalouse parfois, à râler aussi, beaucoup. « Gningninginin machin a fait ci, gninginginin machin a fait ca ». Suis-je devenue la commère qui épie les gens ? Ce n’est pas bon.

Donc, on ferme tout.

Je vois bien que je suis beaucoup plus négative qu’en 2019.

Ma lumière a décru, mon cynisme et ma jalousie ont augmenté. Cela ne me plait pas. Vraiment pas.

Contrôle des émotions

Quelle transition parfaite pour mon second point. Avec tout ce que l’année nous a amené, et ma vie sociale au point quasi mort depuis le second confinement, je me rends compte que je ne maîtrise plus vraiment mes émotions. Je repars petit à petit dans un schéma où mon hypersensibilité l’emporte. A la limite, pour les vagues de tristesse qui me traversent régulièrement, ce n’est pas grave. J’ai l’habitude et il me suffit d’attendre qu’elles passent en faisant mes « rituels » qui une fois combinés ensemble permettent d’accélerer le processus (yoga, respirations, médition, écriture dans un carnet, lire de tout mon saoul, et dormir). Par contre, ce qui me gêne c’est le retour de ma colère. Bien sûr, certaines colères sont saines, mais là je vous parle de la colère stérile liée à la peur. J’ai l’impression parfois de me retrouver comme lorsque j’étais adolescente, à subir mes émotions. Je vous assure que c’est destabilisant et surtout… déçevant. Lorsque je cède à cette colère, la déception m’attend au tournant. Je sais que le fait que je m’en rende compte et que je l’analyse, me permet déjà d’avoir les clefs en main pour mieux l’anticiper la prochaine fois. En prendre conscience, c’est déjà reprendre un peu le contrôle de la situation. (Merci les 2 ans de psychothérapie qui m’aident chaque jour, haha !)

Adoption d’un chat

Pour ceux qui suivent ce blog depuis des années, vous savez à quel point cela signifie beaucoup. Je vous gonfle régulièrement avec mon amour des chiens et des chats, et en début d’année, je posais l’intention de passer (enfin !) le cap de l’adoption. C’est drôle de se dire que le chat que j’ai adopté est celui pour qui, lorsque j’ai lu la description, j’ai eu comme des petites palpitations. Elle était décrite comme timide, avec la nécessité de temps pour s’adapter et pour accorder sa confiance. Si vous avez lu l’occasion de lire l’article où je parle de mon ancienne timidité maladive, vous comprendrez pourquoi je me suis reconnue dans cette annonce. Je me suis dit « mais c’est mon chat ». Bien sûr, j’attendais de voir à la rencontre si le ressenti se confirmait ou non, car il faut arriver sans idée pré-conçue du chat. En tout cas, la rencontre a confirmé tout ça. Honnêtement, cela fait sacrément peur. On se sent en train de faire un coup de poker. Et en même temps, on se dit « Petit chat, je t’accepte tel que tu es, advienne que pourra ».

Après quelques jours dans la salle de bain puis quelques semaines sous le lit, elle a eu une urgence vétérinaire qui m’a terrifié. Il semblerait qu’elle ait fait une réaction allergique à de la litière de silice du commerce (alors que son corps n’avait aucun soucis avec celle de chez le véto). Maintenant cette mauvaise expérience est derrière nous (normalement !) et elle semble prendre ses marques. C’est même devenu un vrai pot de colle, ce qui n’est pas pour me déplaire 🙂 Elle a deux ans, fait des pirouettes en jouant à la canne à pêche, n’ose pas encore monter sur les fauteuils mais se cale contre ma jambe le soir. Des années après la mort de mon chat, cela est étonnant de retrouver la sensation de… dormir contre le mur parce que le chat a pris toute la place sur le lit ! Haha.

Que d’émotions mes amis, que d’émotions.

Dune

Parlons livre !

J’ai entamé le cycle de Dune en janvier ou en février. A l’approche de la potentielle sortie du film, et en lisant le retour de Leila de @lei_la_lit sur Instagram, je ne pouvais plus passer à côté de ce classique de la littérature de Science-Fiction. J’ai donc commencé à lire le tome 1, curieuse, sans attente particulière et je me suis retrouvée prise dedans ! Quelle difficulté j’avais à le reposer ! Je ne voyais plus l’heure passer et régulièrement je découvrais qu’il était déjà 1h ou 2h du matin ! C’est rare qu’un livre arrive à me priver de sommeil alors que c’est une des choses que je chérie le plus dans mon quotidien. Bref, j’ai été happée ! Je ne suis pas sûre de déjà avoir lu de livres équivalents. J’apprécie énormément la science-fiction en général, donc peut-être était-il évident que je serai emportée par le récit ?

J’en suis maintenant au tome 5 et il est difficile de résumé une telle histoire qui se déroule sur des milliers d’années.

Les trois premiers tomes sont pour moi exceptionnels. Les 4 et le 5 sont très biens mais les bonds dans le temps rendent difficiles l’attachement aux personnages ainsi que la compréhension des univers dans lesquels on se trouve.

Ce qui m’a le plus fasciné c’est l’intelligence du livre de nous amener dans une situation délicate : vous avez de l’empathie pour le personnage principal (et même lorqu’on change de personnage principal, c’est toujours le cas) car vous arrivez à un moment de sa jeunesse où tout bascule, pourtant… plus tard… Quelle violence. Quelle cruauté. Dans le même temps, le personnage est face lui même à un dilemne : il y a la violence, mais il sait que s’il ne fait pas ça, une plus grande violence encore va prendre le pas.

J’ai apprécié le fait que le livre n’ait pas une dichotomie bien/mal (même si c’est initialement ce qui semble se dérouler entre Atréides et Harkonnen) mais aussi que les Frémens, dépeints par les autres groupes comme étant « grosso modo » des barbares, n’en sont pas. Que leur culture, qui semble violente pour les personnes extérieures, découle de leur environnement direct, le désert et des problématiques de survie qui en découlent. Les questionnements sur la religion sont légions dans les livres, donc si vous aimez philosopher dans votre lit à minuit, n’hésitez pas 😉

Ces quelques lignes ne rendent pas justice aux livres.

Je ne suis vraiment pas sûre qu’ils plaisent à tout le monde puisque le livre ne prend pas toujours la peine de vous expliquer ce qu’il se passe. C’est à vous de recoller les morceaux et de réfléchir à ce que telle ou telle réplique peut impliquer.

Pfffiou, je me laisse emporter pour vous en parler ! Je pense que je vais m’arrêter là pour cet article déjà bien fourni 🙂

Belle semaine à tous !
Sibylle

Mes intentions pour 2021

Depuis quelques années, je choisis en début d’année un mot qui réflète mon intention pour les mois à venir. En 2020 j’avais choisi le mot « courage » (oui, c’est ironique lorsque l’on sait tout ce qu’il s’est passé… Du courage, il nous en a fallu !) et dans tous mes moments de doute ou de réflexion, ce mot me permettait de me souvenir le chemin que je souhaitais emprunter.

Lorsque je choisis le mot de l’année, je ne le choisis pas uniquement pour ce qu’il signifie littéralement mais aussi pour les émotions et les espoirs qu’ils m’évoquent. Le mot courage n’était pas sorti du chapeau, c’est celui qui semblait le plus fort pour refléter ce dont j’avais besoin. A chaque fois que j’évoquais ce mot, je me retrouvais « propulsée » dans une image mentale remplie de sensations, d’envies, d’idées, d’espoirs…

Bref, le choix du mot va beaucoup plus loin que simplement prendre au pif un mot qui nous plait sur le moment. C’est trouver un mot qui vous donnera une feuille de route juste à son évocation. Celui qui vous rappellera où vous souhaitez aller. Ce mot devient presque un moteur.

Les années précédentes, les mots de l’année s’étaient imposés d’eux-mêmes. Je dois vous avouer que cette année, je suis tellement déboussolée face à la situation actuelle, qu’au début aucun mot ne semblait faire surface. Honnêtement, cela résume assez bien ce qu’il se passe en moi depuis quelques mois : les mots ne me viennent pas. Je n’écris pas d’articles car il est en ce moment difficile pour moi d’avoir accès à mes émotions. Tout semble bloqué pour garder un semblant de contrôle. L’inspiration a rarement été aussi basse pour le blog.

Néanmoins, appréciant réellement le fait de choisir un mot pour l’année, j’ai continué à me demander « Sibylle, de quoi as-tu besoin pour 2021 ? ». Et puis, la seule chose qui me venait était : j’ai besoin de douceur. J’ai besoin de rire, de légèreté, d’amitié, d’amour, d’inspiration, de beauté. J’ai besoin de retrouver ma capacité à rêver (qui s’est complètement fait la malle depuis quelques mois). Disons que j’ai envie de la douceur d’un printemps, du soleil sur ma peau, d’un jardin où humer les fleurs, sentir l’herbe sous mes pieds, boire des smoothies banane vanille, entendre l’océan gronder, sentir mon corps se délier, vivre.

Au début, j’ai refusé de choisir le mot « douceur ». Mon mental me disait « mais Sibylle, tu dois choisir un mot qui te demande de puiser dans tes ressources, d’aller plus loin, qui t’encourage à te découvrir » mais la réalité c’est qu’à l’heure où j’écris mes ressources mentales ont besoin d’être rechargées. Et pour ce faire, c’est bien de douceur dont j’ai besoin. S’octroyer de la douceur, dans mon cas, c’est un challenge en soit. C’est accepter que j’y ai droit.

Et sinon, vis-à-vis des intentions… Qu’est-ce que je pourrais me souhaiter pour 2021 ?

  • Me faire un groupe d’amis soudés à Nantes
  • Me sentir entourée, sentir que je fais partie d’un tout
  • Faire quelques voyages en France (visiter l’est, retourner en Bretagne, voir les montagnes)
  • Adopter un petit chat ou un petit chien (si j’arrive à sauter le pas… mais est-ce qu’on se sent jamais prêt ?)
  • Me sentir à ma place (personnellement et professionnellement)
  • Passer beaucoup de temps à marcher ou randonner dehors
  • Nourrir ma créativité avec des expos ou des livres d’art (-> pas sur pinterest ou instagram)
  • M’éloigner des écrans, please
  • Faire une retraite de yoga
  • Accepter l’évolution de ma pratique de yoga
  • Creuser cette idée de « création d’ambiance » (je sais, vous ne pouvez pas comprendre, vous n’avez pas le contexte pour cette intention, mais c’est pas grave)
  • Interroger mon envie de mêler mes passions ensemble (Comment cela pourrait-il se traduire ?)
  • Rêver, rêver, rêver

Et vous, vous aussi vous choisissez un mot d’intention pour l’année à venir ? Ou faites-vous une liste d’envies ? Je suis sûre que nous énormément à avoir envie d’un peu de douceur cette année 🙂

Bonne journée à vous tous,

On se revoit vite !

L’ère de la vulnérabilité

Bien le bonjour,

Je commence un article sur un coup de tête, je ne l’ai pas du tout préparé mais j’aimerai réussir à le finir avant que les obligations de la vie quotidienne ne viennent me tirailler (sortir les poubelles, faire la vaisselle, une lessive…). Nous sommes donc dimanche matin et je viens de prendre une rasade de café. Mon copain dort encore dans le lit pendant que j’essaye de commencer ma journée sans faire trop de bruit.

J’ai envie de vous parler d’une observation que je me fais régulièrement depuis quelques mois et qui se confirme de jour en jour un peu plus : j’ai la sensation que nous sommes pour beaucoup dans une phase où nous nous montrons de plus en plus vulnérables publiquement. La prise de parole concernant des aspects moins agréables de la vie semble devenir de plus en plus normalisé et je dois vous dire que cela me fait beaucoup de bien. Je crois que lorsqu’on accepte de dévoiler des facettes de soi qui sont moins lisses et brillantes, lorsque l’on met en lumière des endroits qui nous semblent plus sombres, nous permettons aux autres de faire de même au lieu de regarder ailleurs. La honte de ne pas être fort/parfait/à la hauteur de son image perd un peu plus de terrain chaque jour, dans le contenu que je consomme en tout cas, et c’est une sacrée bouffée d’air frais.

Que ce soit dans mon entourage direct ou dans les créateurs de contenu que je suis, le traumatisme d’une épidémie qui éclate et nous force à rester chez soi en écoutant le nombre de morts tomber tous les jours semble avoir permis (forcé ?) une introspection plus ou moins importante. Des remises en question, chacun à sa propre échelle ont pu émerger. Des colères aussi, bien sûr, mais disons une envie de changement. J’ai longtemps été perplexe face à l’utilisation constante du vocabulaire d’un « monde d’avant », d’un « monde d’après », me disant que le paradigme restait fondamentalement le même et que je continuerai à aller prendre un verre avec les copains le vendredi soir une fois le premier confinement fini, en tout cas que la banalité de mon quotidien resterait d’une certaine façon inchangée.

Par contre, peut-être n’est-ce que moi, ou peut-être que j’ai cherché inconsciemment les informations qui me confirmaient ce ressenti, j’ai l’impression que nous avons tous énormément changé au cours de cette année. Comme si certaines futilités n’avaient plus lieu d’être et que MERDE, on a bien le droit de dire qu’on est paumé/triste/hésitant sans avoir peur du jugement de l’autre. Je crois que je commence à voir les contours de ce nouveau monde (certains qui me déplaisent bien entendu) mais d’autres qui me donnent espoir.

Une phrase que j’ai entendu il y a quelques semaines me revient régulièrement « On ne négocie plus avec son âme, c’est fini tout ça ». Je crois que ça résume bien l’ambiance : une sorte de rejet des compromis qui sont en place depuis parfois des années, qui nous font du mal psychologiquement parlant et qui nous semblent, à la lumière de cette nouvelle ère, intolérables. Alors on déménage, on divorce, on se sépare, on vend ses affaires, on dit adieu à des amis qui ne nous veulent pas du bien mais simplement un miroir de leur propre réussite personnelle.

Bref, d’une certaine manière on reprend les reines de sa vie, on donne un coup de pied dans les normes sociales dans lesquelles on a pu s’embourber sans même s’en rendre compte.

Depuis mars, j’ai eu beaucoup de mal à vous écrire, car lorsque l’on est pris dans le tourbillon du changement, c’est difficile de rendre compte de ce qu’on ressent. On est happé plus qu’autre chose et on attend que le tout se calme. Maintenant que cela m’arrive enfin, les mots se bousculent pour vous écrire cet article un peu bordélique.

Par biens des aspects j’ai changé cette année, et j’imagine que vous aussi.

N’ayez pas peur de parler, de vous exprimer.

Je crois que c’est ici que je vais m’arrêter pour aujourd’hui.

Bon dimanche à tous,

Sibylle

Article à la cool : je regarde quoi sur youtube en ce moment ?

Est ce qu’en ce jour férié un petit article sans prétention vous ferait du bien ?

Je vous parle régulièrement du fait que le premier confinement m’a fait découvrir beaucoup de chaînes youtube. Avant, certes je regardais quelques chaînes plutôt « gaming » (alors que je ne joue absolument pas aux jeux vidéos… Allez comprendre !) mais maintenant le vlog s’est beaucoup imposé dans mon temps passé sur la plateforme.

Je vous mets une vidéo par chaîne pour vous donner un aperçu de ce que j’apprécie dessus 🙂

Préambule : je préfère prévenir ceux qui cherchent du contenu éco responsable sur youtube que ce n’est pas du tout ce que je consomme dessus. A part regarder de belles tiny houses, je n’ai rien sur ce créneau dans mes abonnements !

Q2HAN

La chaîne que je préfère dans celles que j’ai découvertes cette année. Je vois une nouvelle vidéo, qu’importe le titre, je vais me poser et regarder. Les deux jumelles me font tellement rire et leurs sens de l’esthétique dans les parties contemplatives de leurs vidéos me parle. Je gagne toujours quelques points de bonne humeur après avoir regardé une de leurs vidéos. Je reviens aussi régulièrement sur des vidéos que j’ai particulièrement aimé lorsque l’envie me dit.

MICHELLE CHOI

Michelle est une youtubeuse qui a déménagé à NYC il y a 1 an après plusieurs années à Séoul pour ses études. J’ai découvert sa chaîne car le titre « Living Alone Diaries » m’avait interpellé puisque pendant le premier confinement je redécouvrais la joie d’habiter seule tout en y étant forcée par la force des choses.

ASHLEY B CHOI

J’ai découvert Ashley grâce à la vidéo que je vous ai mis ci-dessus. Elle faisait partie d’un groupe de Kpop jusqu’à ses 28 ans et s’est donc retrouvé à découvrir ce qu’est l’indépendance à ce moment là. Au moment où je découvrais sa chaîne (probablement une recommandation que j’ai eu en regardant Michelle Choi), j’étais pile poil en train de me demander si moi aussi j’avais les ressources nécessaires pour y arriver par moi même.

ROWENA TSAI

Ici on parle productivité, finance, bien-être,… Bref, on décortique sa vie sous bien des aspects pour essayer de la modeler de manière à s’y sentir bien dans sa tête, bien dans son corps et bien dans son taff 🙂

Et c’est grâce à un commentaire sur ce blog que j’ai pu découvrir cette chaîne !

SUZINNE

Vous aimez les plans contemplatifs ? Vous aimez observer les gens dans leur vie quotidienne ? Vous aimez les petits chats mignons qui viennent s’installer sur les clavier pendant que vous travaillez ? Cette chaîne est pour vous !

Pensez à activer les sous-titres anglais pour cette chaîne (sauf si vous parlez coréen bien sûr).

BEST DRESSED

Cette chaîne est plutôt tournée vers la mode ce qui ne m’intéresse pas forcément (par exemple je ne regarde pas de vidéo du genre « 30 fall outfit ideas ») mais je regarde plutôt les vidéos axées vlog ou déco. J’aime le sarcasme donc j’y trouve mon compte !

ESTEE LALONDE

Ici aussi, une chaîne qui initialement parle d’un sujet qui ne me parle pas du tout : les produits de beauté. Par contre, j’y adore les vlogs. Estée se montre vulnérable, franche et en bonus pour les gens comme moi, elle a un chien !

Et voilà, en espérant vous donner de quoi vous mettre sous la dent pendant quelques temps 🙂

1 mois sans Instagram

Le mois de septembre fut un peu particulier : c’était ma première rentrée dans le nouvel appartement où j’habite, mon anniversaire (28 ans, youhou) et un mois où j’ai voulu prendre de la distance avec Instagram dont mon utilisation devenait de plus en plus ingérable. Si vous me lisez depuis quelques temps, j’imagine que vous n’êtes pas surpris puisque je passe ma vie à remettre en question mes habitudes et ma consommation au sens large. Cette démarche n’est jamais dans l’optique de me culpabiliser, mais d’aller chercher plus loin la cause de mes comportements. Il est fascinant de se demander le pourquoi du comment, et de prendre un pas de côté sur des sujets qui paraissent parfois évidents. Nos comportements même les plus basiques peuvent dire des choses sur nous, notre éducation, notre vision du monde. Je comprendrais que certains trouvent que je me prends la tête pour rien (on ne va pas se mentir, ça arrive de manière régulière) mais je ne coupe pas à la tradition : j’ai envie de comprendre et d’analyser ma relation à Instagram. 

Mon Ressenti 

Tout d’abord, quel est mon ressenti d’être partie de cette plateforme pendant 1 mois ? 

J’ai adoré. J’ai tout simplement adoré être loin d’Instagram. Je crois que cela est lié avec le fait que je me trouve dans une période qui me semble assez particulière : j’ai 28 ans et tout semble basculer autour de moi. Les bébés arrivent, les familles se forment, les appartements s’achètent… Malheureusement, même si j’ai l’avantage de savoir ce que je veux dans la vie, je reste bien malgré moi perméable à la pression sociale. Et là je la vois bien. Ce qui me frappe le plus est le fait qu’elle m’oppresse de jour en jour alors que… cette pression il n’y a pas UNE personne qui la crée. Elle est diffuse. Elle est sous entendue (parfois). 

Donc, revenons à nos oignons. 

Instagram. 

Mon souci est donc que je ne suis pas imperméable. Quand il y a quelques gouttes de tous ces beaux visuels, ces présentations magnifiques, ces gens qui semblent si intéressants, je maintiens le contrôle de ma barque. Quand ce ne sont plus quelques gouttes mais des torrents d’informations qui me tombent dessus, ça commence à s’infiltrer sous ma peau. C’est vicieux parce qu’on le sent à peine venir. Il faut beaucoup d’écoute de son corps pour sentir les très légères gênes ressenties face à telle ou telle photo. La comparaison fait son oeuvre dans les coulisses et ça a un impact même si on ne s’en rend pas compte tout de suite. Je crois que c’est cela qui m’a le plus étonnée. Qu’importe le nombre de tri que je fais dans les comptes que je suis, qu’importe si je ne vois que les comptes de mes proches, mon cerveau semble avoir pris l’habitude de se comparer. 

Je me demandais ce que serait ma vie sans instagram. 

Est-ce que j’achèterais autant d’objets ?
Est-ce que je m’habillerais autrement ?
Est-ce que mes envies changeraient ? 

Autrement dit, qu’est-ce qu’il se passe lorsque je m’expose à moins d’images au quotidien ? 

Eh bien, la réponse c’est que j’étais bien. Heureuse. Je ressentais le contentement de ma vie. 

Dans « la vraie vie », je ne me compare pas aux amis que je vois ou aux inconnus dans la rue.
Dans « la vraie vie », je ne remets pas en question mes aspirations fondamentales.
Dans « la vraie vie », je ne ressens aucune pression.
Dans « la vraie vie », je mène ma barque et j’en suis heureuse.
Dans « la vraie vie », je suis pleinement moi sans douter. 

Alors pourquoi ça dérape toujours sur instagram ? 

Bien sûr il y a une part d’expérience personnelle. D’autres personnes ne vivront peut être pas cela. Néanmoins, si je parle de cela c’est que je sais que je ne suis pas seule à ressentir ces émotions complexes face à Instagram. J’en parle pour que personne n’ait honte de constater chez lui ce comportement de comparaison alors qu’il se pensait « au dessus de ça » : c’est humain. Lorsqu’on voit des CENTAINES d’images travaillées par jour… Ca nous impacte. C’est normal. L’essentiel c’est d’apprendre à s’écouter à débusquer les pensées néfastes.

N’être « connecté » qu’à sa vie 

Pendant mon absence, une image m’est venue en tête pour parler d’instagram.

Soudain j’ai vu instagram comme une manière d’être connecté à pleins de lignes temporelles différentes. A chaque image, mon cerveau se débranche de MA ligne temporelle pour se connecter à celle de l’image devant moi. Mon cerveau vit quelques millisecondes dans cette autre ligne temporelle puis fait de même à la photo suivante. Comme si on absorbait à chaque fois un petit peu la vie de quelqu’un d’autre. 

Pas d’instagram, pas d’autres timelines. 

Juste notre vie. Aussi simple que cela. 

Ma propre vision des choses, mes propres envies, mon propre ressenti. Rien d’autres. 

Il n’y a plus à chercher, si on ne se sent pas proche de soi, décentré, perdu, il faut tout couper. Faut plus être joignable. 

Etre centré était évident pendant cette période. Y’avait même pas à essayer. L’espace pour soi que l’on peut trouver en yoga était toujours avec moi. Jamais parasité. 

Du temps gagné 

ALORS LA. Le pire dans cette histoire c’est que je ne crois pas être quelqu’un « pendu » à son téléphone à checker instagram toutes les 30 secondes. Je n’imagine pas le soulagement que cela pourrait être d’arrêter pour quelqu’un qui y passe plus de temps que moi. Ce n’est pas compliqué, on a du temps pour tous les loisirs pour lesquels on n’en trouve pas habituellement. Pas de DM à répondre, pas de commentaire, pas de like surprise qui nous provoque u petit shoot, pas de légende à créer, pas de story à regarder… Aaaah mais c’est qu’on le managerait presque ce compte ! 

Pendant ce temps loin de tout ça, j’ai réalisé que même quelqu’un qui ne partage rien sur ce réseau peut passer un temps monstrueux dessus à consommer du contenu ou à intéragir avec ses amis, à commenter un post de quelqu’un qu’il apprécie, ou encore à découvrir de nouveaux comptes dans l’onglet découverte… Aie, Aie, Aie. Personne n’est à l’abri. 

Les comptes qui me sont précieux 

Pendant ce mois à l’écart du bruit que provoque Instagram, j’ai pensé régulièrement à plusieurs comptes dont l’activité me manquait. Cette pause m’a donc permis de me rendre compte des comptes qui m’apportaient réellement quelque chose. Ceux avec lesquels mon cerveau ne se compare pas mais dont j’apprécie sincèrement l’apport. 

Ne les ayant pas notés au fur et à mesure je crains d’en oublier, mais si mes souvenirs sont bons, les comptes que j’étais heureuse de retrouver furent : @manonlecor, @leigheasan, @parolesdeyogis, @joseeannesarazincote, @mangoandsalt. Il y en a sûrement d’autres mais ce sont les premiers qui me vont venus à l’esprit, alors laissons ça comme ça. 

Retrouver une clarté d’esprit 

S’il n’y avait qu’une chose à retenir de cet article, ce serait que si vous manquez de clarté d’esprit, demandez-vous s’il y a des choses dont vous pouvez vous départir dans votre quotidien pour mieux vous retrouver. Il suffit parfois de supprimer quelques applications, ou ne plus aller sur certains sites pour finalement y voir plus clair.

Si chaque nuage était l’avis de quelqu’un, avec tout ce que l’on voit tous les jours en allant sur les différents réseaux sociaux, il ne nous serait plus possible de voir le ciel DU TOUT. Ce serait un ciel couvert toute la journée. Alors rendez-vous service.  

Et maintenant ? 

Pour l’instant j’oscille encore. J’ai re-supprimé l’application car dès que je l’aie sur mon téléphone, je me retrouve à regarder régulièrement s’il y a du nouveau. Pour l’instant je me laisse juste la possibilité d’aller sur la version web qui ne me provoque pas du tout le même comportement. A voir si je change d’avis avec le temps ! 

Pour conclure, je ne peux que vous encourager à analyser votre consommation des différents sites ou applications que vous utilisez au quotidien. Il se pourrait que vous ayez de mauvaises surprises en découvrant que vous passez beaucoup plus de temps que vous n’auriez imaginé dessus ! 

Un café s’il vous plait #7: été 2020, vacances, sérénité & Harry Potter

Est-ce que vous allez me jeter des cailloux dessus si je redis encore une fois « quelle année ! » ? Je comprendrais, je n’en peux plus de m’entendre dire ça encore et encore. Cette année est assez étrange sur un plan de la communication : je ressens tellement de choses, j’ai envie de vous partager tellement de réflexions et pourtant rien ne sort. Les mots n’arrivent pas à se former. Je reste muette la plupart du temps devant mon ordinateur, frustrée de ne pas réussir à vous transmettre les émotions qui me traversent.

J’ai la sensation d’avoir beaucoup appris cette année. Quand je regarde en arrière, je vois 2018 comme l’embryon d’un projet, où l’enthousiasme me propulsait en avant, puis est arrivée 2019 en démarrant tranquillement (ce qui me convenait assez bien) pour s’accélérer si rapidement sans crier gare que j’utilisais régulièrement la métaphore d’essayer de contrôler une fusée en plein lancement. Enfin, 2020 a tout dégommé sur son passage, anéantissant non pas mes espoirs, mais une peur profonde en moi, anéantissant aussi certaines idées pré-conçues. Face à l’imprévisible, je me découvre non pas héroïque mais stable. Je tiens la barre. Je continue à naviguer malgré tout. Même si ça me terrifie quelque part.

Il me semble que finalement 2019 n’était qu’une simple transition pour en arriver à là je suis maintenant.

2020 est toujours encore en cours et depuis des mois je sens un appel au « nettoyage » intérieur (ok, je vous perds avec cette expression, c’est normal). Disons que je ressens le besoin continuel de faire le point sur ma vie, mes envies, mes peurs, mes ambitions. 2020 me force à définir mon plan de vie (à court & long terme) et à prendre les décisions en conséquence. C’est dur ! Mais nécessaire. Je découvre avec le temps à quel point ce « muscle » de la prise de décision est fondamental mais trop souvent négligé lors de nos apprentissages.

Choisir c’est renoncer, et en apprenant à renoncer à ce qui n’est pas Nous, on apprend à faire le deuil d’images d’épinal que l’on aurait aimé montrer, mais qui ne sont finalement que des fantomes. En apprenant à trancher dans des situations, j’apprends dans le même temps le deuil d’autres lignes temporelles où j’aurai fait le choix inverse. C’est en apprenant cela que j’apprends à être en paix avec là où je suis car je sais pourquoi j’y suis. Théoriquement, ça semble si simple. A mettre en place, je ne vous cache pas que c’est une autre paire de manche.

Qui l’eut cru en commencant ces lignes que j’arriverai à ce sujet ? Pas moi, je peux vous le dire !

Je vous le dis : j’ai tant de choses à dire mais pour l’instant le chemin pour y parvenir est encore chaotique. Néanmoins, l’essentiel c’est que je continue d’essayer 🙂

Partir en vacances

Donc, initialement je pensais vous parler avec légèreté de mes vacances.

Je suis partie deux semaines avec mes parents dans l’endroit où repose une partie de mon coeur : Montalivet, sur la côte Atlantique. Je découvre la région qui l’entoure depuis ma naissance, et elle continue à m’offrir de belles choses. Pendant le confinement j’avais peur de ne pas pouvoir voir ce lieu qui m’est cher cette année, mais nous avons eu la chance de pouvoir y retourner.

Ce n’est pas compliqué, dès que j’y suis, j’y trouve un certain repos. Probablement lié au fait que je suis avec mes parents, que ce sont des vacances ce qui signifie que je n’ai pas d’obligation de travail, mais je pense que cela dépend aussi des pins environnants, du vent qui souffle, de l’air de l’océan, du bruit des vagues qui nous accompagne partout, et de l’atmosphère globale qui malgré l’agitation du marché bondé semble me souffler de ralentir, encore et encore.

J’aime marcher sur les trottoirs constitués simplement de sable et de terre. J’aime voir le coucher de soleil sur l’océan. Et surtout, j’aime découvrir les autres parties du médoc. On se promène, on découvre, rien ne nous est promis et c’est très bien comme ça.

Je vous en ai déjà parlé dans un précédent article mais je souhaiterai souligner une fois encore à quel point j’apprécie les cours de yoga que je prends à Montalivet avec La Bliss Compagnie. Les cours sont du Vinyasa, mais on y trouve une réelle douceur, une écoute sans jugement de son corps. Certes, nous sommes supposés retrouver ça dans tous les cours de yoga, mais parfois il m’arrive dans certains cours de me sentir encouragée dans la performance, à aller toujours plus loin, suer toujours plus. Ce qui parfois me fait énormément de bien, bien sûr, mais ici, j’arrive au juste milieux, à l’équilibre. Et c’est encore mieux. Sans parler que cette année j’ai opté pour les cours en extérieur au milieu de la forêt de pin. Je peux vous dire que la connexion avec la terre me manque maintenant que je suis de retour dans des salles avec le sol bien plat ! Aaaah, l’odeur de la pinède, le bruit des vagues, le soleil qui commence lentement à se coucher… Malgré ma crainte constante de voir une guêpe ou un frelon arriver, je crois que les cours extérieurs deviennent petit à petit mon environnement de pratique préféré.

Donc si vous passez dans le coin, profitez-en 🙂

Sur une note beaucoup moins joyeuse, notre chien est mort le lendemain de notre retour de vacances. C’était un très vieux chien donc cela n’était pas surprenant, mais c’est toujours un sacré moment à passer. Je suis contente d’avoir pu être là la nuit où ma vieille mémère nous a quitté, entourée des siens.

Un peu de sérénité

Maintenant que je suis enfin installée à Nantes, que mes affaires sont déballées et agencées de manière à ce que je me sente chez moi, je découvre enfin cette sensation qui m’avait quitté depuis bien longtemps : la sensation d’être au bon endroit. En fait, j’ai retrouvé ma tranquillité d’esprit. Depuis quelques semaines je n’ai tout simplement aucun problème. Enfin, on s’entend j’ai des problèmes matériels, des problèmes administratifs, pratiques… mais pas de problèmes d’un point de vue émotionnel. Je suis au calme. Je suis calme. Je suis bien. Je suis tranquille.

Rien à signaler.

Je dors, je mange, je travaille, je me repose, je vois quelques personnes, je me balade.

Et voilà, mes besoins sont comblés.

Après la tempête du déménagement, je me retrouve paisible.

Ca faisait si longtemps !

Je ne sais pas si cela vous dit quelque chose, mais j’ai régulièrement évoqué l’envie de voir mon style vestimentaire évoluer. Même si j’aime toujours fondamentalement la même chose, je sentais que ma mue intérieure avait besoin d’être traduire à l’extérieur. Des pièces sont venues se rajouter à mon placard (déjà débordant… mmh). Je découvre que les tons chauds me font plutôt bien au teint, et j’expérimente plus avec les motifs qu’habituellement.

Pour couronner le tout, le psoriasis présent sur mon cuir chevelu semble se réduire inexorablement depuis des semaines. Ma mue serait-elle bientôt complète ?

Harry Potter

Pour finir ce petit récapitulatif de l’été 2020, je ne peux pas en parler sans vous dire que j’ai encore une fois relu Harry Potter. J’en avais ressenti le besoin après le déconfinement et pendant ma lecture, je comprenais pourquoi. Harry Potter évoque tellement de sujets fondamentaux (l’amitié, l’amour avec un grand A, le pouvoir, les valeurs, la politique, le courage, la peur…) que je pense que j’ai trouvé écho à mon envie de faire le point sur ma vie que je vous évoquais plus tôt. Cette histoire que je connais pourtant par coeur, me repose les mêmes questions, et toujours j’y trouve une nouvelle réponse.

Et comme toujours, j’ai bien pleuré. Oh, la, la.

Je crois que finalement je n’ai rien à dire de plus sur Harry Potter. C’est tellement une évidence pour moi. J’en ai déjà tellement parlé durant ma vie que je ne vois pas ce que je pourrais ajouter.

On parle (encore) de courage, de renouveau & de savourer l’instant présent

Un renouveau

Début 2020, je formulais mes intentions pour l’année à venir. Je m’encourageais à mettre cette année sous le signe du Courage. Maintenant que septembre arrive, que la fin de 2020 semble presque pointer le bout de son nez alors que je me demande encore où est passé mon été, je me dis que pour l’instant, nous en avons eu du courage.

Du courage pour s’écouter,
Du courage pour ne pas se laisser glisser dans la panique et la peur,
Du courage pour chercher la beauté dans les choses de la vie,
Du courage pour affirmer ses choix,
Du courage pour continuer chaque jour même lorsque ce fut difficile.

Il faut que je vous dise quelque chose, je l’ai sûrement évoqué plusieurs fois : ma période de turbulence a commencé en novembre 2019. Ce mois m’avait montré à quel point il fallait coûte que coûte que je trouve des solutions en 2020. Néanmoins, j’avais peur des conséquences possibles si je changeais des choses dans ma vie.

Avance rapide, nous sommes fin août et novembre dernier me semble faire partie d’une ancienne vie, une ancienne peau dont je n’ai plus rien en commun aujourd’hui. Il me semble avoir fait peau neuve quelque part courant 2020. Probablement en mai ou en juin tombaient les derniers morceaux de ma mue en cours depuis des mois.

Je vous parlais déjà de Courage dans l’article précédent (et dans plusieurs articles, véritable fil rouge finalement) et je vous disais que je voyais pas pourquoi on me disait que j’avais eu du courage de couper mes cheveux / déménager. Après réflexion, je pense ce qui me perturbait était la chose suivante : le courage ne me semblait pas dans l’acte même de couper ses cheveux ou déménager, mais dans le choix conscient de suivre son instinct, de l’accepter pleinement , entièrement tout en ayant en tête les avantages autant que les inconvénients, et d’accepter les conséquences de ce mouvement.

Je parle de mouvement car je m’imagine en effet cet idée de cheminement, et parfois un léger mouvement, un petit pas vers l’avant peut dérouler tout une suite d’événements inenvisageables initialement. L’idée du mouvement (et pas forcément d’avancement linéaire comme on a l’habitude d’imaginer le cheminement dans sa vie) est un concept qui me revient régulièrement en tête depuis quelques temps. Je crois qu’en partie l’idée initiale de passer le mois de mars à Rouen est venu de là : mieux valait bouger, qu’importe que ce soit au bout du monde ou non pour offrir un nouveau cadre temporaire à ma vie dans le but d’observer s’il y avait du changement dans mes réflexions. Le confinement est donc venu mettre de l’immobilité dans mon mouvement et pourtant, cette immobilité m’a permis de faire un des plus grands mouvements possibles : la prise de décision de déménager à Nantes.

Le mouvement dans la cadre de l’immobilité, je trouve ça vraiment beau rétrospectivement.

Ce confinement m’a offert sur un plateau d’argent l’espace pour imaginer la vie que je voulais, loin de mes repères habituels.


Le calme après la tempête

Retour à Paris au moment du déconfinement: je n’arrivais plus à trouver de repères. Je me suis beaucoup plainte de me sentir déracinée, dans un tourbillon, emportée par une énergie sur laquelle je n’avais pas de prise et qui me ballottait de droite à gauche jusqu’à épuisement. Néanmoins, je savais que ce que je vivais était obligatoire et temporaire. Je prenais de grandes décisions et elles ne sont que rarement faciles à prendre. Ayant ça en tête, j’ai lâché prise et j’ai attendu que la tempête passe.

Et voilà qu’en août, j’ai eu l’impression d’être recrachée sur la rive après avoir été secouée par les vagues.

J’ai pu me poser, tatonner en cherchant des repères dans cette ville que je connais pourtant comme ma poche.

Qu’est-ce que je veux ?

Qu’est-ce qui me manquait et que je peux faire ici ?

Qu’est-ce que j’attends ?

Quelles sont mes envies pour les mois à venir ? Et les années à venir ?

A l’instant où je vous écris, je profite simplement de chaque jour dans le calme de l’appartement que j’occupe. J’ouvre la fenêtre et j’écoute le bruissement des feuilles des arbres qui font face à ma fenêtre.

Je n’ai fichtrement aucune idée de ce que me réserve l’avenir et étrangement, à l’inverse de mon caractère anxieux qui aime avoir une belle feuille de route définie, cela ne me dérange pas pour l’instant. Je ressens le besoin de profiter de cette période pleinement. D’atterrir et de prendre le temps de savourer.

Comment prendre un tournant dans sa vie

Et me revoilà encore, deux ans après le lancement du blog, deux ans après avoir démissionné, deux ans après avoir lancé mon entreprise, deux ans après avoir commencé une psychothérapie, à prendre un virage dans ma vie.

Cette fois, j’ai décidé de déménager.

Après des années à me plaindre que je souhaitais quitter Paris mais ne sachant pas réellement où je sentais l’envie de poser mes valises, je n’en pouvais plus de m’entendre répéter le même refrain. Le confinement m’aura enfin donné la réponse à ma question, tant de fois posée, mais toujours restée en suspend. Face à mon indécision, une amie me disait régulièrement que si la réponse n’était pas claire, c’est probablement parce que je ne me posais pas la bonne question. Là, la question n’était plus « où as-tu envie d’aller vivre ? » mais « s’il y avait un confinement et que tu pouvais choisir où le passer, où serais-tu ? » et là, la réponse est venue naturellement. J’étais assise sur le lit, les jambes croisées, le dos droit, et c’était tellement évident que j’ai reconnu la voix de mon intuition. Je savais que c’était ça qu’il fallait faire. Repartir vivre dans mon ancienne ville. Que ce n’était pas pour la vie, que si je changeais d’avis dans les années à venir, je pourrais encore une fois prendre un autre virage. C’était ce que je devais faire maintenant.

Si je vous en parle c’est parce que j’ai remarqué une chose dans mes discussions autour de moi : le doute qui m’a habité pendant si longtemps, nous sommes plein à vivre avec. Comme un gros cailloux bien lourd qui nous empêche d’avancer et que l’on continue de trimballer absolument partout avec nous alors que ce cailloux, on était pas obligé de le ramasser sur le bord de la route à la base.

Lorsque j’ai démissionné on m’a dit : tu as du courage
Lorsque j’ai lancé mon entreprise on m’a dit : tu as du courage
Lorsque j’ai coupé mes cheveux on m’a dit : tu as du courage
Lorsque j’ai déménagé on m’a dit : tu as du courage

Pourtant, ces actions ne m’ont pas vraiment demandé du courage (en tout cas pas comme je l’entends).
Je n’ai rien fait que de répondre à mes besoins d’abord, et ensuite à ma curiosité naturelle.

Ce n’est pas du courage ou de la bravoure, je veux dire … je n’ai pas risqué ma vie en faisant ça. Les risques étaient calculés (un minimum, je ne suis pas d’une nature téméraire puisque je suis terriblement anxieuse). Ma curiosité était la plus forte et je savais que si je tombais, si je me ramassais, il y aurait bien un moyen d’une manière ou d’une autre de changer de voix.

Bien sûr que je comprends que lorsque l’on a une famille etc, les choses sont différentes, donc je m’adresse plutôt aux personnes comme moi qui ne sont pas mariés, n’ont pas d’enfants, pas de crédit sur le dos, et qui pourtant vivent leur vie comme s’ils étaient pieds & poings liés au projet professionnel qu’ils se sont un jour imaginés (probablement influencé par leurs amis & leur famille).

Le point important à souligner, il me semble, est que je ne sais jamais si « je prends la meilleure des décisions ». Ce que je sais, par contre, c’est que je prends une bonne décision en fonction des informations que j’ai à ma disposition à ce moment là, c’est tout.

J’essaye d’avancer dans ma vie en me disant qu’il y a des périodes, des cycles, et que parfois certains se finissent et que nous devons en faire le deuil. Je sais que nous avons toujours envie d’aller vers « le mieux » mais parfois il faut se demander qu’est-ce que « le mieux » signifie pour soi même (et non pour les autres). Aussi, j’aime voir ces cycles comme étant des petites vies à part entières qui sont tout simplement différentes d’avant. Cela m’aide à les vivre sans être dans un état mental de comparaison mais de simplement la vivre pour ce qu’elle est : différente. Pas moins bien, ou mieux. Juste différent.

J’ai donc déménagé, il y a des choses que je ne peux plus faire, des choses nouvelles que je peux faire. L’important pour moi à l’instant où j’écris, est de savoir si au global ma balance « émotionnelle » est positive ou négative. Car l’idée n’est pas d’être inactif si l’on va mal. C’est l’inverse. C’est de savoir dire « au revoir » aux choses lorsqu’elles ne nous conviennent plus, sans être alourdi par le poids du doute voire pire, du regret.

Est-ce que j’ai eu peur à chaque virage dans ma vie ? Bien entendu. Je continue à avoir peur, toujours. C’est dans ma nature de l’être. Néanmoins, à force de travail pour dépasser les peurs infondées qui m’habitent, je commence à les apprivoiser et à comprendre le vrai message qu’elles souhaitent me faire passer (peur de la mort, peur d’être rejetée, …).

Est-ce que je regrette une de mes décisions ? Pour l’instant, aucune.

Un déconfinement s’il vous plait #6: perdre un peu la boule, mais ça va quand même

Faire du zèle

Pendant deux mois je suis restée cloitrée.

Comme pour beaucoup, mes humeurs ont connu de très forts hauts & bas. Ca fait bien longtemps que je n’avais pas été dans ces bas fonds, tiens.

Je n’arrivais pas à m’autoriser de sortie « inutile ». Pourtant, officiellement je le pouvais mais je n’y arrivais pas. La peur de « faillir à mon devoir ». La peur de ne pas « être à la hauteur ». Mais mon mental, lui, coulait petit à petit… Mais je devais être forte, n’est-ce-pas ? C’est qui nous était demandé.

Finalement, je crois que c’était la semaine avant le déconfinement: je me suis autorisée une sortie pour activité sportive à cause de ma famille et de ma psychologique qui m’encourageaient à le faire.

Et je découvrais que la vie continuait au dehors, loin de mes yeux. C’était rassurant et perturbant à la fois.

Rétrospectivement, je me demande si je n’aurai pas dû m’autoriser plus de sorties. Car c’est mon aspect borné et presque dictatorial (envers moi même) qui s’est encore révélé. Je pense réussir à m’adoucir et soudain, comme prise la main dans le sac, je constate que je suis encore en train de m’en vouloir pour quelque chose où j’ai déjà beaucoup donné.

Ce que je retiens, c’est qu’il faut faire attention à soi. Oui. Parce que le confinement aurait pu durer indéfiniment. Et faire un marathon demande à doser son énergie.

Je sais que je vous rabache les oreilles avec ça mais je préfère en parler à chaque article sur le confinement, cela me semble important: être en confinement, c’est difficile pour beaucoup de personnes. Point. Famille, pas famille, travail, pas travail. Certains les vivent bien, certains le vivent mal. D’autres ne ressentent pas de différence. Nier l’expérience de l’autre n’aide personne.

Je pense que c’est aussi pour cela que je partage avec vous mon expérience. Cela peut sembler étrange à dire mais je crois qu’au fond je me contre fous que l’on puisse avoir une opinion négative de la manière dont j’ai vécu le confinement (ex. « ahlala de quoi elle se plaint »). Je pose mon ressenti car il est ce qu’il est. Je n’ai pas à avoir honte, ni à me sentir fière, ni à m’en vouloir, ni à me jeter des fleurs. Mon expérience, ainsi que la vôtre, a été ce qu’elle a été et les émotions vécues ne sont pas à débattre.

Il n’y a pas de badges de « bons citoyens » et finalement, même s’il y en avait, me connaissant, ils me provoqueraient la même méfiance que les « voisins vigilants ». Surveillance, délation, pointer du doigt, et une petite tape dans le dos pour le bon petit soldat. Est-ce vraiment ce que je veux ?

Sur une notre à part, je me demande si le taux de suicide parmi les personnes isolées a augmenté.

L’immobilité qui mène au mouvement

Comme j’en parlais avec une amie, j’avais régulièrement émis l’envie de faire une retraite silencieuse dans un temple bouddiste (un jour). Finalement, mon confinement m’a mis face à ce genre d’expérience sans que je le prévois.

Pour résumer le contexte:

  • Une ville, qui même si j’avais pu l’arpenter avant le confinement, m’était étrangère d’un point de vue émotionnel (0 repère)
  • Loin de ma famille ainsi que mes proches
  • Internet limité. Que je devais garder pour pouvoir travailler sereinement.
  • Un appartement qui malgré tout le confort qu’il représentait n’était tout simplement pas le mien
  • Quelques affaires dans une valise cabine
  • Un appartement quasiment vidé en vue d’un déménagement

Ces éléments me font penser à une sorte de retraite puisque je me retrouvais en dehors de mes repères. Je pensais découvrir un extérieur, une ville mais j’ai dû explorer mon intérieur contre toute attente.

On choisit de faire une retraite, la retraite est venue à moi.

Les distractions étant limitées, j’étais bien obligée plusieurs heures par jour à juste me regarder le nombril et me demander « Comment tu vas TOI ? ».

Cette impossibilité de bouger m’a forcé à regarder où je souhaitais aller.

Que faut-il changer ? Que faut-il garder ?

De quoi ai-je peur ? Est-ce justifié ? Suis-je en train de me trouver des excuses ?

Est-ce que j’ai des possibilités d’y arriver ? Est-ce que je suis prête à m’adapter ?

En s’immobilisant, la vase se calme, tout se dépose. Et là je pouvais observer ce qui trainait au fond de mes pensées. C’est le même processus qui se passe aussi pendant la méditation. Vous avez même peut être déjà lu cette analogie de la vase qui se dépose au fond. Les quelques séances de méditation que j’ai réussi à faire pendant le confinement étaient incroyablement mouvementées. Il se passait beaucoup de choses dans ma tête !

J’ai continué les séances avec ma psychologue qui m’ont aidé à faire un peu le tri dans tout ça. Certaines choses étaient logiquement liées à la peur de la mort, la peur de perdre mes proches, la peur de la contamination… Et d’autres étaient des signaux de problématiques plus générales qui méritaient d’être enfin confrontées.

Pour ceux qui ne le savent pas, cela fait des années que je me demande où Diantre ai-je envie d’habiter ?

Pendant cet isolement, je me suis posée la question « Sibylle, où souhaiterais-tu être pour vivre un confinement comme celui là ? » et naturellement la réponse fut : « un appartement à nantes où je serais seule et j’aurai un chien ». Alors je n’ai pas questionné cette réponse. J’ai (enfin !!!) accepté que je devais juste bouger. Faire un pas vers autre chose et voir où ça me porte. Et j’ai dans le même temps accepté le deal suivant : je peux déménager maintenant et re-déménager dans les années à venir si j’en ressens le besoin. Finalement, c’est le même deal que celui que j’avais formulé lorsque je me suis coupé les cheveux courts : je veux découvrir ce que cela fait, par curiosité, et si cela ne me plait pas, ça prendra du temps mais ils repousseront.

Alors, je ne sais pas si cela prendra du temps. Je ne m’inquiète pas trop pour ça. Je suis patiente. Et même si cela arrive rapidement, je sais aussi me montrer réactive. En gros : je m’ouvre à la possibilité. Les dés sont jetés, et on verra bien ce qu’il se passe.

Faux sens de normalité

Je marche dans la rue, et mes pas se font légers.

Je retrouve les rues que je connais, je retrouve mes repères.

Je vois les gens qui parlent, les gens qui rient.

Je sens qu’une part de mon anxiété se calme lorsque je retrouve mes longues balades pédestres.

Et puis soudain, ça me revient.

Je porte un masque. Ca fait probablement 4 fois que j’ai mis du gel hydroalcoolique sur les mains depuis que j’ai mis les pieds dehors. Les magasins sont fermés. Les dizaines de milliers de morts me reviennent en tête. La peur. Les 100 kms. L’anxiété est de retour. Les larmes montent parfois.

Dérèglement des saisons & perte de repère

Avant le confinement, j’avais froid avec mon manteau moumoute d’hiver.
Pendant le confinement, je voyais la beauté du ciel de Rouen qui me faisait craindre une période de sécheresse.
Les températures actuelles me rappellent celles de juillet, pendant que celles de mars me rappelaient celles de mai.
Les orages colossaux qui se sont abattus m’ont beaucoup trop rappelé certains livres post-apocalyptiques que j’ai lu ces dernières années.

Des périodes extrêmes.

Et nous, est-ce que nous saurons adapter nos cultures ? Est-ce qu’on continuera à avoir assez de denrées alimentaires ? (une crainte de plus à rajouter dans la longue liste déjà présente)

Matérialisme & sécurité

Je vous en ai, je crois, déjà parlé mais pendant cette période, je me suis rendue compte de l’importance d’avoir des objets avec une forte symbolique. Ces objets que j’ai récupéré ou mis du temps à trouver : ils sont un véritable pivot de mon confort physique & mental. Comme une chape de soutien en cas de secousse de l’échelle d’une pandémie.

Comme j’étais heureuse de retrouver le fauteuil que j’ai récupéré de ma grand mère, ma table de chevet récupéré de mes grands parents, mes vêtements trouvés en seconde main ou offerts par ma famille…

Même si j’ai clairement eu un élan de consommation effrénée pendant le confinement (je n’avais pas commandé de colis sur amazon ou autres en 2 ans… j’ai foutu en l’air mon score), j’ai aussi vu l’importance de choisir avec soin ce qui nous entoure. Des choses qui nous plaisent réellement. Des plantes qui continuent à vivre malgré tout. Qui nous rappellent que l’on peut continuer à grandir, qu’importe la situation.

L’importance d’avoir un chez soi où on se sente bien, en sécurité.

L’importance de se sentir en sécurité avec un toit sur la tête.


Pour conclure cet article déjà beaucoup trop long et beaucoup trop teinté de tristesse à mon goût, j’espère que vous retrouvez comme moi le goût des choses avec ce déconfinement. Quelle joie et quel soulagement j’ai de retrouver mes balades pédestres. Revoir les gens avec leurs chiens … Ne pas regarder l’heure… Ne pas écrire d’attestation…

La joie de jouir de ma liberté de circulation… à 100 kms.

Promis, je reviendrais bientôt avec du contenu plus joyeux mais chaque chose en son temps 🙂