C’est rigolo de voir comment les choses se connectent ensemble. J’ai pensé à ce titre d’article il y a peut-être une semaine. J’avais hésité à mettre une expression plus neutre telle que « énergie créative » et en plus je le trouvais un peu racoleur. Qui suis-je pour dire comment on retrouve son feu créateur ? Soudain, dans une de mes lectures, je tombe sur un chapitre portant exactement ce nom. J’en ai déduis que je devais le garder comme tel.
Pour répondre à ma propre question, je ne peux pas dire comment on le retrouve, je peux simplement témoigner de ma propre expérience.
Sa disparition
Le feu créateur. J’en avais presque oublié l’existence tellement je m’étais éloignée de mes envies. Sachant que j’exerce un métier créatif, c’est assez terrifiant de me dire que je l’avais autant égaré. J’ai énormément appris depuis le début de mes études, que ce soit apprendre à générer des idées, à trouver de l’inspiration ailleurs et à avoir une méthodologie de travail mais j’ai aussi appris en parallèle à limiter l’importance du feu créateur, la passion. C’est un travail, il ne faut donc pas qu’un salarié ne puisse pas produire car il ne le sent plus.
Ce qui est étonnant, c’est que j’étais inspirée parfois, oui, mais rien à voir avec l’énergie monstrueuse que nous provoque le feu créateur. On a la sensation de pouvoir déplacer des montagnes à la force de nos bras, on a des problèmes pour dormir car on a des idées qui jaillissent non-stop dans la tête. L’énergie se propage dans notre corps, ce sont des moments très intenses. Tout cela avait disparu.
L’image qui me vient en tête est celui d’un champ, qui aurait été cultivé de manière intensive et qui m’aurait laissé à sec, appauvrie, et épuisée.
Il y bien eu des petits soubresauts d’énergie par ci, par là. Se réveiller le samedi matin et avoir une idée de projet en tête à mettre dans mon portfolio puis bosser dessus pendant tout le weekend, mais cela restait anecdotique comparé à avant. J’ai toujours eu des projets, des envies, des fantasmes alors je voyais bien que quelque chose clochait.
À l’heure où j’écris, cela fait 3 mois que j’ai quitté mon dernier travail [ndlr. article écrit début juillet]. Tout ce temps a été nécessaire pour retrouver ce feu. Je pensais pourtant à ce moment là qu’il ne faudrait que quelques semaines pour voir revenir forces et inspiration. C’était complètement naïf et issu d’une pensée productiviste de la création: « d’accord pour quelques semaines de repos mais il faudra repartir sur les chapeaux de roue ! » sauf que mon corps et mon esprit n’en avaient que faire.
J’étais en jachère, j’ai attendu.*
Je ne me suis pas forcée à dessiner alors que je n’en avais pas envie, ou à faire des projets en plus pour mon portfolio. J’ai lu des livres, des articles sur des sujets qui m’intéressent et non pas dans le but de faire de la veille. Je me suis nourrie.
Sa réapparition
J’imagine que j’étais entrain de finir un cycle dans ma vie. Ces cycles nous les connaissons tous et même si nous n’arrivons pas à les nommer, nous les ressentons très forts. La nature suit inexorablement son cours. Les choses commencent, évoluent, finissent.
Finalement, quelques mois après, je ressens soudain ce feu. Il est là, il m’empêche de dormir, c’est comme une envie de pisser. Je noircis des pages entières d’envies, de discussions intérieures, d’idées de choses à créer.
Je ne sais pas s’il y a un seul élément déclencheur. Ce serait plutôt le résultat de plusieurs énergies qui se rencontrent.
- Je suis sortie plusieurs fois de ma zone de confort pendant mes mois de « jachère ». Étant de nature anxieuse et timide, les événements sortant de mon quotidien bien balisé peuvent facilement m’effrayer malgré l’attrait que j’ai pour eux. À plusieurs reprises j’ai dit « oui » avec mon coeur à des choses où mon cerveau me disait « non ». Cela aurait été plus simple de dire non, mais je l’ai fait et je suis heureuse de ne pas avoir écouté mon angoisse. Dans ce territoire, il n’y a pas de petite victoire.
- Il m’arrive d’avoir des moments de descente où mon moral est très très bas. Récemment, quand j’en ai eu, j’ai été très épaulée par mes amis. Sentir ce soutien met beaucoup de baume au coeur. Leur présence, leurs mots doux, me permettent de remonter plus vite à la surface. Pendant que j’échangeais sur mes doutes avec eux, j’ai pu me rendre compte de la confiance qu’ils avaient en moi et lorsque nous sommes dans une période où la confiance en soi manque, ça change tout.
Ce feu que je pensais perdu, que j’imaginais comme une peau de serpent dont j’aurai mué, était en fait toujours là. Il y a toujours des petits crépitements de vie qui attendent qu’on les nourrisse pour devenir une flamme qui ne demande qu’à grandir. Depuis, dès que je le sens revenir, je m’y adonne. J’écris des articles, je prends des photos, je fais des dessins. Il faut le prioriser, le favoriser.
*Tout en continuant mes recherches d’emploi. Cela aussi est une longue histoire.
Hello,
C’est super quand on a plein d’idées poureçues créer. Moi aussi je connais les deux états. 🙂
Célia
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