Bonjour tout le monde !
Le temps des fêtes n’est-t-il pas le moment parfait pour remettre en question notre consommation ? Bien sûr, le sujet est souvent axé sur les décorations de Noël, les cadeaux, les repas de fêtes… mais ces derniers temps, mon cerveau glisse régulièrement vers la problématique de notre consommation de biens culturels en général.
N’ayant pas posté sur ce blog depuis belle lurette alors que c’est contre tous les principes de blogging (pour avoir de la confiance, il faut de la régularité, grosso m*rdo), il me semble qu’il serait intéressant de vous livrer une partie de ma réflexion en cours.
La fréquence de la nouveauté
Initialement, ma première réflexion a été déclenchée récemment car je me suis (enfin ?) abonnée à des chaînes Youtube pour pouvoir facilement voir lorsqu’une nouvelle vidéo était postée. En regardant dans l’onglet dédié aux chaînes auxquelles je suis abonnée, les vidéos sont rangées chronologiquement. C’est-à-dire que je peux voir « nouvelles vidéos de cette semaine » par exemple. En observant cette page, alors que je ne suis pas beaucoup de chaînes, je me suis rendue compte à quel point on me donnait toujours de la nouveauté à me mettre sous la dent. Il m’est donc arrivée d’être estomaquée en voyant que je pouvais voir 10 nouvelles vidéos postées pendant une semaine et pourtant ne pas avoir eu la sensation que j’avais, finalement, été bien gâtée. Il y avait une différence énorme entre mon ressenti au quotidien (« boarf, rien de nouveau sous le soleil ») et la quantité visible dans cet onglet. Pourquoi donc ? J’avais le sentiment que je n’avais jusqu’ici pas apprécié à sa juste valeur la quantité astronomique de travail fourni par ces différentes personnes pour me tenir divertie. On voit la nouvelle vidéo, on clique, on cherche autre chose et la sensation de nouveauté s’affadit aussitôt.
Bien sûr, TOUT est forcément nouveau à un moment donné, donc ma réflexion ne porte pas sur le concept de nouveauté en tant que tel, la nouveauté est nécessaire et à l’image de l’évolution de l’humain, mais plutôt sur la fréquence à laquelle nous le consommons. Que ce soit par des vidéos, des podcasts, des articles, des photos sur instagram… Nous consommons pratiquement quotidiennement des choses qui nous sont nouvelles (même si le contenu n’est pas nouveau lui). Nous partons à la recherche de nouvelles sensations, ce qui est un comportement tout à fait compréhensible pour un être humain (?), mais qui pose question malgré tout.
Slow life : ralentir pour soi, mais laisser les autres ralentir aussi
Comme vous le savez sûrement déjà si vous êtes un lecteur de ce blog, j’affectionne le principe de « slow life » que je traduis personnellement par : une priorisation constante des tâches pour me permettre d’avoir du temps pour moi et me reposer. Pour simplifier, disons que tout ce qui n’est pas fondamental passe à la trappe, et tant pis pour le reste. Ce n’était probablement pas très important s’il n’a jamais été priorisé anyway (ou il arrive aussi qu’une tâche ne soit priorisée qu’au bout de plusieurs mois d’attente).
Or, si je souhaite m’accorder ce rythme de vie, je ne peux que comprendre que les autres fassent de même et cela signifie : être patiente. Rien ne m’est dû, et sûrement pas la création des autres.
J’entends de plus en plus parler de la pression que ressentent les créateurs de contenu professionnels. Ils savent qu’ils ont besoin de produire plus, régulièrement, de se renouveler mais pas trop pour ne pas perdre l’audience initiale, d’être présents sur les réseaux sociaux… A priori, ce n’est pas ce qu’on a envie de faire ressentir à son créateur préféré.
Je suis néanmoins rassurée en voyant certaines personnes dont j’apprécie le travail, qui ne postent pas leur contenu aussi régulièrement qu’auparavant mais dont la communauté reste présente. Les messages pour tenir au courant par ci par là suffisent pour l’entretenir. « Prends ton temps, nous t’attendons » c’est le genre de message que j’ai pu constater en commentaires des comptes instagram auxquels je pense.
Je me souviens dans mon enfance d’avoir patienté parfois plusieurs années pour avoir des nouveaux tomes de certains de mes livres préférés. L’attente ne m’a pas fait oublier que le livre existait, pas du tout. J’attendais (im)patiemment la sortie. Alors pourquoi ne le ferais-je plus maintenant ? Pourquoi est-ce que j’attendrais que quelqu’un poste toutes les semaines ? Tous les mois ?
Créer du contenu : on parle bien de création
D’un point de vue des mots, il est intéressant de voir qu’on les appelle des créateurs, alors que le système semble encourager la production à la chaîne (?). Bien sûr, en tant que designer je vois forcément l’aspect positif issu de la contrainte: en s’efforçant à produire différemment, on en vient à avoir des idées que nous n’aurions pas eues initialement mais en même temps, je vois bien que la création nécessite aussi du lâcher prise. Il faut laisser son cerveau relier des éléments ensemble, se laisser la possibilité de peaufiner un aspect qui nous parle particulièrement même si cela provoque un délai…
Créer, mettre au monde un projet, est un subtil équilibre entre deux polarités. Nous avons besoin d’un cadre pour nous assurer que nous ne retarderons pas à l’infini la fin d’un projet en dans le même temps nous devons nous octroyer la possibilité de relâcher la pression pour permettre à de nouvelles idées de faire leurs chemins dans le cerveau.
Chacun a sa propre sensibilité à ce sujet, donc certains pourront livrer rapidement du nouveau contenu pendant que d’autres mettront des mois à travailler le leur. Il n’y a pas une manière meilleure que l’autre, ce sont simplement deux systèmes que l’ont peut difficilement interchanger.
Re-découvrir ce que l’on connait déjà
Je vous en avais déjà parlé plusieurs fois, cette année j’ai lu beaucoup de livres mais je dirais qu’une bonne moitié d’entre eux s’avèrent être des livres que j’avais déjà lus. Cela m’arrive parfois en général, mais pas dans de si grandes proportions. Je ne relis généralement que des livres qui m’ont époustouflée et laissé une marque sur plusieurs années. Là, rien à voir, j’ai relu des livres que je n’avais lus qu’il y a un an ou deux. L’expérience fut concluante, me procurant exactement les mêmes sensations de joie qu’à la première lecture. Je ne m’étais pas ennuyée une seule fois. Je voyais des phrases que je n’avais pas prises en compte, tout en ayant la sensation d’un pull tout doux sur les épaules.
Réfléchissant à la notion de consommation et de valeurs à travers le minimalisme, il fallait bien à un moment se poser la question plus large que ce qui compose ma penderie : je consomme quoi ? Et du divertissement, j’en consomme beaucoup (à mon avis).
Pourtant, je me rends compte que j’aime revoir des vidéos que je connais déjà, j’aime relire des articles de blog qui datent de quelques années et que je connais déjà. Le contenu n’a pas comme but d’être publié puis périmé quelques semaines plus tard. Je ne peux pas m’empêcher de me dire que j’ai envie « d’honorer » ce que la personne a créé. Elle a mis du temps, de l’énergie (peut être même du désespoir) dans l’espoir que nous prenions le temps de voir/entendre/profiter du résultat.
Alors, loin de moi l’idée de dire qu’il ne faut pas créer de la nouveauté (ce serait absolument stupide, pour toutes les raisons que vous pouvez imaginer), mais plutôt l’envie de prendre le recul de me demander : puis-je arrêter de me gaver de contenu ? Puis-je prendre mon temps ? Puis-je arrêter de me donner parfois la nausée quand je regarde trop longtemps Netflix ?
Donner de la valeur à la nouveauté
Voici donc mon intention posée. J’aimerais prendre plus de recul pour apprécier le contenu à ma disposition, et celui qui viendra sur mon chemin pendant les mois à venir. Ce serait bien que je freine sur ma tendance à mettre du bruit de fond pendant que je travaille, ma tendance à mettre des lives pendant que je fais la cuisine… Bref, que j’essaye de ne plus essayer vainement de me distraire à chaque « creux » de ma journée.
Pour conclure, je dirais simplement que dans les moments où je me surprends à consommer sans conscience, la phrase qui me vient en tête est que je suis en train de me « numb », d’éviter quelque chose, un sentiment qui me met dans l’inconfort. Ah, parce que l’ennui, ne rien faire, on n’est plus très habitué finalement. Numb c’est se désensibiliser, s’anesthésier en quelque sorte. Je le vois comme une technique d’évitement. Nous pourrions nous demander: qu’essayons-nous d’éviter ? Pourquoi ne rien faire nous met si mal à l’aise ? Pourquoi est-ce qu’on binge-watch (ou autres) ?
C’étaient mes 2 cents.
Je rends l’antenne.
A très bientôt !