Changer son rapport aux angoisses

J’ai toujours été angoissée. D’aussi que mes souvenirs me portent, j’ai toujours eu conscience que les choses pouvaient mal tourner, que sous une apparence de calme la violence pouvait surgir à n’importe quel moment de la vie. Quand les choses se passaient biens, voire trop bien, j’attendais le coup de bâton qui me semblait inévitable. Je n’ai jamais eu « confiance dans la vie » jusqu’à très récemment. De cette méfiance constante sont nées des angoisses.

Ces angoisses aident mais elles emprisonnent tout autant. Depuis que j’ai entamé un travail avec une psychologue, mon rapport avec celles-ci a changé. En parallèle de ce travail, j’ai fait beaucoup d’introspection et j’ai accepté de tenter des situations qui m’auraient fait trop peur normalement. Je me suis entièrement remise en question concernant mon approche de la vie. 9 mois plus tard, je suis encore très loin d’avoir fait le tour de l’histoire. Néanmoins, il y a un changement dont je souhaiterais parler et qui rend mon quotidien beaucoup plus doux.

Mes angoisses sont toujours là, vivaces, piquantes et déchirantes parfois. Elles n’ont pas disparues et je ne suis pas sûre qu’elles aient vocation à le devenir. Le changement dans cette histoire est qu’au lieu d’en avoir peur, je me pose la question de ce qu’elles souhaitent me communiquer. Je continue de me réveiller avec le ventre serré certains jours sauf qu’avant j’en aurai eu peur. Je me serais dit « tous aux abris, la tempête approche » et je me serais préparée à passer ma journée dans l’inconfort et la tristesse.

Je les considérais comme des entités à part entières et immuables. Elles étaient là et ma seule option était de les subir puis espérer qu’elles soient parties le lendemain. Maintenant, j’essaye de simplement voir cela comme un mécanisme qu’a mon esprit pour m’envoyer le signal que quelque chose me tracasse. En me demandant quel message il essaye de me faire passer, j’enlève le pouvoir que je lui accordais. Ce n’est plus une chose avec un contrôle sans limite sur ma vie. Mon angoisse devient mon lanceur d’alerte, celui qui me prévient quand il y a un endroit où je ne souhaite pas regarder.

Mon angoisse devient mon lanceur d’alerte, celui qui me prévient quand il y a un endroit où je ne souhaite pas regarder.

Le plus étonnant c’est que j’ai découvert que la cause de cet état était souvent dû à des choses relativement simples à résoudre mais qui avaient trouvé un écho dans mes peurs plus profondes. Il suffisait seulement de faire quelque chose et je pouvais sentir la boule se dégonfler. Pour vous donner un exemple, pendant une semaine je ressens l’angoisse me prendre les tripes, je n’arrive pas à mettre le doigt sur ce qui me perturbe car j’avance à bonne vitesse sur mes projets. Je ne vois pas ce qui peut provoquer un tel stress. Le vendredi, après avoir repoussé le traitement de ma bannette dédiée aux papiers administratifs, je décide de m’y atteler. Je m’en débarrasse en une heure et soudain, miracle ! Je suis légère, je recommence à respirer à plein poumon ! Ce n’était finalement rien. Tout ce qui est administratif me provoque de fortes angoisses de base (et je sais que je ne suis pas la seule dans ce cas d’ailleurs) alors quand en plus mon cerveau a vu que je repoussais l’échéance, j’essayais de faire comme si cela n’existait pas, une nouvelle panique est venue se rajouter. Mon lanceur d’alerte était là pour me dire « Fais quelque chose ! Tu ne peux pas l’ignorer plus longtemps ! ». Je m’en étais fait une montagne sans même m’en rendre compte.

Maintenant, je me rends compte que ma boule au ventre, ma fatigue, mon manque d’énergie est souvent lié à quelque chose que je pousse inutilement, ou quelque chose que je n’ai pas osé dire à quelqu’un, une conversation qui me pèse ou justement l’absence de conversation, un choix que je dois faire mais que je ne fais pas (un grand classique) ou encore un coup de fil que je n’arrive pas à passer… Je découvre que mes angoisses sont finalement la partie visible de mes unfinished businesses que je préfère mettre sous le tapis.

Je découvre que mes angoisses sont finalement la partie visible de mes unfinished businesses que je préfère mettre sous le tapis.

Il y a d’autres angoisses que je n’arrive pas à contrôler bien entendu mais réussir à faire la paix avec une partie de celles-ci me fait sortir du cercle vicieux. J’avais peur d’avoir peur. Au quotidien je me sens plus légère car vivre avec ces angoisses c’est comme porter un fardeau, c’est lourd et épuisant.

J’espère que vous trouverez chacun votre propre manière d’appréhender vos angoisses, que vous réussirez à vous tendre la main.

Much love,

Sibylle

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